Bull: De la mécanographie à l'électronique (1931-1964) - Définition

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Vive la crise !

Au milieu des années 30, Bull, ayant conquis le droit d'exister, est solidement établi. La Compagnie a effectué une percée, sur le marché, non seulement en France mais aussi en Belgique, en Suisse, en Italie, en Argentine et dans les pays scandinaves. Elle dispose d'un potentiel industriel, emploie plusieurs centaines de personnes travaillant dans 2 500 m2. Elle construit environ trois équipements par mois et augmente régulièrement sa capacité de production.

De nouveaux produits porteurs de croissance

Sa tabulatrice, sortie des maladies d'enfance, est la plus rapide du marché. Une poinçonneuse connectée, qui poinçonne en bloc toute la carte et tous les résultats, en accroît encore les performances. La carte à 80 colonnes et à perforations rectangulaires est adoptée. L'imprimante est perfectionnée par l'adjonction d'un saut de papier permettant de passer rapidement d'un feuillet à un autre et par l'adoption d'un ruban à la place du rouleau encreur. Parallèlement, est mise au point la tabulatrice à soustraction (1936) qui ouvre à Bull le marché de la comptabilité, y compris celui de la comptabilité bancaire lorsqu'une tabulatrice spéciale est conçue, permettant le calcul direct des intérêts. Les banques représenteront bientôt le tiers de la clientèle de Bull en France. Roger Clouet conçoit, à partir de 1939, la tabulatrice BS 120 à cycles indépendants, qui sera l'un des facteurs principaux de l'expansion de Bull pendant vingt ans.

Ces progrès techniques inspirent deux remarques. L'expérience commerciale acquise montre à la Compagnie qu'il ne suffit pas de vendre les quelques types de machines inventées par Fr. R Bull et K.A. Knutsen : il faut pouvoir présenter un catalogue complet d'équipements, incluant les machines auxiliaires, perforatrice, calculatrice, etc. qui préparent ou accélèrent le travail de la tabulatrice. La Compagnie est donc poussée à diversifier sa production. D'autre part, l'apparition des machines Bull sur le marché a intensifié la compétition et obligé les concurrents à accroître leur effort d'innovation, et Bull à son tour doit suivre le rythme de la course. Résultat : les clients bénéficient de machines meilleures, et aussi moins chères - le prix du matériel a baissé de 30 à 40 %, celui des cartes de 25 %.

La guerre et ses conséquences

La guerre, malgré la dispersion qu'elle provoque, n'anéantit pas les efforts passés. Réquisitionnée en 1939, l'usine de l'avenue Gambetta se replie à Lyon le 11 juin 1940 sur ordre du ministère de l'Armement. Le travail reprend le 8 août. Trente-sept membres du personnel sont prisonniers (plus de 10 % de l'effectif). L'occupation impose ses contraintes : difficultés d'approvisionnement en matières premières et produits finis, coupures de courant, alertes, limitation des déplacements, soumission à des procédures nouvelles résultant de la pénurie et des exigences des autorités d'occupation, ruses avec ces dernières pour éviter les départs au STO et pour tirer parti des demandes d'études et des commandes allemandes, tout en retardant les réponses. Le chiffre d'affaire de la Compagnie continue à croître malgré tout. La nouvelle tabulatrice BS 120 contribue à soutenir cette expansion. À la Libération, plusieurs dirigeants de Bull, connus pour être pétainistes par convictions politiques conservatrices et fidélité d'anciens combattants de 1914-1918, sont soumis aux procédures d'épuration et en sortent blanchis : si la Compagnie a dû livrer des machines aux Allemands, elle a aussi protégé des Juifs et des réfractaires au STO.

De Jacques Callies à Georges Vieillard

Après la mort en 1948 de Jacques Callies, la Compagnie voit s'affirmer l'autorité du directeur général Georges Vieillard (1894-1974). Reçu en 1914 à l'École Polytechnique, G. Vieillard fit une guerre brillante dans l'artillerie et ne commença ses études qu'après l'armistice. Après 1920, il occupe des postes dans plusieurs sociétés, notamment à la compagnie Réal, concessionnaire pour la France de diverses firmes américaines. G. Vieillard y devient chef du département des machines à calculer et des machines comptables. Il développe un atelier de réparation qui devient le plus important de Paris dans ce domaine (80 ouvriers) et conçoit diverses machines à calculer (l'une d'elles est décrite dans un article de La Science et la Vie de 1922), tout en se spécialisant dans l'organisation scientifique du travail. G. Vieillard est bien représentatif d'une génération de polytechniciens qui, refusant de plus en plus la carrière militaire et les emplois publics pour se diriger vers les affaires (près de 1 400 polytechniciens choisissent, de 1919 à 1924, le secteur privé), ont renouvelé les états-majors des grandes entreprises. Sa contribution à l'expansion de la Compagnie est prépondérante, à la fois par ses compétences financières et par ses qualités de leader. Il a veillé, à partir de son voyage aux États-Unis en 1948, à ce que Bull ait en permanence des alliés américains face à IBM : Remington Rand de 1950 à 1960, puis RCA et enfin General Electric.

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