Un cabanon pointu est une cabane en pierre sèche à base circulaire ou carrée surmontée et à toit conique que l'on rencontre dans une zone allant de Forcalquier et Mane dans les Alpes-de-Haute-Provence à Apt dans le Vaucluse. Le nom a été popularisé par des cartes postales du début du XXe siècle. Un « cabanon pointu » servait, selon le cas, d'abri champêtre, de remise à outils, de rangette, d'écurie, de bergerie au petit peuple des campagnes et des bourgs dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle et au XIXe siècle.
L’appellation « cabanon pointu » est une désignation pittoresque popularisée par des cartes postales du début du XXe siècle représentant un groupe de cinq cabanes en pierre sèche situé au nord-ouest de la ville de Forcalquier (Alpes-de-Haute-Provence) : les « cinq cabanons pointus de Forcalquier ». Cet ensemble devait continuer à attirer les photographes jusque dans les années 1950 malgré la ruine qui, d’année en année, gagnait les édifices laissés à l’abandon au milieu de la friche.
En provençal, la désignation est cabanoun pountchou, cabanoun parce que c’est bien ce dont il s’agit : un abri saisonnier ou temporaire en plein champ, pountchou à cause de la toiture en forme de cône, morphologie habituelle de ces édifices. Toutefois, il ne faut pas prendre l’expression au pied de la lettre : le cône est généralement arrondi ou tronqué à son sommet.
Le matériau de construction des cabanons pointus est celui issu du dérochement, du défonçage et de l’épierrement des parcelles anciennement agricoles ou horticoles où ils se trouvent.
C’est un matériau calcaire, gélif, de piètre qualité, qui donne des bâtiments d’une solidité et d’une longévité réduites.
Ce matériau est employé à sec, c’est-à-dire sans mortier. Le seul liant est le liaisonnement des pierres entre elles obtenu, avec plus ou moins d’habileté, par le constructeur, qu’il soit maçon professionnel ou paysan ou ouvrier auto-constructeur.
L’aire dans laquelle les cabanes en pierre sèche sont appelées cabanons pointus va de Forcalquier et Mane dans les Alpes-de-Haute-Provence à Apt dans le Vaucluse.
Cependant, rien n’empêche d’appliquer cette appellation imagée à des cabanes de même morphologie dans le reste de la Provence, le terme cabanon y étant d’un emploi courant pour désigner des abris destinés à un séjour temporaire. Ainsi, les d'édifices en pierre sèche du groupe dit « Les trois soldats » à Gordes, sont des cabanons pointus. En revanche, les cabanes gordoises en forme de nef renversée ne le sont pas.
Les cabanons datés ou datables sont tous du XVIIIe ou du XIXe siècle.
Leur construction est liée à la mise en valeur de nouvelles terres survenue à partir du milieu du XVIIIe siècle à la suite des édits royaux encourageant les défrichements en Provence.
Leur abandon, ainsi que celui des parcelles où ils se trouvaient, a commencé au milieu du XIXe siècle.
Certains étaient cependant encore utilisés au milieu du XXe siècle puisqu’un maçon de Forcalquier, Jean Laugier, en restaura jusqu’à cette date.
Les propriétaires d’un cabanon pointu – le petit peuple des campagnes et des bourgs – s’en servaient, selon le cas, comme abri où se reposer pendant les travaux dans les champs ou les jardins, voire pour y dormir s'ils habitaient loin, comme remise où entreposer des outils, comme grangette où serrer provisoirement les récoltes, comme écurie pour un âne ou un mulet, comme bergerie pour un quelques moutons.
Certains cabanons desservaient une parcelle où le propriétaire avait installé des ruches.
D’autres servaient d’abris et de resserres-à-outils à des carriers, ainsi autour des anciennes carrières de Mane, abandonnées au milieu du XIXe siècle. Ils sont alors reconnaissables à l’emploi de pierre taillées dans certains détails architecturaux (en particulier l'encadrement de l'entrée).
Les cabanons étaient généralement fermés par une porte en bois. Certains disposaient d’éléments de confort intérieurs : cheminée, niches, étagères, fenestron, citerne, etc.