Chartreuse de Champmol - Définition

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Dans la littérature

Dans L'Oblat (chapitre V), Joris-Karl Huysmans met en scène une visite au musée de Dijon qui sert de prétexte à une description des monuments de Philippe le Hardi et Jean sans Peur. Il admire particulièrement le réalisme naïf des plorants qu'il attribue aux ouvriers de l'atelier de sculpture.

« Ils avaient voulu beaucoup moins, en somme, décrire l'effet produit sur des religieux par l'annonce de la mort de l'un ou de l'autre de leurs bienfaiteurs, que donner comme un instantané de la vie courante des cénobites et ils les avaient effigiés, l'Abbé en tête, mitré et crossé, tenant le livre ouvert de la règle, regardant d'un air impérieux et méfiant des moines qui pleurent ou lisent, méditent ou chantent, égrènent leur rosaire ou, désœuvrés, s'ennuient ; un tel se mouche, tandis qu'un autre se cure tranquillement l'oreille. »

Les restes de la Chartreuse

Portail de la chapelle

Les deux grands ensembles conservés à la Chartreuse sont le « Puits de Moïse » et le portail de la chapelle qui contenait autrefois les tombeaux monumentaux des ducs Philippe le Hardi et Jean sans Peur, reconstitués aujourd'hui au musée des Beaux-Arts de Dijon

Le portail

La Vierge du trumeau regardant le Christ

Iconographie

Le portail de la chapelle développe une iconographie que l'on retrouve fréquemment, notamment dans les retables et les portails parisiens sous le règne de Charles V : les donateurs agenouillés sont présentés à la Vierge par un saint intercesseur ; à gauche le duc Philippe le Hardi agenouillé devant Jean-Baptiste, à droite la duchesse Marguerite, devant Catherine d'Alexandrie, au centre la Vierge représentée au trumeau tenant l'enfant Jésus. Les statues sont toutes en ronde bosse, et la Vierge surtout retient l'attention par son mouvement et par les plis complexes du drapé de son vêtement. Les consoles des piédroits sur lesquels se trouvent les figures latérales sont ornées de figures de docteurs. La façon dont les volumes se détachent de la façade, la convergence des regards vers le Christ dans les bras de sa mère, le mouvement des mains et du pli des drapés créent une tension et une unité qui donne au portail un caractère dramatique prononcé.

Histoire

Les historiens attribuent la conception du portail à l'architecte Drouet de Dammartin et au sculpteur Jean de Marville. L'attribution de la Vierge à l'enfant se fait tantôt à Jean de Marville, tantôt à Claus Sluter. Cependant le portail a été élargi par rapport au plan initial, peut-être lorsque Claus Sluter en a changé la conception afin d'ajouter les figures des ducs et des saints intercesseurs qui sont de sa main.

Le Puits de Moïse de Claus Sluter

Le Puits de Moïse, sculpture de Claus Sluter.
La copie du Puits de Moïse visible en centre-ville de Dijon.

Le Puits de Moïse, classé monument historique en 1840, constitue la base d'un calvaire polychrome qui se dressait au centre d'un puits situé au milieu du cloître de la chartreuse, cloître aujourd'hui disparu et dont le tracé est évoqué par des pelouses autour de l'édicule qui protège le monument depuis le XVIIe siècle. Sur la base du calvaire était placé un christ en croix, dont le buste est conservé au musée archéologique (une copie en est également visible rue Condorcet, dans une niche). Il était flanqué de statues de saint Jean et de la Vierge Marie qui ont également disparu. En l'état, le monument reste remarquable, car il conserve les portraits en pied et en ronde-bosse de six prophètes de l'Ancien Testament, surmontés d'anges représentés dans une attitude de tristesse ou de lamentation. Chaque prophète est fortement individualisé, et tient un phylactère comprenant un texte tiré des écritures. Les visages sont réalistes, vraisemblablement inspirés de vieillards d'une communauté juive contemporaine. La noblesse est marquée dans les traits de ces hommes, que des attributs permettent de reconnaître (cornes pour Moïse, lyre pour David, etc.). Certaines parties de l'ensemble portent encore quelques traces de leurs couleurs d'origine, fortement estompées.

Après la restauration dont a fait l'objet le puits de Moïse, un accès plus facile a été dégagé afin de permettre au public de découvrir plus facilement ce site majeur de l'histoire de l'art médiéval en occident.

Il existe une copie presque parfaite du puits, peu connue, située depuis 1968 à l'angle sud-est du parc de l'hôpital général de Dijon, en centre-ville. Elle a été érigée en 1508 par Guillaume Sacquenier, alors commandeur de l’hôpital. La pierre de cette copie anonyme n'a pour sa part jamais été peinte.

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