Christopher Polhammar (né le 18 décembre 1661 à Visby dans le Gotland - mort le 30 août 1751 à Stockholm), plus connu sous le nom de Christopher Polhem, qu'il adopta après son anoblissement, était un savant, inventeur et industriel suédois qui contribua de façon très importante au développement économique et industriel de la Suède, en particulier dans le domaine de l'exploitation minière.
Polhem est né sur l'île de Gotland. Il ne subsiste aucun acte écrit sur sa naissance, de sorte que l'on suppose qu'il est né à Visby.
La famille Polhem avait émigré d'Autriche en Poméranie. De là, Wolf Christoph Polhammer, père de Christopher, commerça avec des marchands de Visby, où il finit par s'établir comme capitaine au long cours. Ce père mourut lorsque Polhem eut 8 ans, et sa mère, Christina Eriksdotter Schening, originaire de Vadstena dans l'Östergötland, se remaria. Le beau-père de Polhem, par suite de querelles, interrompit le paiement des études du jeune garçon, qui partit vivre chez son oncle à Stockholm. Là, Christopher Polhem suivit les cours d'une école allemande jusqu'à l'âge de 12 ans, à la mort de son oncle ; une fois de plus, Polhem était privé d'éducation.
Il travailla comme manouvrier à Vansta, une exploitation de Södertörn, dans les environs de Stockholm. Il s'éleva rapidement au rang de régisseur, chargé du contrôle de la production et de la comptabilité, à laquelle son attirance pour les mathématiques le prédestinait. Il travailla ainsi à Vansta pendant dix ans, période au cours de laquelle il mit sur pied un atelier où il fabriquait des outils, réparait et construisait des machines simples qu'il vendait.
Avide d'accroître ses connaissances en mathématiques et en mécanique, il prit conscience qu'il ne pourrait progresser sans apprendre le latin ; après avoir tenté sans succès d'étudier cette langue en autodidacte, il prit des leçons auprès du vicaire du bourg en lui offrant en échange de lui construire une horloge.
La réputation de Polhem en tant qu'horloger se répandit et un prêtre écrivit au professeur de mathématiques de l'université d'Uppsala, Anders Spole, pour lui recommander Polhem. Spole montra deux horloges en panne à Polhem, et lui proposa de lui donner des cours de mathématiques s'il parvenait à les réparer. Polhem y parvint sans problème et à partir de 1687, il commença à rattraper les années perdues : il avait alors 26 ans.
Il épousa Maria Hoffman en 1691, et ils eurent deux enfants, Gabriel et Emerentia.
En 1716 il fut anobli par le roi en remerciement des services rendus au pays ; il changea alors son nom, de Polhammar en Polheim, puis, plus tard, en Polhem.
Il mourut de mort naturelle à Stockholm en 1751.
Selon l'autobiographie de Polhem, les réparations réussies de l'horloge astronomique inachevée de Petrus Astronomus (1500), abandonnées en l'état pendant plus d'un siècle, à la Cathédrale d'Uppsala, furent le moment décisif de ses débuts de mécanicien.
En 1690 Polhem fut chargé d'améliorer les techniques extractives ayant cours en Suède. Il construisit pour cela un monte-charge destiné à remonter et à transporter le minerai dans les galeries, tâche dangereuse et lente à l'époque. Cette machine consistait en un chariot sur crémaillère, remplaçant une traction à câbles ; elle était mue entièrement par l'énergie d'une roue à aubes. Le travail des mineurs se limitait à charger les wagons. La surprenante invention de Polhem fut rapportée au roi Charles XI qui en fut tellement impressionné qu'il demanda à Polhem de se charger de la principale mine du pays, la mine de cuivre de Falun.
Titulaire d'une bourse de l'institution minière suédoise, Polhem voyagea à travers l'Europe, étudiant les machines des pays visités. Il rentra en Suède en 1697 pour fonder son laboratorium mechanicum à Stockholm, une institution destinée à former de jeunes artisans, et en même temps à tester et montrer ses inventions. On la considère souvent comme l'ancêtre du Royal Institute of Technology de Suède. Par la suite, ce laboratoire fut déplacé de Stockholm à Falun, puis à Stjärnsund. En 1748, la collection de maquettes du laboratoire fut rapatriée à Stockholm.
Son chef d'œuvre fut une fabrique entièrement mue par une roue à aubes. Les automates, à l'époque, étaient encore rares. Construite en 1699 à Stjärnsund, cette fabrique produisait un grand nombre d'objets, ce qui répondait à la politique selon laquelle le royaume de Suède devait moins exporter ses matières premiers, et davantage de produits finis. Au plan économique et social, cette invention fut un échec, peu rentable et déchaînant l'hostilité des artisans qui craignaient de voir leur travail capté par une machine. Pour finir, cette machine géante disparut en grande partie dans un incendie en 1734, seule la partie fabriquant des horloges ayant pu être sauvée. Polhem continua donc à l'utiliser pour produire des pendules, qui s'étaient fait connaître pour leur qualité et leur prix modique. Malgré une perte d'engouement pour les horloges au début du XIXe siècle, la production à Stjärnsund s'en est maintenue jusqu'à nos jours, avec 20 unités construites chaque année d'après le modèle conçu par Polhem.
Une autre production de cette fabrique était le « verrou scandinave », une version primitive de nos verrous modernes.
Malgré la mévente de ses produits, cet atelier automatisé reçut le soutien du nouveau souverain, Charles XII , qui exonéra Polhem de l'impôt. Carl von Linné eut l'occasion de visiter cette fabrique et écrivit à son propos dans son journal : « Rien n'est plus stimulant que Stjärnsund » (« Intet är spekulativare än Stjärnsund »).
Polhem contribua aussi au creusement du canal Göta qui relie les rivages est et ouest de la Suède, en concevant les écluses. Ce n'est que bien après sa mort, en 1832, que le canal, terminé sous la direction de son fils Gabriel Polhem, put être inauguré. Polhem participa également à la construction de formes de radoub, de barrages et d'écluses, en collaboration avec son ami et assistant, Emanuel Swedenborg.
Polhem s'occupa non seulement de mécanique, mais il écrivit également des traités de médecine, d'astronomie, de géologie et d'économie. Il s'essaya en outre à la critique sociale.