Alors que la signature du contrat était escomptée pour septembre 2004, ce n'est qu'entre mi-2005 et février 2006 que cinq autres industriels européens rejoignent le programme. Le 8 février 2006, la DGA notifie la maîtrise d'œuvre à Dassault Aviation pour un montant d'environ 405 millions d'euros hors taxes (507 millions de dollars), soit 100 millions de plus que prévu, avec une clause ferme de 30 mois couvrant la conception et la définition, qui devraient être alors "gelées". Ce budget global est ventilé entre 180 millions d'euros TTC pour la France, 75 pour la Suède et l'Italie, 35 pour l'Espagne, 20 pour la Suisse et la Grèce. Il s'agit en réalité pour l'Europe de la défense d'une vitrine technologique au moment où les développements du Dassault Rafale et du Saab JAS 39 Gripen prennent fin, les deux avionneurs travaillant désormais sur l'amélioration des systèmes d'arme intégrés à des cellules déjà existantes (Rafale F3+ et Gripen C/D). Selon son maître d'œuvre Dassault, le programme permet aux bureaux d'études « de garder des compétences en technologies stratégiques dans un secteur que les États-Unis possèdent et qui ne seront jamais transférées à l’Europe. » Par ailleurs, nEUROn permettrait « le maintien de ses pôles d'excellence. L'industrie européenne a en effet développé des niches technologiques dans plusieurs domaines et, par faute de plan de charge, ce savoir-faire risque de disparaître. »
A contrario, l'Assemblée de l'Union de l'Europe occidentale (UEO) estimait à la même époque et avec retard que, si « le programme nEUROn représente une étape importante pour le développement des capacités européennes dans ce domaine, l’effort n’est pas suffisant pour recentrer les démarches européennes, tant la capacité d’attrait des États-Unis reste grande pour les forces armées européennes », sous-entendu, en matière de renouvellement de flotte d'aéronefs par des appareils de 5e génération. Selon le même texte, le programme européen d’acquisition de technologie (ETAP), lancé à l'initiative de la France en 1999, « aurait pu permettre la coordination efficace de la R&T aéronautique de défense. » (1,1% de l'effort de défense de l'UE, soit 2,3 milliards d'euros annuels contre 3,3% pour les États-Unis, soit 10,65 milliards d'euros annuels). Et l'UEO d'évoquer « éventuellement une ouverture graduelle (de nEUROn) vers d’autres pays tels que les Pays-Bas, la Turquie, la Norvège, la République tchèque et la Pologne, qui ont aussi des compétences et des niches technologiques en matière aéronautique et spatiale. »
Quoi qu'il en soit, en 2005, 4 de ces nations faisaient partie des 75% des membres de l'Union européenne (alors au nombre de 25) qui ne contribuaient qu'à seulement 15% de la R&T européenne militaire. Un autre problème était la suggestion que l’ETAP « pourrait le moment venu être confié en tout ou partie à l'Organisation conjointe de coopération en matière d'armement (OCCAR). » Or la Belgique et les Pays-Bas ne font pas partie d'ETAP, pas plus que la Suède de l’OCCAR. Surtout, la DGA, passant outre ces éventuels blocages administratifs, avait demandé aux partenaires industriels potentiels de faire bénéficier le programme de compétences qu'ils possédaient déjà et non de chercher à en acquérir de nouvelles, une voie dont 3 d'entre-eux s'étaient déjà affranchis en s'engageant financièrement de 1995 à 2012 dans le programme américain Joint Strike Fighter (JSF) avec, à la clé, « participation à une équipe industrielle de premier plan, accès au marché américain et aux technologies les plus avancées. » Ces investissements avaient déjà commencé à entamer depuis 10 ans et pour encore plusieurs années encore leurs budgets de R&T en tant que partenaires de niveau 2 ("informed partner"), comme les Pays-Bas (810 millions de dollars) et même partenaires de niveau 3 ("associate partner"), tels la Norvège (132 millions de dollars) et la Turquie qui, après avoir annoncé son intention d'achat de 100 JSF pour 10 milliards de dollars le 13 décembre 2006, renonçait de facto à prendre part à la charge industrielle de l'Eurofighter Typhoon.
De même, le Royaume-Uni qui, avec 654 millions d'euros annuels, est le principal contributeur à la R&T au sein de l'UE (mais pas toujours à destination de l'Europe), "après s’être orienté vers une coopération avec les États-Unis et l’Allemagne affiche des projets mais n’a pas de programme", déclarait Charles Edelstenne, PDG de Dassault Aviation, lors de la conférence de presse pré-salon du Bourget 2005. Il était de notoriété publique depuis août 2000, selon des sources "proches des gouvernements français, allemands, suédois et anglais", que la Couronne « refusait à son industrie de coopérer sur le sujet de la furtivité avec des compagnies autres qu'américaines. » Il faut préciser que BAE Systems avait bien développé plusieurs projets aussi furtifs que secrets, tout d'abord le Replica, une maquette statique d'avion de combat furtif à l'échelle 1/1 lancée dès 1993 (ou 1994), terminée en 1999 et dont une photo en souflerie de ce programme d'un budget restreint de 30 millions d'euros (20 millions de livres) ne paraissait qu'en 2003. Selon les observateurs autorisés, Replica trahissait un air de famille avec l'avant-projet Joint Air Strike Technology (JAST) de McDonnell Douglas et a, d'évidence, permis à BAE Systems de décrocher un "ticket d'entrée" pour accéder aux transferts de technologie de son successeur Joint Strike Fighter (JSF) (depuis Lockheed F-35 Lightning II) américain en tant que partenaire de niveau 1. Dès lors, ce "black project" tuait dans l'œuf le programme ETAP dès 1999-2000. Après les démonstrateurs d'UAV Raven (vol d'essai en 2003) puis Corax, dont le vol d'essai en 2004 n'a été révélé qu'en janvier 2006, le Royaume-Uni, qui n'a pas souhaité rejoindre le projet nEUROn, lançait en mars 2005 son propre programme national, le Strategic Unmanned Air Vehicle-Experiment (SUAV-E). Le démonstrateur, le BAE Systems Taranis (une cellule très proche de celle du Raven), a reçu un financement très inférieur à celui du nEUROn de 184,50 millions d'euros (124 millions de livres) en décembre 2006. Les partenaires incluent Rolls-Royce (qui fournira le moteur Adour Mk. 951 identique à celui du nEUROn), QinetiQ et Smiths Aerospace, une filiale de l'américain General Electric. D'une longueur de 11,35 mètres, d'une envergure de 9,94 mètres et d'une masse de 8 tonnes, le démonstrateur Taranis serait donc l'un des plus lourds UCAV au monde. Ses essais au sol sont prévus pour 2009, le premier vol étant annoncé au centre d'essais de Woomera (Australie) pour 2010. Vraisemblablement pour des raisons budgétaires aucun lancement d'armement n'est prévu.
Toujours selon Edelstenne, « la Russie s’est intéressée au programme UCAV mais n’a pas donné suite », en dépit d'un « accord de principe » de 2004 à Saint-Pétersbourg entre le ministre russe de la Défense Sergueï Ivanov et son homologue français Michèle Alliot-Marie, en prélude à la 4e session du Conseil de coopération franco-russe sur les questions de sécurité (CCQS). À ce que l'on en sait, la Russie n'a pas de projet d'UCAV en cours.
Quant au démonstrateur EADS Barracuda, il s'agit essentiellement d'un UAV visant à valider une mission primaire de reconnaissance maritime et secondaire de combat. Ce prototype germano-espagnol s'est d'ailleurs abimé en mer en septembre 2006.
La Belgique n'a pas participé au montage industriel du nEUROn en raison de l’impossibilité pour l’État fédéral et les régions de parvenir à un accord de financement globalement satisfaisant, pourtant modeste (entre 15 et 30 millions d'euros) et malgré l'activisme de l'avionneur SABCA, filiale de Dassault, auquel aurait dû s'ajouter BARCO. Une porte reste ouverte pour l'intégration future d'une liaison satellite.