Neuron est lancé par le ministre de la Défense français Michèle Alliot-Marie au cours du Salon international de l'aéronautique et de l'espace de Paris-Le Bourget 2003. Sa maquette à l'échelle réduite est présentée au salon international de la défense terrestre, aéroterrestre et de sécurité Eurosatory 2004 où il prend le nom de nEUROn pour signifier, selon le ministre, qu'il est « d’emblée très ouvert à la coopération d’autres pays européens. La Suède et la Grèce se sont déjà engagés à y participer, et pourraient prochainement être rejoints par d’autres partenaires ayant manifesté un grand intérêt pour ce projet. »
Pour Dassault Aviation, le programme est « un moyen de mettre en œuvre un processus innovateur en termes de gestion et d'organisation de programme de coopération européenne », visant à éviter les dilutions de responsabilités (absence de maître d'œuvre) qu'ont connus depuis 30 ans les projets d'avions de combat européens MRCA (Panavia Tornado) puis ACA (Eurofighter Typhoon) dont il n'était pas acteur. Selon l'avionneur, « pour être efficace, la gestion d'un programme de coopération doit se faire à travers un point unique de décision et un point unique d'exécution. »
Pour arriver à cet objectif, la DGA a mené des négociations avec les représentants des différents gouvernements européens et ses industriels de la défense afin de finaliser les termes et conditions de leur participation à ce projet. Cette organisation devrait permettre de se conformer de manière stricte aux besoins du projet, en termes de performances, de budget et de planning.
A ces fins, ce démonstrateur est le seul aéronef militaire à être entièrement conçu et développé sur un plateau virtuel de 300-350 personnes (500 selon certaines sources et 1 000 à terme), dans un environnement Product Lifecycle Management (PLM) permettant aux six équipes partenaires de travailler simultanément en temps réel sur la même base de données informatique, quel que soit le lieu d’exécution des travaux, sur les bases de logiciels éprouvés, dont CATIA, développés par Dassault Systèmes.
Le 8 février 2006, après réception de la définition technique préliminaire du projet, qui constitue son tout premier rapport d’étape après six mois d’études, la DGA notifie à Dassault Aviation le contrat principal du projet nEUROn. Les contrats de partenariats industriels sont signés quelque temps après. Le 12 juin 2007, les services d'acquisition italien, suédois, espagnol, grec, suisse et français sont informés par la DGA du lancement d'une phase de définition du programme de 19 mois, jusqu'alors connue sous le code AP781-20, ayant pour objet de « geler » les formes du démonstrateur et de détailler les systèmes. Une somme de 130 millions d'euros est affectée à cette phase. Deux tranches conditionnelles au contrat du 8 février 2006 (développement puis assemblage) peuvent s'exercer par les industriels à l'issue de cette phase.
La maquette à l'échelle 1 de l'UCAV européen nEUROn est dévoilée le 13 juin 2005 au cours du salon du Bourget.
Son apparence est la suivante: un profil en bec d'aigle et une ligne des apex (la pointe) qui file sans aucune courbure jusqu'aux ailes, une entrée d'air dorsale en W et à l'aplomb de cette dernière, un fuselage bombé destiné à masquer les aubes du compresseur à la vue des radars. D'une longueur de 10 mètres (ou selon d'autres sources de 9,3 mètres, conditionnée par la taille des armements), d'une envergure de 12 à 12,5 mètres, d'une masse à vide de 4,9 tonnes et de 6,5 tonnes à pleine charge, nEUROn est un monomoteur propulsé par un M88 de 75 kN de poussée produit par l'entreprise Snecma (groupe Safran) et Rolls Royce plc et qui a accumulé 7 millions d'heures de vol, "le principe (étant) d'utiliser dans le programme nEUROn du matériel existant et ayant fait ses preuves.www.turbomeca.com Doté d'une furtivité radar et infrarouge, la vitesse (Mach 0,3 à 0,8) de nEUROn est subsonique. Il serait télépiloté par une station au sol (et peut-être, à terme, aéroportée) de seulement 2 personnes, ordonnant à un nombre inconnu d'UCAV des modifications de trajectoire que le(s) nEUROn exécuterai(en)t automatiquement.
Dassault Aviation assure l'architecture et la conception du démonstrateur, du système de vol, de l'assemblage et des essais statiques comme en vol. Thales procure la liaison de données conforme au STANAG 7085 de l’OTAN et l'interface avec le commandement. Alenia, grâce à l'expérience acquise par son démonstrateur Sky-X, en plus des systèmes anémométriques et électriques, est essentiellement responsable du système de tir (un capteur IR fourni par sa filiale Galileo Avionica) à partir d'une soute à armements biplace, pour laquelle deux options sont étudiées: un système classique où un compas extrait l'engin pour le placer dans le lit du vent relatif avant de l'éjecter; l'autre, proposé par Alenia, où la bombe est directement suspendue à la trappe de soute et sort de la cellule quand celle-ci s'ouvre. Quoi qu'il en soit, selon Benoit Dussaugey, de Dassault, « les vibrations et le bruit de l'ouverture de la soute, qui ont causé des ennuis dans le passé, feront l'objet d'une attention particulière. » Saab, forte de ses démonstrateurs d'UAV furtifs SHARC puis FILUR, lequel a volé pour la première fois en 2005, contribue à la conception générale de la cellule, est en charge du fuselage, de l'avionique et du système carburant. EADS-CASA construit la voilure et la station de contrôle au sol et réalise l'intégration de la liaison de données de Thales. HAI réalise le fuselage arrière, les tuyères furtives et le banc d'essai. RUAG fournit la soufflerie et le dispositif d'emport d'armements.