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Vue de l'avion | ||||
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Constructeur | Dassault Aviation | |||
Rôle | Avion omnirôle | |||
Premier vol | 4 juillet 1986 | |||
Mise en service | 18 mai 2001 | |||
Date de retrait | Toujours en service | |||
Investissement | 39,6 milliards d'euros | |||
Coût unitaire | de 70 à 90 millions € (selon les versions) | |||
Nombre construit | 75/286 | |||
Équipage | ||||
1 pilote (monoplace) + 1 pilote navigateur (biplace) | ||||
Motorisation | ||||
Moteur | Snecma M88-2 | |||
Nombre | 2 | |||
Type | Turboréacteurs avec postcombustion | |||
Poussée unitaire | 48,7 kN (72,9 kN avec postcombustion) | |||
Dimensions | ||||
Envergure | 10,8 m | |||
Longueur | 15,3 m | |||
Hauteur | 5,34 m | |||
Surface alaire | 45,7 m² | |||
Masses | ||||
À vide | Rafale C : 9 060 kg Rafale M : 9 670 kg Rafale B : 9 800 kg | |||
Carburant | Interne : 4 800 kg Externe : 4800 kg | |||
Avec armement | 23 700 kg | |||
Maximale | 24 500 kg | |||
Performances | ||||
Vitesse maximale | 2 203 km/h (Mach 1,8) | |||
Plafond | 16 800 m | |||
Vitesse ascensionnelle | 18 000 m/min | |||
Rayon d'action | Haute altitude : 1 850 km Basse altitude : 1 090 km | |||
Armement | ||||
Interne | 1 canon Nexter DEFA 30M 791B (30 mm) | |||
Externe | 9 500 kg de | |||
Avionique | ||||
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Le Dassault Rafale est un avion militaire français multirôle conçu par les Avions Marcel Dassault-Bréguet Aviation (AMD-BA) et produit par Dassault Aviation. Cet ambitieux programme d'uniformisation des Armées françaises vise, à l'horizon 2025-2030, à remplacer les cinq types d'aéronefs en service dans l'Armée de l'air et la Marine nationale françaises. Le Dassault Rafale est capable d'effectuer une frappe nucléaire.
L'Armée de l'air et, dans une moindre mesure, la Marine nationale françaises ont toujours rêvé d'acquérir un avion de combat lourd biréacteur. Au cours des années 1963-1979, Dassault-Bréguet (aujourd'hui Dassault Aviation), le seul constructeur aéronautique français dans le domaine des avions de combat, réalise plusieurs prototypes répondant aux souhaits versatiles de l'État-major. « Contrairement à une opinion répandue », estime l'historien Claude Carlier, universitaire à la Sorbonne et président d'un think tank, l'Institut d'histoire des conflits contemporains (IHCC), « il n'apparaît pas que l'État-major ait commandé des prototypes pour faire seulement tourner les bureaux d'études. Il a, au contraire, systématiquement envisagé une fabrication en série d'appareils dont il comptait bien s'équiper. Toutefois, il faut remarquer que tous les appareils commandés sur son initiative ont été abandonnés […], généralement pour des motifs financiers, alors que certains étaient réussis technologiquement. »
Les dirigeants français ne sont pas exempts de reproches lorsqu'ils reportent les commandes à cause du contexte électoral, économique ou social, comme on le verra plus bas. « D'un autre côté, les hommes politiques ne savent plus qui croire lors des changements à la tête des armées quand des demandes contradictoires leur sont présentées. En effet, aux divers changements de chefs d'État-major correspond souvent une nouvelle conception des missions. Une nouvelle fois, les programmes à l'étude ou en expérimentation sont soit modifiés, soit purement et simplement annulés ».
D'autres experts, comme Pierre Marion, ancien directeur du service de renseignements extérieur français, pointent du doigt « les connivences qui se créent entre firmes d'une part, ingénieurs d'État et officiers d'autre part [et qui] constituent un réseau occulte détournant les processus de décision ».
Ainsi, en 1963, pour l'Armée de l'air française, il s'agit de posséder un avion d'interception monoplace biréacteur de pénétration à basse altitude tous temps, capable d'interceptions à vitesse supersonique et apte à s'affranchir des longues pistes bétonnées vulnérables aux attaques des avions du Pacte de Varsovie. Avec une vitesse d'approche inférieure à 140 nœuds (260 km/h), le prototype Mirage F2 à aile fixe en flèche, lancé au cas où les prototypes Mirage Balzac V et Mirage IIIV à décollage et atterrissage verticaux (ADAV) développés en 1960 ne donneraient pas satisfaction, répond à ces spécifications. Ce chasseur de moyen tonnage (9,5 t à vide, 18 t à pleine charge) effectue son premier vol le 12 juin 1966 avant d'être abandonné en 1973 au profit du plus léger Mirage F1 développé sur fonds propres par Dassault-Bréguet et qui devait être équipé du nouveau réacteur Snecma M53.
Les demandes changent à nouveau en 1964. Pour l'Armée de l'air, la Marine nationale françaises, voire la Royal Air Force, il s'agit d'acquérir un appareil à géométrie variable, technologie alors à la mode (voir par exemple le F-111 américain). Dérivé du Mirage F2, le Mirage G4 biréacteur (SNECMA Atar 9 K 50 ou Pratt & Whitney/Snecma TF-306) est multirôle puisqu'il est destiné à des missions de reconnaissance, d'attaque et de guerre électronique lointaine (RAGEL) soit, sous-entendu, de bombardement stratégique nucléaire ou d'escorte des Mirage IV. Il effectue son premier vol le 18 mars 1967 avant d'être abandonné l'année suivante.
En 1970, l'État-major modifie une nouvelle fois ses demandes au profit d'un avion d'interception biréacteur moins performant, le Mirage G8, qui effectue son 1er vol le 8 mai 1971 (biplace) puis le 13 juillet 1972 (monoplace). En mai 1972, s'apercevant que la flèche variable n'est intéressante que pour les missions de pénétration à basse altitude, il abandonne le programme et rédige la fiche programme de l'Avion de Combat du Futur (ACF).
En 1970, la Cour des comptes estime à 2,3 milliards de francs sur dix ans le coût de l'annulation successive des différents programmes.
L'ACF de supériorité aérienne multirôle est destiné à assurer à l'horizon 1990 la succession du Mirage III, du Mirage F1, du Mirage IV et du Jaguar, dont la version navalisée n'a pas convaincu pour remplacer les F-8(FN)Crusader.
L'ACF offre le choix entre deux projets à aile delta, entrées d'air semi-circulaire, commandes de vol électriques et utilisation de matériaux composites (carbone) : le monoréacteur Mirage 2000 et le biréacteur lourd Super Mirage 4000, équivalent au F-15 Eagle et qui possède des plans canard et a cette fois-ci clairement la préférence de l'État-major.
En juin 1975, la construction des prototypes, pourtant quasiment achevée, est stoppée devant l'ampleur financière du programme ACF. En juillet, l'État-major demande le retour à la supériorité aérienne, donc à un avion d'interception doté d'un radar simplifié. En décembre, le président de la République française Valéry Giscard d'Estaing décide de financer le Mirage 2000 et laisse à l'avionneur le soin de développer sur fonds propres en vue d'exportations le Super Mirage 4000 avec l'aide des équipementiers, l'État « prêtant » parcimonieusement les réacteurs. Le premier effectue son vol d'essai le 10 mars 1978, le second le 9 mars 1979, tous deux motorisés par le Snecma M53.
En décembre 1977, l'Armée de l'air demande à la Direction des constructions aéronautiques du ministère de la Défense français de conduire une réflexion sur un Avion de Combat Tactique (ACT) éventuellement construit en coopération. Huit années (1977-1985) sont nécessaires à la France, à la RFA et au Royaume-Uni pour s'entendre sur des besoins communs, sur un calendrier et sur la configuration technique de l'avion de combat européen.
Dès 1977, les industriels AMD-BA et Dornier, qui avaient collaboré sur l'avion de patrouille maritime Bréguet Atlantic comme sur l'avion d'entraînement Alpha Jet, s'entendent sur une future coopération, toutefois sans appui de leurs gouvernements respectifs. Finalement, des discussions tripartites à plus haut niveau s'engagent sur les besoins : un chasseur-bombardier pour la France, un intercepteur destiné à succéder aux F-4 pour la RFA et le Royaume-Uni. Rapidement, ce dernier, qui a décidé le développement d'une version d'interception à long rayon d'action (Air Defense Version) du Tornado pour remplacer ses Jaguar, semble se rapprocher des vues françaises.
AMD-BA obtient un premier marché d'étude le 30 octobre 1978 pour l'étude d'un appareil de défense aérienne et d'attaque destiné à l'Armée de l'air puis un second pour un appareil destiné à la Marine nationale française, l'Avion de Combat Marine (ACM) le 22 décembre 1978. À partir de cette date, l'ONERA étudie en soufflerie la manœuvrabilité et l'aérodynamique du « projet Rapace ».
Les études françaises comme bipartites (European Combat Fighter) se poursuivent pour aboutir à la suite d'un colloque d'octobre 1979 à Bruxelles, au choix par les aviations militaires d'Europe de l'Ouest et les industriels (AMD-BA, MBB, British Aerospace) d'un biréacteur multirôle à aile delta, équipé de plans canard et de commandes électriques, d'une vitesse de Mach 2, d'un plafond de 15 000 mètres et devant être disponible en 1992.
Cependant, des divergences se font déjà jour sur la masse de l'appareil, sa motorisation et, dans une moindre mesure, son avionique :
Ainsi, trois maquettes 1/1 statiques sont présentées aux salons aéronautiques :
En septembre 1982, lors du salon de Farnborough, le ministère de la Défense britannique annonce qu'il « aiderait » à financer le programme ACA et invite les autres partenaires européens à se joindre à lui en vue de la construction d'un démonstrateur Experimental Aircraft Program (EAP). Le 12 décembre 1982, le ministre de la défense français Charles Hernu annonce à l'Assemblée nationale française que « la France construira seule si nécessaire l'ACX [ex-ACT-92, ndlr] », dont les études sont lancées, et fait la même proposition aux industriels européens. En fait, chacun cherche à rallier la RFA à son propre programme à la faveur des liens tissés avec MBB.
1983 voit les lancements officiels de l'Avion de Combat eXpérimental (ACX) français (le 13 avril) et de l'EAP britannique (en mai), qui intègre les études du TFK-90 allemand. Le cahier des charges des deux prototypes répond aux spécifications de 1979 avec une utilisation intensive de matériaux composites tels les fibres de carbone (Carbon Fibre Composite), le titane (Super Plastic Forming-Diffusion Bonded), plus, pour l'ACX, de fibres d'aramide (Kevlar) et l'alliage aluminium-lithium. L'ACX possède, en outre, l'expérience de AMD-BA en matière de commandes de vol électriques « pleine autorité » qu'il est le premier à développer en Europe de 1975 (Mirage 2000) à 1986, date du vol d'essai de l'ACX.
Néanmoins, la coopération — « de façade », pronostiquent certains — est toujours de mise avec la signature de deux protocoles d'accord, le 1er en décembre 1983, le 2e en octobre 1984 où l'on discerne que l'unanimité est battue en brèche par les exigences inconciliables de ce « club des cinq » (France, RFA, Royaume-Uni, Italie et Espagne), qui reconstitue le groupement Panavia. Pour surmonter les dissensions, et alors que AMD-BA plaide pour un maître d'œuvre unique [lui en l'occurrence, ndlr], la partie britannique veut bien, à ce que l'on en sait, lui abandonner la conception de la cellule à condition que Turbo-Union obtienne celle du moteur, le RB-199 du Tornado ou, éventuellement, d'un dérivé. Hélas, dès septembre 1983, Snecma a développé un nouveau réacteur, le M88 et il est exclu pour la France, à la fois de confiner la société aux moteurs civils (tels le CFM56) ou d'envisager deux motorisations pour l'EFA. En août 1985, le ministre de la Défense français Charles Hernu annonce au sommet de Turin le retrait de la France du programme EFA, aidé en cela par les déclarations d'un énième chef d'État-major de l'Armée de l'air française en faveur d'un avion de moins de 9 tonnes et celles de AMD-BA, qui n'en finit pas d'égréner le « leitmotiv » voulant que la coopération sans maître d'œuvre unique, signifie l'étouffement de l'industrie aéronautique française.