Démocrite - Définition

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Introduction

Démocrite méditant sur le siège de l'âme par Léon-Alexandre Delhomme dans le jardin du musée des Beaux-Arts de Lyon. Inscription sur la plaque : « Hippocrate arriva dans le temps que celui qu'on disait n'avoir ni raison ni sens cherchait dans l'homme et dans la bête quel siège a la raison, soit le cœur, soit la tête. La Fontaine »

Démocrite d’Abdère (en grec Δημόκριτος / Dêmókritos), né en 460 av. J.-C. à Abdère et mort en 370 av. J.-C., était un philosophe grec souvent classé parmi les Présocratiques du point de vue philosophique, bien qu'il soit un peu plus jeune que Socrate, et qu'il soit mort quelques trente années après lui. Il est considéré comme un philosophe matérialiste en raison de sa conviction en un Univers constitué d'atomes et de vide (théorie atomiste).

Biographie

Démocrite, troisième fils d'Hégésistrate, d’Athénacrite ou de Damasippe, est né à Abdère, ou peut-être à Milet, dans la 80e olympiade (460–457) ou, selon d’autres, dans la 77e (en 470 - 469). Actif vers 433 av. J.-C., il serait mort à l’âge de 103 ans (entre 366 et 356).

Selon Diogène Laërce, il fut éduqué par des mages perses qui lui apprirent la théologie et l’astronomie, après que Xerxès Ier, roi des Perses, eut atteint Abdère en 480 av. J.-C. Démocrite devint le disciple de Leucippe, actif vers 440 av. J.-C. D’après Antisthène de Rhodes (Diogène Laërce, IX, 34), Démocrite apprit la géométrie auprès des prêtres d’Égypte, et l’astrologie en Perse. Il aurait également voyagé en Inde, où il aurait rencontré les gymnosophistes, en Éthiopie et en Babylonie. Il semble donc avoir beaucoup voyagé, peut-être après avoir hérité d’une grande somme d’argent de son père. Il serait même allé à Athènes, rencontrant Socrate sans s'en faire connaître, par indifférence pour la gloire. Selon Diogène Laërce, le personnage inconnu des Rivaux (dialogue apocryphe de Platon) qui discute de philosophie avec Socrate pouvait être Démocrite. Ce passage à Athènes était néanmoins considéré déjà comme douteux dans l’Antiquité.

D’après Démétrios (Diogène Laërce, IX, 36), Démocrite, passionné de connaissances, s’enferma dans une maison pour étudier. Il connaissait la physique, l’éthique, les mathématiques, les arts, et possédait une vaste culture générale. Il semble avoir été un partisan des pythagoriciens, et il admirait Pythagore (un des ouvrages que l’on lui attribue a pour titre Pythagore, ou de l’état de la sagesse). Peut-être même fut-il en rapport avec Philolaos de Crotone.

Le savoir de Démocrite était donc immense :

« De tous mes contemporains j’ai parcouru la plus grande partie de la terre, en étudiant les sujets les plus grands. J’ai vu le plus de climats et de pays. J’ai entendu la plupart des hommes doctes, et personne encore ne m’a surpassé dans l’art de combiner les lignes et d’en démontrer les propriétés, pas mêmes les arpenteurs d’Égypte, avec qui j’ai passé cinq ans en terre étrangère. »
(Cité par Clément d'Alexandrie, Stromates , I, 15, 69)

Cette polymathie le fit surnommer la science (sophia).

De retour de ses voyages, ayant dilapidé sa fortune, il vécut dans la pauvreté, et fut entretenu par Damaste, son frère. Mais, après une lecture publique du Grand ordre du monde (par lui ou par un de ses parents), il fut récompensé de 500 talents.

D’autre part, Pline (dans Histoire naturelle) lui prête (la même anecdote est attribuée à Thalès, en des termes légèrement différents) d’avoir prouvé à ses concitoyens qui « dénigraient les études auxquelles il se livrait » qu’il était capable de s’enrichir, bien que cela ne l’intéressât point. Il aurait procédé de la façon suivante : évaluant sur des considérations astrologiques (!) une hausse du cours de l’huile, acheter la plupart des stocks pour les revendre à la montée des cours. Les notables auraient alors constaté tant son intelligence que son indifférence pour le gain (et/ou son honnêteté), lorsqu’il rendit la marchandise sans demander le fruit de sa spéculation.

Ses dons d’observation, qui vont grossir l'image légendaire d'un Démocrite capable de déductions subtiles, fondées sur des observations qui échappent aux autres mortels et relevant plus ou moins de la magie, étonnaient ses contemporains, et plusieurs anecdotes sont rapportées à ce propos :

« On dit qu’une jeune fille accompagnait Hippocrate, et que le premier jour Démocrite lui dit « bonjour, vierge », et le lendemain « bonjour, femme ». Et en effet, la jeune fille avait perdu sa virginité pendant la nuit. » (Diogène Laërce, Vies, IX, 42)

Hendrick ter Brugghen, Démocrite riant

Son caractère rieur devint légendaire et on l’opposa au caractère irritable d’Héraclite :

« Toute rencontre avec les hommes fournissait à Démocrite matière à rire. »
(Juvénal, Satires, X, V, vers 47)

« Quant aux sages, Héraclite et Démocrite, ils combattaient la colère, l'un en pleurant, l'autre en riant. »
(Stobée, Florilège, III, XX, 53.)

Il devint aveugle, sans que l’on connaisse la cause exacte de sa cécité qui a pris, elle aussi, un tour légendaire :

« (…) Démocrite s’est volontairement privé de la lumière des yeux, parce qu’il estimait qu’en méditant sur les causes naturelles, ses pensées et ses réflexions auraient plus de vigueur et de justesse s’il les délivrait des entraves apportés par les charmes séducteurs de la vue. »
(Aulu-Gelle, Nuits attiques , X, 17)

Mais ce point est nié par Plutarque (De la curiosité, 12, 521).

Il mourut vers l’âge de 103 ans, et fut enterré aux frais de l’État. Il semble s’être laissé mourir (cf. Lucrèce, III, v. 1039), en mangeant de moins en moins, pour quitter la vieillesse qui affaiblissait sa mémoire, et mourut d’épuisement. Voici une anecdote romancée assez amusante:

« On raconte que Démocrite d'Abdère prit lui-même la décision de mettre fin à ses jours en raison de sa vieillesse, et se priva de nourriture quotidienne; c'était l'époque où avaient lieu les Thesmophories. Mais les femmes de sa maison le prièrent de ne pas mourir pendant la fête, afin de pouvoir se consacrer entièrement à sa célébration; et après s'être laissé convaincre, il leur ordonna de lui apporter un pot rempli de miel; il survécut ainsi un nombre de jours suffisant en se contentant de humer le miel; après quoi, il fit enlever le miel et mourut. Démocrite aima toujours beaucoup le miel; et à un curieux qui lui demandait comment se maintenir en bonne santé, il répondit: "Humecte de miel l'intérieur, et l'extérieur d'huile". »
(Athénée, Les Deipnosophistes, II, 46 E.)

Sa renommée était immense et suscita la jalousie. Timon de Phlionte, très critique à l’égard de presque tous les philosophes, le célèbre ainsi :

« Ô le très sage Démocrite, maître du discours,
Parleur avisé, parmi les meilleurs que j’ai lus. »

Timon dit également de lui :

«Quel sage, ce Démocrite, pasteur des paroles !
J’ai lu avant tous autres ses entretiens pleins d’esprit.»

La philosophie matérialiste de Démocrite était en totale opposition avec la philosophie idéaliste de Platon. Ce dernier ne cite Démocrite dans aucun de ses textes et Aristoxène rapporte dans ses Mémoires historiques que Platon aurait souhaité brûler tous les écrits de Démocrite.

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