Ludwig Binswanger (13 avril 1881 à Kreuzlingen - 5 février 1966 dans la même ville) est un psychiatre suisse.
Après avoir rencontré la psychanalyse à travers l'équipe du Burghölzli à Zurich dirigée par Eugen Bleuler, en 1897, par l'intermédiaire de Jung, il rencontre Sigmund Freud avec qui il gardera un lien et entretiendra une correspondance. Il se détournera cependant de plus en plus de la psychanalyse pour créer la daseinsanalyse inspirée essentiellement de la phénoménologie d'Edmund Husserl et de Martin Heidegger.
Au fur et à mesure de ses lectures phénoménologiques, Binswanger s'éloigne de la psychanalyse et inaugure dans les années 1930 une nouvelle méthode thérapeutique. C'est le 22 septembre 1950, au premier congrès international de psychiatrie réuni à Paris, qu'il la présente sous le nom de daseinsanalyse. Plus tard, ce terme sera traduit en français par l'expression analyse existentielle, avant que le terme allemand lui-même ne la supplante.
Dans la phénoménologie, Binswanger trouve le moyen de pallier les difficultés épistémologiques qu'il a cru déceler dans la psychanalyse freudienne, qui reste selon lui prisonnière de l'homo natura. Chez Heidegger, et plus particulièrement dans Sein und Zeit, Binswanger trouve avec la notion d'« être-au-monde » le moyen de rompre avec la scission sujet-objet, qu'il qualifie de « cancer de la psychiatrie » et qui selon lui traverse encore l'œuvre de Freud. La lecture de Sein und Zeit constitue dans l'œuvre de Binswanger un moment fondamental qui trouvera à s'incarner, en 1952, dans son ouvrage épistémologique majeur : Grundformen und Erkenntnis menschlischen Daseins.
Jusqu'à la fin des années 1950, Binswanger se réclame particulièrement de Heidegger, avant de revenir à son maître Husserl, et peut-être à travers lui à ses lectures kantiennes. Mélancolie et Manie en 1960 marque ce que les critiques appellent son « retour à Husserl ».