La famille israélite Deutsch de la Meurthe accompagne l'essor technologique de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle, notamment dans l'aviation. Les Deutsch de la Meurthe sont une famille célèbre pour sa fortune et son mécénat dans les domaines technique et philanthropique. Ils sont les créateurs en France de l'industrie des huiles minérales.
Si au début du XXe siècle, la famille Deutsch de la Meurthe appartient à l’élite sociale et républicaine, ses origines furent modestes. Alexandre Deutsch, fondateur d’un petit commerce d’huiles de toute sorte, naquit en 1815 dans une famille ashkénaze de Lorraine. Comme nombre de ses coreligionnaires, il choisit de migrer vers Paris afin de s’assurer un avenir économique meilleur et profiter pleinement de la citoyenneté accordée aux Juifs de France par la Révolution française. C'est en 1845 qu'il fonde une société pour le traitement et le commerce des huiles végétales, à La Villette, alors commune indépendante de Paris. En 1851, il rachète une ferme à Pantin et y fait construire une petite fabrique d’huiles végétales et de graisses industrielles. En 1859, le premier gisement souterrain de pétrole est mis au jour aux États-Unis, à Titusville (Pennsylvanie). Dès 1862 il s'intéresse de très près au pétrole et fait construire à Pantin une nouvelle usine pour en étudier les propriétés.
En 1881 il rachète une raffinerie à Rouen, la Luciline, laquelle avait été créée en 1868 par Alfred Guérard, négociant et inventeur rouennais. En 1877, il avait associé ses deux fils Henry et Émile à l'entreprise familiale. S'ajoutera en 1883 la raffinerie de pétrole de Saint-Loubès en Gironde et en 1889 l'association avec les frères Rothschild pour le raffinage du pétrole en Espagne. C'est apparemment Alexandre qui ajoute "de la Meurthe" au nom de famille.
Ses fils Émile (22 octobre 1847 - 18 mai 1924) et Henry (1846 - 1919) font prospérer l'affaire qui deviendra la société des Pétroles Jupiter (1922) puis Shell France après une fusion avec la Shell.
Avec les pionniers de l'automobile française (Peugeot, Mors) ils « inventent » Deauville. Émile est membre du comité d'honneur du syndicat d'initiative de Deauville. Après la Première Guerre mondiale, il est le trésorier du comité des orphelins de France. Henry fonde l'Automobile Club de France en 1895 avec le Comte de Dion, le baron Van Zuylen et Paul Meyan.
En 1923, Émile Deutsch de la Meurthe associe le nom de sa femme Louise (née Halphen, décédée en 1914) à son projet en faveur des étudiants. Il fait construire les premiers bâtiments de ce qui devint la Cité internationale universitaire de Paris, près du Parc Montsouris, qui comporte entre autres résidences la Fondation Émile et Louise Deutsch de la Meurthe.
Henry Deutsch de la Meurthe se passionne pour l'aviation naissante et fonde en 1898 l’Aéro-Club de France avec un autre mécène, Ernest Archdeacon, et plusieurs industriels dont Gustave Eiffel. Il en sera président de février 1913 au 24 novembre 1919.
En avril 1900, Henry Deutsch de la Meurthe offre un prix de 100 000 francs (environ 320 000 €) à la première machine volante capable de parcourir le trajet aller-retour entre Saint-Cloud et la Tour Eiffel (environ 10 km) en moins de 30 minutes, ceci avant octobre 1904. Fin septembre 1901, Santos-Dumont réussit l’exploit avec son dirigeable n°6, en 30 minutes et 42 s.
Toujours avec Ernest Archdeacon, il crée en 1904 un prix de 50 000 FRF destiné au premier vol d’un plus lourd que l’air sur un kilomètre en circuit fermé. Il sera remporté dès le 13 janvier 1908 par Henri Farman.
Il participe à la création, à l'initiative de Lazare Weiller, de la Compagnie générale de navigation aérienne (1908) qui achète les brevets des frères Wright. Elle organisera les vols de démonstration du modèle A piloté par Wilbur Wright au Mans, à partir du 8 août 1908.
Il investit également dans les constructeurs aéronautiques Astra (1909), puis Nieuport (1911).
À la fin du mois de mai 1909, Henry Deutsch de la Meurthe offre à l'université de Paris une somme de 500 000 FRF et une rente annuelle de 15 000 FRF sa vie durant pour être affectées à la création et à l'entretien d'un Institut aérotechnique où seraient poursuivies les recherches théoriques et pratiques tendant au perfectionnement des engins de la locomotion aérienne sous toutes ses formes. Il deviendra l'Institut aérotechnique de Saint-Cyr-l'École, intégré au Conservatoire national des arts et métiers.
Il sera fait commandeur de la Légion d'honneur le 20 novembre 1912.