La forteresse de Smederevo a été décrite comme l'« une des plus saisissantes et monumentales pièce d'architecture qui nous soit parvenue de la Serbie médiévale », comme étant « e témoin de la force créative serbe ». Elle est une manifestation caractéristique de l'architecture serbe médiévale défensive et demeura incroyablement bien conservée jusqu'à la Seconde Guerre mondiale. La forteresse et la zone environnante ont accumulé les vestiges des civilisations qui se sont développées au cours de l'histoire, principalement entre le XVe et le XXe siècle, fournissant un témoignage direct de l'évolution au cours des âges de l'État serbe médiéval et de l'église orthodoxe serbe.
La forteresse fut construite par Đurađ Branković en tant que nouvelle capitale de la Serbie. Durant sa construction, la femme de Branković, Jerina, fut aperçue en train de parler avec les contremaîtres étrangers ; son frère, George Kantakouzenos, fut directement associé au projet. Parmi les ouvriers, cette association, ajoutée au travail difficile et aux impôts élevés, valut à Jerina le surnom de Jerina Prokleta, c'est-à-dire « maudite Jerina ».
La somme d'efforts exigée produisit une variété d'exagérations et de légendes au sein de la population, tel le poème épique Starina Novak i knez Bogosav (« Le vieux Novak et le comte Bogosav »), qui affirmait que beaucoup d'habitants s'étaient enfui dans les bois devenant des hajduci afin de fuir les impôts et le travail harassant. Bien que des hajduci se fussent trouvés dans la région à la même période, rien n'indique que leur vocation ait été liée à la construction de la forteresse.
Une fois la première partie de la forteresse achevée, cette dernière devint rapidement un important lieu de communication entre les Balkans et l'Europe centrale. Peu après sa construction, la ville devint un centre reconnu dans les domaines religieux et commerciaux, à tel point qu'elle était peuplée principalement de Serbes et de marchands provenant majoritairement de Dubrovnik. À la même époque, les reliques de Saint Luc, qui était devenu le saint patron de Smederevo, furent ramenées dans la ville et déposées dans l'église de la forteresse.
En plus de sa structure externe, la forteresse est réputée pour sa salle de réception qui est un parfait exemple de l'architecture médiévale serbe. Adjacentes au Danube, les hautes murailles abritent quatre double fenêtres en arche taillées selon les styles gothiques et romans. C'est ici que fut signé un accord commercial entre le Despotat de Serbie et la République de Venise.
La « petite ville » abrite également une tour avec une inscription en brique nommant Đurađ Branković et indiquant la date de construction. Il y est écrit : V Hrista Boga blagoverni despot Gurg, gospodin Srblju i Pomorju zetskomu; zapovešću njegovom sazida se ovaj grad v leto 6938 (« Dans le seigneur Jésus-Christ, le fidèle despote Gurg, maître des Serbes du littoral de Zeta. Par son ordre cette ville a été édifiée en l'année 6938 [1430] »). Au-dessus figure une croix emmurée qui donna son nom à la tour : krstata kula. Ce type d'inscription est relativement rare et se rencontre seulement sur l'ancien territoire byzantin. C'est l'unique exemplaire présent en Yougoslavie.
Dans le faubourg fortifié se trouvent les vestiges de deux anciens bâtiments. L'un était l'église de l'annonciation (en serbe : Blagoveštenjska crkva), qui reçut les reliques de Saint Paul. Sa construction débuta au XVe siècle, sur les vestiges d'anciennes constructions. L'autre était un bain turc du XVIIe siècle. Certaines sources affirment que le bain fut construit au XVe, voir Image:Smederevo bath table.jpg. La forteresse ayant été sous contrôle ottoman durant ces deux périodes, les deux dates de construction sont plausibles.
Pendant des années, la forteresse de Smederevo servit de dernier rempart face aux assauts ottomans. Durant l'attaque turque de 1438, Smederevo devint la première citadelle serbe à être menacée par le feu d'artillerie. Quand elle tomba en 1459, les Turcs firent de la ville le centre administratif d'un sandjak. Plus tard, Smederevo devint une province de la monarchie habsbourgeoise et servit à nouveau, entre 1805 et 1807, de centre politique à l'État serbe renaissant.