Classement du virus
Le virus grippal Influenza est classé en fonction du type de deux de ses protéines de surfaces, en 144 combinaisons possibles (16 hémagglutinines × 9 neuraminidases). Ces 144 sous-types semblent tous pouvoir infecter toutes les espèces d'oiseaux, et actuellement six d'entre eux (H1Nx, H2Nx ou H3Nx, ou HxN1 ou HxN2) ont des caractéristiques leur permettant d'infecter plus facilement l'homme, situation qui peut évoluer si le virus mute. Chaque sous-type peut se décliner en de nombreux variants, plus ou moins pathogènes.
Conséquences de la panzootie
Avec l'industrialisation, la mondialisation des filières et le développement de la chaîne du froid, ces coûts augmentent. La majorité des cas cliniques concernent des oiseaux d'élevage et surtout la dinde, puis la poule et moindrement d'autres espèces (caille/perdreau, canards, oies, autruche). Ce sont donc ces filières qui subissent le contrecoup économique, mais également les filières d’abattage, de transports ou de production et fourniture d’aliments des volailles.
Quelques dates et chiffres indicatifs
- Une épizootie très meurtrière a sévi de 1983-1984 aux États-Unis (Pennsylvanie) avec le H5N2 à l'origine de l'abattage de 17 millions de volailles pour un coût de 60 millions de dollars et les pertes indirectes de plus de 100 millions de dollars.
- Dix ans plus tard, en 1994, la maladie fut constatée au Pakistan (H7N3, 2 millions de volailles mortes), et au Mexique (H5N2) avec 26 millions de volailles mortes.
- En 1997, la Pennsylvanie à nouveau avec une autre type (H7N2) et 1 million de volailles mortes.
- Puis Hong Kong (H5N1, 1,4 millions de volailles mortes, coût 94 millions de dollars HK).
- Une épizootie a sévi entre 1999 et 2001 en Italie (H7N1, plus de 12 millions de volailles mortes, pour un coût de 200 M€ au moins).
- En 2002, le Chili (H7N3) et Hong-Kong (H5N1) ont été contaminés.
- En 2003, une épizootie particulièrement grave a touché les Pays-Bas (H7N7, plus de 13 millions de volailles mortes) puis la Belgique et l'Allemagne.
- Enfin, c'est l'Asie du sud est qui est touchée par H5N1 qui semble devenu endémique et s'étend vers la Chine et la Russie, puis la Turquie, Crimée, Chypre et l'Europe de l'Ouest, l'Afrique, l'Inde et le Moyen-Orient… en 2005 et début 2006.
Scénario possibles
Trois principaux scénarios sont évoqués pour une mutation permettant une pandémie :
- Passage et adaptation par les suidés sauvages (sanglier en Europe) ou d'élevage : l'organisme du porc (mais d'autres espèces pourraient aussi être concernées) possède des récepteurs cibles à la fois des virus aviaires et des virus humains. Il peut donc contracter les deux virus simultanément et ainsi constituer un creuset dans lequel les deux virus peuvent mélanger leurs gènes et donner naissance à un nouveau virus pouvant infecter l'homme et contre lequel personne n'aurait de défense immunitaire. Les deux épidémies de grippe de 1957 et de 1968 découlaient probablement de ce processus. Elles ont causé plus de 1,5 million de morts. En août 2004, des scientifiques chinois avaient annoncé lors de la Conférence internationale sur la prévention de la grippe aviaire et du SRAS que la souche virale H5N1 avait été déjà détectée chez des porcs chinois, mais ceux-ci n'étaient pas infectés par la grippe « humaine ».
- Passage et adaptation chez l'homme par contact prolongé : après un contact prolongé et récurrent avec l'homme, le virus pourrait muter peu à peu (glissement génétique) en une autre souche transmissible d'homme à homme. Des mesures rigoureuses de protection sanitaire devraient limiter ce dernier risque en supprimant ce contact récurrent. C'est pourquoi certains préfèrent désigner la grippe aviaire sous le terme « peste aviaire » ou « influenza aviaire », le terme « grippe » restant réservé aux variantes adaptées à l'homme (bien qu'elles puissent aussi parfois toucher le porc, le chat ou d'autres espèces)
- Passage et adaptation à l'homme du virus en région arctique où la consommation de viande crue d'animaux est une tradition vivante : dans ces régions dépourvues de bois, de fruits et de légumes la consommation de viande crue (plus riche en vitamines) est une tradition. Les êtres vivants en haut de la pyramide que sont les humains, les phoques et certains cétacés consomment des oiseaux susceptibles ou que l'on sait porteurs de H5N1 (exemple oie des moissons). On sait que ces mammifères sont potentiellement sensibles au H5N1. On a de plus, noté lors des pandémies précédentes que les populations esquimaudes et Inuits ont été particulièrement affectées, notamment en pourcentage de la population tuée par le virus.[1][2]
À ce jour, aucun de ces scénarios n'a eu lieu. Ni pandémie ni épidémie comparable à la grippe de 1957 ou celle de 1968 n'ont existé.