Le comte Guglielmo Brutus Icilius Timeleone Libri-Carucci dalla Sommaja, dit en français Guillaume Libri ou le comte Libri, né à Florence le 1er janvier 1803 et mort à Fiesole le 28 septembre 1869, est un mathématicien et bibliophile italien ayant principalement vécu en France. Il s'est rendu célèbre pour ses nombreux vols de livres rares.
Aristocrate florentin, Libri fréquente la faculté de droit de Pise à partir de 1816, mais se tourne rapidement vers les mathématiques. Il se fait remarquer dès ce moment par Charles Babbage, Augustin-Louis Cauchy et Carl Friedrich Gauss.
Professeur de physique mathématique dans son université dès 1823, il délaisse l'enseignement et part l'année suivante en année sabbatique pour Paris, où il fréquente quelques-unes des sommités mathématiques du moment. De retour en Italie, il est compromis avec les Carbonari de Toscane, et doit s'enfuir en France, où il est naturalisé français en 1833.
Libri fit publier à ses frais six mémoires de mathématiques en 1829 à Florence en un très petit nombres d'exemplaires.
Ces exemplaires difficilement trouvables furent par la suite republiés par Crelle, l'éditeur et fondateur du Journal für die reine und angewandte mathematik, dans différents tomes.
En 1835, Crelle fit publier un volume comportant dix mémoires de Libri : les six mémoires qu'il avait précédemment publiés dans son journal, auxquels s'ajoutent quatre inédits que Libri lui fournit.
Ces mémoires portent les titres suivants :
Entre 1838 et 1841, Libri publia quatre volumes intitulés Histoire des sciences mathématiques en Italie, depuis la renaissance des lettres jusqu'à la fin du dix-septième siècle et qui lui valent d'être encore connu pour autre chose que ses vols.
Son nom aristocratique et sa fortune lui ouvrent bien des portes. Mathématicien, il est élu membre de l'Académie des sciences en 1833. En décembre 1834, après la mort d'Hachette, il est nommé professeur-adjoint à la Faculté des sciences de Paris, en charge d'un cours de calcul des probabilités. Il y est nommé professeur titulaire de chaire en 1839. Il est également nommé titulaire de la chaire de mathématiques au Collège de France en 1843, évinçant Cauchy et Jean-Marie Duhamel. Il reçoit aussi la Légion d'honneur. Entre 1838 et 1841, il publie une Histoire des sciences mathématiques en Italie de la Renaissance au XVIIe siècle, avec pour sources originales quelques 1 800 pièces manuscrites, lettres et livres de Galilée, Fermat et Descartes, qu'il dit avoir acquises au gré de ventes publiques. Il s'avérera plus tard que ces documents ont été dérobés à la bibliothèque Laurentienne.
La patrie d'adoption de Libri ouvre de nouveaux horizons à sa passion de bibliophile. Les bibliothèques des grandes villes de France avaient hérité, sur ordre du Comité de salut public, des livres confisqués chez les aristocrates et les dignitaires de l'Ancien Régime qui n'avaient pas été détruits lors des pillages de la Révolution française. Ces collections, mal connues, n'avaient en 1840 fait l'objet d'aucun inventaire. D'autre part, l'accès aux bibliothèques publiques était, au XIXe siècle, encore réservé aux notables, aux « savants » ou aux personnes recommandées (souvent des étrangers).