Henri Sainte-Claire Deville, né le 11 mars 1818 à Saint Thomas (Archipel des Antilles), décédé le 1er juillet 1881 à Boulogne-sur-Seine, inhumé au cimetière du Père-Lachaise, est un chimiste français, connu principalement pour ses travaux sur l'aluminium.
Henri Sainte-Claire Deville est né dans les Antilles sur l'île de saint Thomas, possession à l'époque du Danemark. Son père, qui avait conservé sa nationalité française, était armateur. Sa famille est originaire de la région française du Périgord.
Son frère Charles deviendra géologue et sera connu pour ses travaux sur les volcans.
En 1851, il est nommé maître de conférence de chimie à l'École normale supérieure de Paris à l'âge de 33 ans.
Il cultive ses relations en ouvrant son laboratoire le dimanche après-midi aux célébrités scientifiques (Louis Pasteur), littéraires (Renan) et politiques (Thiers).
En travaillant sur des corps supposés très stables tels que l'eau et le dioxyde de carbone, il met en évidence la notion de réversibilité et d'équilibre chimique. Ses travaux sur la dissociation seront repris et développés par ses élèves : Henri Debray, Louis Joseph Troost, Paul Hautefeuille, Alfred Ditte. En 1864, il donne sur ce sujet des conférences appelées « leçons de chimie » à la Société chimique de Paris.
En 1867 il est nommé professeur de chimie à la Faculté de sciences de Paris à la suite de Dumas. Il est suppléé de 1875 à sa mort par Henri Debray et c'est Louis Joseph Troost qui lui succède.
Il revient en France avec sa famille en 1824. Il entreprend des études de médecine et obtient son doctorat à 25 ans en 1843. Il se passionne pour la chimie et suit les cours du chimiste Louis Jacques Thénard. Il crée dans un grenier son premier laboratoire et découvre le toluène. Sa thèse de chimie porte sur l'essence de térébenthine.
En 1845, lors de la réouverture de la faculté des sciences de Besançon, il est nommé professeur de chimie et doyen, il restera six ans. Il met au point un nouveau procédé d'analyse pour analyser l'eau du Doubs. Il isole l'acide nitrique anhydre en faisant passer du chlore sur du nitrate d'argent. Cette découverte lui vaut sa première renommée auprès du monde scientifique européen.
En 1854, Henri Sainte-Claire Deville réalise la première production industrielle d'aluminium dans une usine de Javel à Paris. Les travaux sont financés par l'empereur Napoléon III. Les premiers lingots seront utilisés pour l'exposition universelle de 1855.
En 1856, l'usine s'installe dans le quartier de la Glacière puis en 1857 à Nanterre. En 1859, cette usine produira 500 kg d'aluminium principalement destiné à la bijouterie.
Il a l'intuition géniale de choisir la bauxite comme minerai pour produire l'alumine nécessaire à la production de l'aluminium. Il met au point le procédé dit procédé Deville pour extraire l'alumine du minerai.
Il travaille sur les questions périphériques à la production de l'aluminium et met au point une méthode de production du sodium, matière première dont il a besoin. À la suite de ses travaux, le coût de production de ce métal passe de 1000 F à 10 F par kg.
Il s'intéresse à la cryolithe et découvre qu'elle dissout l'alumine. Il l'utilisera dans l'usine de Nanterre comme fondant.
Le procédé chimique de Sainte-Claire Deville se développera jusqu'en 1886, année ou Paul Héroult et Charles Martin Hall découvriront le procédé électrolytique de production de l'aluminium. En 1854, Sainte-Claire Deville avait approché une méthode électrolytique, mais les cinq piles qu'il utilisait étaient incapables de lui fournir l'intensité nécessaire.Henri Moissan, prix Nobel de chimie en 1906, dira « Deville attendait la découverte de Gramme».