Martine Safra, inspecteur général de l’Education Nationale, a très bien résumé ce à quoi les enseignants sont confrontés quotidiennement dans leur enseignement : « L'hétérogénéité est une réalité dans toutes les classes : les différences entre élèves, tant dans leurs acquisitions, que dans leurs stratégies scolaires constituent la norme. »
Depuis la mise en place du collège unique en 1975 (Réforme Haby), l’enseignant doit faire face à l’hétérogénéité des élèves. La loi d’orientation de 1989 (dite Jospin) préconise de mettre les élèves au centre des apprentissages. Il faut donc tenir compte de leurs particularités (niveau, rythme, maturité, handicap…). La loi d'orientation et de programme pour l'avenir de l'école du 24-04-2005 précise que « la scolarité est obligatoire » de façon à « garantir l'acquisition et la maîtrise de connaissances et compétences du socle commun nécessaires à la réussite de la scolarisation et de la construction de l’avenir de l’élève». Aucun élève n'est censé ignoré ce socle commun en sortie de scolarité obligatoire.
Par ailleurs, la loi engage l'Éducation nationale à mieux faire respecter les valeurs de la République, mieux organiser les établissements et les enseignements, et à mieux gérer le système éducatif au sein de l’école.
La loi réaffirme que l’école doit accueillir tous les élèves et intègre par conséquent l'hétérogénéité des élèves dans l’établissement et dans la classe :
L’hétérogénéité est une réalité dans et en dehors de l’école. Dans l’enseignement, les textes préconisent que celle-ci soit prise en compte par l’enseignant. Elle apparaît aux yeux de certains comme une contrainte et pour les autres comme une richesse et un moteur pour le développement de l’enfant et de l’adolescent.
L’hétérogénéité soulève de nombreuses questions depuis le collège unique où celui-ci est considéré comme une « machine à broyer ». L’élève est noyé dans la masse.
Cette massification n’a pas su être maîtrisée. On constate la perpétuation de la ségrégation sociale et d’inégalités culturelles.
On ne se soucie pas toujours, car c’est difficile, du rythme et des particularités de chacun : tous les élèves sont « poussés » jusqu’à la troisième pour maîtriser le socle commun (pas d’orientation ni de redoublement précoce) Il y aurait un problème dès l’école primaire : il faudrait renforcer l’enseignement des fondamentaux. Les réalités du terrain sont également problématiques pour gérer l’hétérogénéité : -manque de temps ;
-contraintes liées aux programmes scolaires ;
-manques de moyens (pas d’assistants pour les langues, rétroprojecteurs, télé, salles mal agencées…) ;
-classes surchargées (difficultés pour mettre en place un travail en binôme ou en groupe) ;
-investissement important de l’enseignant.
Les parents ont peur que le niveau culturel baisse, ils craignent l’hétérogénéité, ils redoutent un appauvrissement des contenus disciplinaires dû aux problèmes d’organisation pédagogique . Les parents sont inquiets que leur enfant soit pénalisé. Pour fuir l’hétérogénéité, certains vont jusqu’à contourner la carte scolaire en choisissant des options particulières.