Introduction
L'informatique a été pendant longtemps considérée comme une industrie « propre ». On reconnaît aujourd'hui que ses impacts environnementaux sont importants. Encore se limite-t-on le plus souvent aux impacts directs, sans analyser les impacts indirects que ces systèmes induisent dans la société.
Ainsi, l'application des principes de développement durable à ce secteur n'a commencé que dans les années 1990 avec la préoccupation d'économiser l'énergie dans les centres d'exploitation. D'autres préoccupations commencent à apparaître, comme l'intégration des besoins métier en termes de développement durable dans les systèmes d'information des entreprises (responsabilité sociétale des entreprises), des collectivités locales (agendas 21) et des administrations, suite aux sommets de la Terre de Rio de Janeiro (1992) et de Johannesburg (2002).
Cette évolution a été favorisée par la sensibilisation de la société civile, et en tout premier lieu par les ONG environnementales telles que le WWF et Greenpeace qui établit périodiquement un rapport sur l'impact écologique du secteur informatique.
En France, le gouvernement a produit en décembre 2008 un premier rapport TIC et développement durable, qui se concentre sur les économies d'énergie et l'aptitude au recyclage des équipements informatiques. Le rapport officialise le terme d’« éco-TIC » comme traduction française de green IT.
Une étude faite en 2008 montre qu'il serait possible de réduire significativement l'empreinte environnementale des activités humaines en agissant par l'intermédiaire des techniques de l'information et de la communication de manière adéquate.
Historique
- 1992 : lancement du programme Energy Star aux États-Unis pour économiser l'énergie sur les équipements informatiques du gouvernement américain.
- 1997 : création de la Global Reporting Initiative.
- 2001 : vote de la loi relative aux nouvelles régulations économiques (NRE) en France, dont l'article 116 demande aux entreprises de rendre compte des conséquences environnementales et sociales de leur activité.
- 2002 :
- Adoption du décret d'application de la loi NRE en France.
- Suite à la loi NRE, quelques sociétés de conseil, incluent le développement durable dans leur offre.
- 2004 : premières réflexions du CIGREF sur l'usage des TIC et le développement durable en partenariat avec l'ORSE.
- 2006 : première publication par Greenpeace du Guide to Greener Electronics
- 2007 :
- Création de la Climate Savers Computing Initiative dans le monde anglosaxon.
- Création du classement Green 500 des 500 superordinateurs mondiaux les plus puissants en fonction de leur efficacité énergétique.
- Le Grenelle de l'environnement en France inclut des recommandations sur les économies d'énergie dans la bureautique.
- 2008 :
- Bull rejoint la Climate Savers Computing Initiative.
- Juin : publication du rapport Smart2020 « Enabling the low carbon economy in the information age » par The Climate Group.
- Décembre : publication du rapport « TIC et développement durable » du gouvernement français.
- 2009 : publication du rapport du CIGREF Systèmes d'information éco-responsables : L'usage des TIC au service de l'entreprise durable
Application au volet environnemental du développement durable
Comme on l'a vu, c'est le volet environnemental qui est apparu en premier (programme Energy Star en 1992 aux États-Unis par exemple). Le volet environnemental se décompose en deux phases principales, la première consistant en la contribution directe de l'informatique au respect de l'environnement, la deuxième étant une contribution indirecte, mais qui est certainement à terme beaucoup plus importante.
On parlera ici, conformément à la terminologie officielle recommandée par la Commission générale de terminologie et de néologie en 2009, d'écotechniques de l'information et de la communication, en abrégé éco-TIC.
Réglementations applicables à l’informatique
L'informatique verte et l’écoinformatique sont des concepts encore jeunes, pour lesquels la réglementation internationale commence à voir le jour depuis quelques années. Les impacts des exigences de développement durable sur l'informatique peuvent porter sur les matériels ou les processus métier, ils existent dans plusieurs normes ou réglementations :
Pour les matériels informatiques :
- La Convention de Bâle (site internet), adoptée en 1989 et qui a pour objectifs de contrôler les mouvements des déchets dangereux et d’en réduire la quantité.
- La Convention de Stockholm (site internet) concerne les POP (Polluants Organiques Persistants) et a pour but de contrôler et réduire voire d’interdire certains produits polluants.
- La directive européenne DEEE (Déchets d'équipements électriques et électroniques) vise la gestion et le traitement des déchets électriques ou électroniques. Elle est à l’origine de l’instauration de l'écotaxe ou éco-participation payée par le consommateur lors de l’achat de son matériel.
- La directive Européenne RoHS (Restriction of the use of certain Hazardous Substances in electrical and electronic equipment) cherche à limiter l’utilisation de substances dangereuses dans les équipements électriques ou électroniques et obliger les producteurs à réduire l’utilisation de 6 substances dangereuses (le plomb ; le mercure ; le cadmium ; le chrome hexavalent ; les polybromobiphényles ; les polybromodiphényléthers).
- L'Energy Star est un programme aux États-Unis visant à réduire la consommation énergétique des équipements électroniques.
Pour les processus métier :
- Le règlement EMAS (Eco Management and Audit Scheme, page internet en anglais) est une démarche proche de la norme ISO 14001 puisqu’il s’adresse aux organisations désirant évaluer et/ou améliorer leurs performances environnementales. Par simple déclaration conforme aux critères de l’EMAS, toute organisation déjà certifiée ISO 14001 obtient le certificat EMAS.
Première phase : contribution directe
Cette première phase est quelquefois appelée par les Américains green IT 1.0 pour le matériel informatique et green IT 1.5 pour les réseaux.
Dans cette première phase, l’idée est d’optimiser les processus techniques existants pour engendrer des économies d’énergie et optimiser le système d’information. Les constructeurs informatiques n'ont plus pour objectif premier de respecter la loi de Moore, mais d'augmenter la performance par énergie consommée exprimée en FLOPS par Watt (voir performance per watt). Il existe par exemple une classification des superordinateurs du TOP500 selon ce critère.
Green IT 1.0
Les Green IT 1.0 correspondent aux matériels, méthodes, logiciels, services et processus informatiques qui contribuent à la réduction de l’impact de l’outil informatique sur l’environnement. Il y a la volonté de diminuer l’impact de l’informatique sur l’environnement tout au long du cycle de vie de ces matériels et logiciels. C'est-à-dire, lors de son utilisation (économies d’énergie) mais aussi lors de sa conception et jusqu’à la gestion de ses déchets.
Green IT 1.5
Les Green IT 1.5 correspondent aux techniques visant à réduire l’impact néfaste de l’informatique sur l’environnement par une meilleure infrastructure de communication. L’objectif des green IT 1.5 est de réduire l’impact écologique, en réduisant les déplacements physiques, par la dématérialisation et l’échange des données informatiques. Au cours de cette première phase, il n’est pas encore question de gérer les déchets électroniques et leur recyclage. Les green IT 1.0 et 1.5 ne changent pas réellement les comportements au regard de l’informatique et n’ont donc qu’un impact relatif sur la gestion des parcs informatiques.
Initiatives d’entreprises et d’associations
En France
- Le groupe de travail EcoInfo du CNRS (site internet). Les activités de ce groupe de travail se concentrent autour des problématiques de la consommation énergétique et de la pollution liées à l’utilisation et au développement de l’outil informatique. Ce groupe de travail propose des guides de bonnes pratiques à destination des particuliers et des professionnels et propose notamment une traduction française du code de conduite européen sur les centres de données.
- La communauté française des TIC durables GreenIT.fr (site internet). Sous la forme d'un blog collaboratif qui fédère 25.000 lecteurs-contributeurs, GreenIT.fr aborde des sujets techniques - éco-conception, économie d'énergie, recyclage, etc. - mais aussi les usages et le rôle clé des TIC pour glisser vers l'économie légère et circulaire cradle to cradle, puis vers une économie positive.
Dans le Monde
- Climate Savers Computing Initiative (CSCI, site internet). Ce programme qui a débuté le 12 juin 2007 a pour but la réduction de la consommation d’électricité des ordinateurs. Il donne des informations pour réduire cette consommation ainsi qu’un catalogue de produits écologiques issus de ses organisations membres.
- Green computing impact organization (Inc GCIO, Site internet) est une association à but non lucratif dédiée à l’assistance aux utilisateurs d’ordinateur dans un but de responsabilisation écologique, au travers d’événements éducatifs, de programmes coopératifs et de service d’audit subventionné. La coopérative GCIO regroupe des entrepreneurs du domaine des TIC, sensibilisés aux problèmes écologiques qui ont réuni leur ressources et leur temps pour éduquer les consommateurs de TIC, améliorer l’efficacité des produits et des services informatiques verts. Les membres travaillent également pour augmenter le retour sur investissement (ROI) des produits et services de l’informatique verte par une meilleure compréhension des économies générés par ce type de développement durable. Ils cherchent à atteindre une plus grande efficacité des produits par une estimation faite en commun des économies réalisées. Ils ont aussi formé un groupe de pression.
- Green Electronics Council (Site internet). Il offre un outil (EPEAT) pour aider à l’achat de matériels informatiques verts. Le conseil évalue les équipements informatiques selon 28 critères qui mesurent leurs efficacités énergétiques et leurs caractéristiques en termes de développement durable. Le 24 janvier 2007, le président George W Bush a publié le décret 13423 qui oblige tous les organismes fédéraux des États-Unis à utiliser cet outil lors d’achat de système informatique.
- Green Grid (Site internet) est un consortium dédié à l’efficacité énergétique avancée dans les centres de données et les entreprises liées à l’informatique. Il a été créé en février 2007 par plusieurs entreprises clé du secteur tel que AMD, APC, Dell, HP, IBM, Intel, Microsoft, Rackable Systems, SprayCool, Sun Microsystems et VMware. Green Grid s’est depuis étendue à des centaines de membres dont des organisations gouvernementales.
- International Professional Practice Partnership (IP3, site internet) est un programme de l’International Federation for Information Processing (IFIP) pour la certification mondiale de professionnels de l'informatique. Ce programme comprend la certification sur la stratégie concernant les TIC durables en utilisant un programme de formation élaboré par l’Australian Computer Society.
- Green 500 liste les superordinateurs de la liste TOP500 par leur efficacité énergétique (megaflops/watt) dans le but d’encourager celle-ci par rapport à la performance.
- Green Comm Challenge (site internet) est une organisation qui promeut le développement des techniques et des pratiques d’économie d'énergie dans le domaine de l'informatique. Green Comm Challenge a acquis une notoriété mondiale en 2007, lorsqu’elle s’est inscrite comme l'un des challengers de la 33e édition de la Coupe de l'America, dans le but de montrer comment les chercheurs, les techniciens et entrepreneurs du monde entier peuvent être réunis par la conception et la fabrication d’un navire compétitif fonctionnant uniquement avec des énergies renouvelables.
Deuxième phase : contribution indirecte dans les processus métier
Cette deuxième phase est quelquefois appelée par les Américains green IT 2.0.
Le rapport « Smart 2020 » montre qu'il serait possible de réduire les émissions de CO2 de l'ensemble de l'économie d'environ 15% à l'horizon 2020 en agissant sur les techniques de l'information et de la communication.
L’objectif, à ce niveau, est de réduire l’empreinte environnementale de la société grâce aux techniques de l'information et de la communication.
À ce stade, les green IT permettent la réorganisation de l’entité pour aider, à chaque étape du processus métiers, de diminuer l’empreinte écologique.