Le rideau se lève sur des noces de village en octobre 1874. Sur un rythme de gigue, les jeunes danseurs chantent l’éloge de Louis Mailloux (Quand t’es mal pris). Certains évoquent pourtant son caractère bouillant; et comme Jeanne Lanteigne, sa « promise », est venue aux noces accompagnée du fils du conseiller législatif Robert Young, on s’attend à quelque esclandre. Et en effet, Louis ne tarde pas à paraître. Il apostrophe le jeune Young et l’avertit en terme non équivoques de ne plus rôder autour de Jeanne. Son rival parti, Louis se réconcilie avec Jeanne (Pourquoi c’est faire), mais celle-ci doit rentrer avec ses parents. Louis, resté seul, évoque le souvenir de Catherine, morte noyée à quinze ans quelques années auparavant dans les circonstances auxquelles le jeune Young n’aurait pas été étranger (Chanson de Catherine). L’arrivée d’André Albert, un voisin qui a connu Louis enfant, l’arrache à ses réflexions. La conversation ne tarde pas à se porter sur le projet sur le projet de loi du premier ministre King (le « Bill King ») qui interdirait l’enseignement de la religion dans les écoles du Nouveau-Brunswick. Les propos échangés, ainsi que le souvenir de Catherine, donnent une idée à Louis : il ira parler aux Young.
Au mois de janvier suivant, on se retrouve devant la petite école du village, juste à temps pour en voir sortir James Blackhall, président du conseil scolaire, propulsé par les bras – ou le pied – d’un Fabien Lebouthillier énergique qui, en compagnie d’André Albert, Dominique Chenard et Xavier Parisé, vient de « casser » une réunion de ce conseil imposé par un pouvoir abusif. Les hommes célèbrent leur coup de force par une chanson à répondre truculente (La Cave de d’hors). L’arrivée du curé les ramène à des choses plus sérieuses et donne lieu à une discussion sur les écoles et l’autorité. Les hommes affirment leur sentiment d’appartenance et leur volonté de rester maîtres de leur destin dans une chanson à laquelle les gens du village viendront mêler leur voix (On a bâti nos maisons). Les jeunes, Louis en tête, viennent exprimer leur solidarité avec les aînés. Cette troupe décide de passer à l’action : les hommes iront forcer Blackhall à donne sa démission, Louis et les jeunes se rendront chez Young. Mais Rose, la mère de Louis, venue sur les lieux accompagnée de Jeanne, tente de l’en dissuader. Elle évoque la mémoire de son époux, perdu en mer (La Complainte du néyé). Mais malgré les arguments de Jeanne, qui unit sa voix à celle de Rose, Louis persiste dans son projet : il doit aller « parler aux Young ». Les deux femmes, la mère et l’amoureuse, ne peuvent que constater comme il est dur pour une femme de vivre en ces temps difficiles (La Vie d’une femme).
Le rideau se lève chez André Albert, qui est un peu l’âme dirigeante du mouvement de la résistance à la loi King. Il exprime le doute qui le déchire dans une prière fervente (Prière du matin). Sa femme le réconforte, mais déjà les hommes arrivent et apportent les dernières nouvelles : le shérif est dans le village avec une milice, mandé par le conseiller Young. Il recherche les fauteurs de trouble. Les hommes ne cachent pas leur anxiété; ils se donnent du courage avec une chanson (Chanson à boire) et un flacon de rhum. Tit-Œil, le sympathique fanfaron qui a peur de son ombre, s’en promet au compte des Anglais (Le Peur-en-tchu).
Cependant, Xavier se désolidarise du groupe en rentrant chez lui. Rose et Jeanne entrent, s’inquiétant de savoir si Louis est avec les hommes. Il n’y a pas, mais presque aussitôt, on l’entend qui arrive avec les jeunes en chantant une sorte de chant de guerre (Mourir pour vivre) auquel finira par se joindre tout le groupe. Encore une fois, les deux femmes s’efforcent de l’amener à choisir la prudence. Jeanne lui raconte même un rêve qu’elle a fait et qui lui semble porter un présage funeste (Le rêve de Jeanne). Mais Louis demeure ferme. D’ailleurs, déjà les soldats sont à la porte. Les hommes se précipitent au grenier pendant qu’André va ouvrir. Une échauffourée éclate, des coups de feu partent, un cri dans le noir : « Louis » – puis le silence. Les soldats sortent, poussant les hommes devant eux. Jeanne, qui n’a pas vu son amoureux sortir, comprend malgré elle. Lentement, elle monte les marches menant au grenier, y aperçoit le corps de Louis et se jette sur lui en pleurant. Alors, un à un, les comédiens reviennent sur la scène, dépouillés de leur personnage, chanter un dernier hommage à cette jeune victime de l’injustice (Ballade de Louis Mailloux).