Truismes (1996)
« Difficile d’écrire son histoire lorsqu’on habite dans une porcherie et, qui plus est, lorsqu’on est devenue une truie. Car telle est l’extraordinaire aventure de la narratrice de cette fable terriblement sensuelle ».
Dès son apparition en 1996, Truismes, le premier roman de Darrieussecq, a immédiatement rencontré un énorme succès. Ce roman qui raconte l’histoire d’une jeune fille qui est lentement transformée en truie est certainement influencé par Kafka mais il démontre aussi une perspective et une pénétration tout à fait originale. D’après Libération (29 août 1996), « Le thème de la métamorphose n’est pas vraiment nouveau dans la littérature...Mais sur ce thème, l’auteur varie avec audace, humour et crudité, et cultive dans sa fable...un réalisme faussement innocent ». Le roman est particulièrement intéressé par la question de la connaissance. Comme Darrieussecq l'explique, la narratrice « est obligée [à cause de sa transformation] de se mettre à penser pour la première fois...Elle devient une personne, c’est la métamorphose d’un objet femelle en femme consciente ».
Naissance des fantômes (1998)
« C’est au départ une histoire simple, banale et triste. Un homme disparaît. Sa femme l’attend, elle ne résout pas à sa disparition, elle le cherche ».
Le second roman de Darrieussecq, Naissance des fantômes, évoque et examine l’expérience de la perte et la nature de l’absence. D’après Le Monde (20 février 1998), « Avec une étonnante assurance, une imagination pour ainsi dire clinique, Marie Darrieussecq raconte cette inondation par l’absence, cette épaisseur palpable du vide...Rien ne reste en place ».
La disparition inexplicable d’un homme et l’angoisse subséquente de sa femme sont, finalement, les mécanismes pour une considération plus profonde ; spécifiquement, une recherche subtile mais pénétrante des sensations et des émotions qui informent l’existence humaine.
Le mal de mer (1999)
« C’est l’histoire de la mer, de la présence de la mer. Il faut même dire de son omniprésence, tant ce qui n’est pas elle semble réduit à une quasi absence : la côte, la plage, les êtres qui, à son bord, la craignent, la contemplent jusqu’à l’ivresse ou méditent devant son spectacle » (Le Monde, 19 mars 1999).
Dans son troisième roman, Darrieussecq raconte l’histoire d’une jeune mère qui, avec sa petite fille, fuit vers la côte basque. Quand le père retrouve sa fille, la mère part pour l’Australie, cherchant une sorte de paix élusive. D’après Les Inrockuptibles (17 mars 1999), « La construction par alternance des points de vue, partage inégal des regards encadrés par ceux de l’enfant et de la mère...impose la complexité comme une angoisse. À partir de là, tout devient possible ».
Ici, encore une fois, Darrieussecq conjure un univers qui est ambigu, irréel, mais humain. Il y a des questions sur l’existence, les textures et les rythmes de l’expérience.
Précisions sur les vagues (1999)
Une sorte de méditation brève mais riche sur les petits détails de la mer, cette œuvre cherche l’essence abstraite du monde marin tout en évoquant un univers distinct sensuel.
Publié à l’occasion du Mal de mer, ce court texte est la description minutieuse de phénomènes marins, dont on ne sait s’ils sont tous avérés ni s’ils révèlent du scientifique ou du poétique. Peut-être plus du poétique que du scientifique, en fait. Quelques pages pour que la réalité s’y développe, enfle, gronde jusqu’à générer de bien curieuses images.
Bref séjour chez les vivants (2001)
D’après Les Inrockuptibles (21 août 2001), « Plongée dans quatre cerveaux humains : c’est le défi narratif du nouveau roman de Marie Darrieussecq ».
Dans ce roman, Darrieussecq crée un réseau changeant et complexe de dialogues internes pour illuminer la nature de la douleur et les dimensions de la connaissance. Donc, au centre d’une famille, il y a « un trou, un creux, une absence, un vide autour duquel tout s’est, d’un même et cruel mouvement, défait puis refait, mais mal ». Cette « absence », celle d’un petit garçon, hante la famille avec une puissance intangible mais acharnée. Mais en évoquant les implications émotionnelles de la perte, les textures et les rythmes de la peine individuelle, Darrieussecq offre une considération abstraite, pénétrante de la connaissance humaine. Le lecteur se trouve, finalement, « À l’intérieur des têtes, des consciences, des esprits...[R]ien n’est banal dans ce Bref séjour » (Le Monde, 31 août 2001).
Le Bébé (2002)
Publié à la naissance de son fils, Le Bébé offre une action bien plus intime que les œuvres précédentes de Darrieussecq.
Darrieussecq a même fait allusion au fait que ce texte est le plus autobiographique parmi tous ses livres même si ni le bébé ni la mère ne portent de nom dans le roman. Écrit en partie pour adresser le manque de bébés comme sujets dans la littérature, ce roman se concentre surtout sur la réalité et sur l’étude de la vie maternelle. Qu’est-ce qu’on doit penser des discours autour des nourrissons ? Qu’est-ce que c’est que la maternité ? Pourquoi est-ce que les femmes accouchent plutôt que les hommes ? Est-on assigné(e) à son corps biologique ?
Comme toujours, Marie Darrieussecq cherche un autre langage que celui des clichés (des "truismes"), et il n'y a pas de lieu plus codifié par les lieux communs que celui de la maternité. Elle questionne en particulier l'idée d'un conflit (hérité de Simone de Beauvoir) entre la maternité et la liberté d'être une intellectuelle.
White (2003)
Pertinemment nommé, White, le septième roman de Marie Darrieussecq, raconte l’histoire d’Edmée et Peter, deux ingénieurs qui se rencontrent dans une base européenne isolée au pôle Sud. Les deux essayent d'échapper à des monstres de leur passé. Au cours de leur séjour de six mois, Edmée et Peter se rapprochent, et ils s’agrippent l’un à l’autre pour échapper aux réalités de leur monde froid. Bien qu’ils soient attirés par l’idée du néant, les personnages font attention à ne pas rejoindre la communauté des fantômes qui hantent l’espace presque inhospitalier.
Le Pays (2005)
Après avoir exploré le domaine compliqué de la maternité dans Le Bébé, Marie Darrieussecq invite ici le lecteur à rejoindre ce qui est du point de vue d’un monde de création égale : le monde de l’écriture. En combinant la maternité avec la profession d’auteur, Le Pays ne traite pas seulement de ce qui se passe quand on accouche de la vie humaine ou de la vie littéraire, mais il s’approche des deux comme des forces concomitantes et finalement similaires.
Marie Rivière, le personnage principal, est un auteur et une mère comme Darrieussecq. Mariée et mère d'un enfant de deux ans, Marie décide de quitter la ville de Paris à la poursuite de ses propres fondements. Elle retourne chez elle et elle trouve les restes de sa famille : une mère artistique, assez célèbre ; son père vaincu, qui habite maintenant une caravane, et les souvenirs qui encerclent la mort de son frère. Au pays, où le quotidien plus lent se révèle un grand contraste à l’agitation de Paris, Marie se trouve elle-même submergée par le voyage d'un retour sensoriel à son propre passé pendant qu’elle contemple l'avenir.
Zoo (2006)
Comme les autres œuvres de Marie Darrieussecq, Zoo contient de l’humour, du suspense, et un sens du fantastique. Écrit lors des vingt dernières années, il s'agit d'une collection de quinze nouvelles qui peuvent vraiment fonctionner indépendamment, plutôt que de donner l’impression d’être des parties de romans. Dans ces nouvelles, on peut trouver des thèmes récurrents de la science, des rêves, des animaux, ainsi que des êtres humains peu communs.
Tom est Mort (2007)
Encore une fois Marie Darrieussecq s'attaque à l'un des aspects les plus effrayants de la vie humaine avec ce roman dans lequel elle pousse ses lecteurs à apprécier la douleur complète de la perte.
Dix ans après la mort de son fils, le personnage principal souffre encore. Sans savoir ce qui s’est passé exactement avec Tom, on suit l’histoire des retombées pendant qu’une femme se bat contre le chagrin et peut-être la folie dans le sillage de la mort de son enfant.