Maxime Lamotte, né à Paris le 26 juin 1920 et mort à Collobrières (Var) le 31 août 2007, est un scientifique français, biologiste, généticien et pionnier de l'écologie. Par ses études sur la génétique des populations, il s'est également intéressé à l'évolution.
Maxime Lamotte voit le jour le 26 juin 1920. Ses parents, Georges Lamotte, directeur à la préfecture de la Seine et Denise Huguet habitent alors dans un pavillon avec jardin, chose rare à Paris et Maxime dira toujours que c’est là qu’est née sa vocation de naturaliste, en observant les petites bêtes qui peuplaient ce jardin, à deux pas du Jardin des plantes de Paris et de l’École normale supérieure. Il entre au lycée Henri-IV à l’âge de sept ans et y reste jusqu’en Math-Elem en 1937. Très brillant élève, il accumule les prix et est présenté au concours général. Il hésite entre l’École polytechnique comme son père, l’Institut national agronomique comme son oncle, ou l’École normale supérieure. Son choix se porte sur cette dernière car il vient de se créer une section sciences naturelles, correspondant à ses goûts. Il prépare le concours au Lycée Saint-Louis. Le scoutisme a également beaucoup influencé sa vie et comme il le dira plus tard : « l’Afrique ne me faisait pas peur, j’avais l’habitude de camper et la brousse africaine m’attirait particulièrement. »
Selon Patrick Blandin: « Maxime Lamotte fut, très jeune, un voyageur naturaliste, découvreur d’espèces à la biologie parfois étonnante dans la savane d’altitude du mont Nimba, en Guinée. Il fut un pionnier de la génétique des populations, avec une thèse sur les populations naturelles de l’escargot des bois Cepaea nemoralis. Il donna une impulsion définitive à une écologie française balbutiante. L’étude de la savane de Lamto, en Côte d’Ivoire, fut l’un des grands projets internationaux d’analyse de la structure et du fonctionnement d’écosystèmes terrestres. »
En 1950, Maxime Lamotte soutient sa thèse d’État sur la structure génétique des populations naturelles de Cepaea nemoralis afin de démontrer en milieu naturel l’influence de la sélection naturelle et des mutations dans une population animale. Comme l’écrit Michel Veuille: « La thèse de Maxime Lamotte fit date dans l’histoire de la génétique évolutive du XXe siècle. Le premier, il fit le recensement systématique de fréquences alléliques dans de nombreuses populations, pour vérifier les modèles théoriques de l’évolution darwinienne dus à Sewall Wright. Son étude sera aussi la première d’une très longue série, encore très prolifique, de travaux de génétique écologique visant à comprendre l’histoire récente des espèces d’après les profils de distribution géographique de la variation. »
La découverte du mont Nimba, l’impression de puissance que produit ce relief dominant la pénéplaine de plus de 1000 mètres, a profondément marqué Maxime Lamotte dès son arrivée en Guinée en 1942. En plus de ses travaux de cartographie qui serviront de référence aux recherches ultérieures, Maxime Lamotte étend sa prospection à la chaîne du Simandou dont les formations géologiques se présentent comme une série monoclinale redressée. L’étude comparative réalisée a permis de mettre en évidence la coexistence de trois types de modelé dans les chaînes quartzitiques du Nimba et du Simandou :
Ses recherches géographiques concernent également les phénomènes de cuirassement, présentant les résultats de 20 années de prospections en Afrique Occidentale, et les cycles d’érosion. Dès 1949, en collaboration avec J-Ch. Leclerc et J. Richard-Molard, il identifie en effet 4 cycles d’érosion auxquels correspondent 4 niveaux de 500 mètres à 1600 mètres. Une généralisation à l’Afrique Occidentale des recherches effectuées avec G. Rougerie au mont Nimba et au Simandou lui permettra par la suite de proposer une datation de ces niveaux d’aplanissement.
La signature de Maxime Lamotte apparaît enfin dans un important ouvrage collectif consacré à la chaîne du mont Nimba, aux côtés des trois géographes qui par leurs recherches conceptuelles vont renouveler l’image de l’Afrique, et se présente comme la meilleure illustration de l’ouverture de sa pensée scientifique.
Une des principales espèces nouvelles découvertes par Maxime Lamotte est le crapaud vivipare nectophrynoides occidentalis unique au monde. Celle-ci a été à l’origine d’une quinzaine de thèses. Les travaux initiés en Guinée vont conduire Maxime Lamotte à développer des recherches en écologie bien davantage qu’en biologie évolutive. Ses publications issues des missions portent de fait sur le cycle saisonnier d’une savane à hautes herbes (1947a), sur la comparaison bionomique de quelques milieux herbacés (1947b), sur le cycle écologique de la savane d’altitude du Mont Nimba (1958), sur les traits principaux de son peuplement animal (1962) et sur sa description quantitative (Lamotte et al., 1962).
Maxime Lamotte a créé la station de Lamto, station de recherche en écologie, afin d’approfondir ses études initiées au Nimba sur les biocénoses et le fonctionnement des écosystèmes de la savane.
En 1946, Maxime Lamotte présente dans un article sa démarche méthodologique utilisant des indications numériques pour décrire les types de végétation, méthode inspirée aussi des méthodes de quantification des faunes aquatiques. Il en explique l’intérêt, dont il montre qu’il est triple :
Par sa thèse, soutenue en 1951, Maxime Lamotte s’était positionné comme l’un des pionniers français des recherches modernes sur les mécanismes de l’évolution. Par ses travaux, il aboutira à une synthèse entre écologie et évolution.