Le scoutisme (de l'anglais scout, lui même issu du vieux français « escoute » signifiant éclaireur) est un mouvement de jeunesse mondial créé par Lord Robert Baden-Powell, un général britannique à la retraite, en 1907, à Brownsea. Aujourd'hui, le scoutisme et le guidisme comptent plus de 38 millions de membres dans 217 pays et territoires, de toutes les religions et de toutes les nationalités, représentés par plusieurs associations scoutes au niveau mondial.
Le scoutisme est un mouvement de jeunesse basé sur l'apprentissage de valeurs fortes, telles que la solidarité, l'entraide et le respect. Son but est d'aider le jeune individu à former son caractère et construire sa personnalité en permettant le développement physique, mental et spirituel du jeune afin qu'il puisse être un citoyen actif dans la société. Ces buts cherchent à être atteint en s'appuyant sur des activités pratiques dans la nature, mais aussi des activités en intérieur, plutôt destinées à un apprentissage intellectuel. Le scoutisme s'appuie sur une loi et une promesse et a souvent un lien religieux. .
Leurs membres sont appelés « scouts » (suivant le terme anglais international d'origine) ou parfois « éclaireurs » (sa traduction) dans les pays francophones. Au sens strict, ces termes désignent les jeunes gens âgés de 11 à 14 ans ou de 11 à 17 ans (lorsque le mouvement est dit unitaire). Au sens plus large, les encadrants, les animateurs ou les anciens membres sont des scoutes, ou restent des scouts dans l'âme. Dans les pays francophones, les plus jeunes sont communément appelés des « louveteaux », « louvettes » ou « jeannettes », et les plus âgés des « scouts », « guides », « pionniers », « caravelles », « compagnons », « JEM », « routiers », « aînés », etc. Le "scout" est connu du public par le port d'un foulard et une tenue plus ou moins complète. Le guidisme est l'équivalent féminin du scoutisme. À partir des années 1970, certains mouvements scouts ont fait le choix de la mixité (ou de la « co-éducation ») dans les unités, tandis que d'autres conservent aujourd'hui des unités exclusivement masculines ou féminines.
Les prémices d'une idée de scoutisme datent du siège de Mafeking en Afrique du Sud au cours de la Seconde Guerre des Boers (1899-1902) au cours de laquelle Baden-Powell sert comme officier de commandement. Avec beaucoup d'astuce et de courage communicatif, il réussit à sauver la ville de Mafeking qui était assiégée depuis 217 jours par des troupes ennemies quatre fois plus nombreuses. Baden-Powell utilisa les jeunes de la ville appelés les cadets comme messagers pour transmettre des messages à pied et à vélo, comme observateurs, sentinelles et éclaireurs.
À la libération de la ville, le 16 mai 1900, Baden-Powell est acclamé comme un héros et est nommé major-général par la reine elle-même. Il prouva que des jeunes étaient tout à fait capables de réussir une mission, pourvu qu'on leur fasse confiance. Il publie ses observations sous le nom de « scouting » (l’art des éclaireurs) dans un petit fascicule destiné aux militaires appelé : « Aids to scouting ».
À son retour en Angleterre, Baden-Powell fut accueilli triomphalement. Il constate que « Aids to scouting » a un immense succès auprès des garçons britanniques et est utilisé par des éducateurs. Il reçoit même beaucoup de courriers de garçons lui demandant des conseils. Frappé par le spectacle d'une jeunesse britannique des quartiers désœuvrés livrée à la drogue et au tabac, souvent en mauvaise santé et délinquante, il décide de mettre l'expérience apprise à la guerre au service des jeunes gens, cette fois dans une optique de paix. « Sa carrière lui a permis de connaître les hommes pour leur permettre de donner le meilleur d’eux-mêmes avec bienveillance et patience », commente Michel Seyrat, spécialiste de la pensée du fondateur du scoutisme.
S'inspirant de nombreuses expériences éducatives auprès des mouvements de jeunesse de l'époque, il reprend des éléments entiers des méthodes d'autres associations, suscitant parfois des conflits comme celui qui l'oppose à Ernest Thompson Seton. Mais ce qui le caractérise c'est sa capacité à synthétiser toutes ces lectures et toutes les expériences sur lesquelles il s'est documenté pour produire un mouvement de jeunesse qui possède ses propres références et ses rites caractéristiques. Notons parmi ses sources, les Wandervogel Allemands ou Autrichiens, les rites d'initiation Zoulous, la gymnastique développée en Allemagne par F.L. Jahn, sans compter les codes de chevalerie dont il n'était pas le premier à s'inspirer, suivant en cela l'exemple de Ruskin aux USA (Knight of King Arthur) ou le mouvement Woodcraft qui pratiquait déjà un système de badges.
Mais ce qui marque également Robert Baden-Powell, c'est sa propre adolescence et son environnement familial. Son enfance est bercée par le récit des aventures de son grand-père, l'amiral William Henry Smyth. Il pratique la voile avec ses frères, ce qui lui inspire plus tard plusieurs récits autobiographiques, notamment la construction du voilier de son frère avec quelques amis du métier.
Il apprend la répartition des responsabilités à bord, l'acquisition de compétences et la vie d'équipage. Un autre de ses ancêtres, John Smyth, explorateur, avait traversé l'Océan et sillonné la Virginie, alors territoire inexploré. Comment échapper à toutes ses influences quand sa mère l'autorise à accompagner Warington, l'ainé des Baden Powell, navigateur endurci, auprès duquel il acquiert une expérience de la navigation qui l'influencera durablement..
« À la fin de ma carrière militaire », dit Baden-Powell, « je me mis à l'œuvre pour transformer ce qui était un art d'apprendre aux hommes à faire la guerre, en un art d'apprendre aux jeunes à faire la paix ; le scoutisme n'a rien de commun avec les principes militaires. »
En 1907, alors âgé de 50 ans, il organise un camp de quinze jours avec une vingtaine de garçons de différentes classes sociales sur l'île de Brownsea, qui débute le 29 juillet. Il y teste ses idées d'éducation par le jeu, d'indépendance et de confiance.
À la suite de ce camp, Sir William Smith (fondateur de la « boy’s brigade ») lui demande d’écrire un ouvrage sur la manière dont le « Scouting » pouvait être adapté à la jeunesse qu’il appelle : Scouting for boys (Éclaireurs).
Baden-Powell pensait alors que ce livre pourrait donner des idées aux jeunes pour se regrouper en organisations. En effet, les premières patrouilles de scouts furent créées et Baden-Powell reçut de nombreuses demandes d'aide. Il les encouragea et le développement du mouvement scout commença au Royaume-Uni avec la création des scouts marins, des scouts de l'air et d'autres unités spécialisées.
Baden Powell dirigea avec son frère Warington un camp nautique en 1908, à Buckler's Hard, dans le Hampshire, en Angleterre, peu après celui de Brownsea Island en 1907, avec là aussi une vingtaine de garçons posant les fondations des " Sea Scouts". C'est ainsi que Baden-Powell en vint à initier le scoutisme marin avec l'aide de son frère Warington, avocat à l'amirauté, marin expérimenté et promoteur de la navigation en canoë. Cependant, les scouts marins ne seront pas nommés ainsi avant 1912. Auparavant, en 1910, Warington aura écrit Sea Scouting and Seamanship for Boys, préfacé par son frère, le premier manuel de scoutisme marin, qui fut reçu avec beaucoup d'enthousiasme par les nombreux jeunes britanniques intéressés par cette nouvelle forme de scoutisme.
Baden-Powell ne pouvant plus conseiller personnellement chaque jeune qui lui demandait de l'aide, il décida de mettre en place une formation des adultes pour l'encadrement. Le Wood Badge course est alors créé à ce propos. En 1919, Gilwell Park près de Londres est acheté afin d'être utilisé comme camp et site d'entraînement pour les adultes.
Le scoutisme a commencé à se répandre à travers la Grande-Bretagne et l'Irlande bien avant la publication du Scouting for boys de Baden-Powell et il s'étend rapidement dans l'empire britannique. La première unité hors du Royaume-Uni connue a été transportée à Gibraltar en 1908 suivie par Malte peu de temps après. Le Canada devint le premier dominion possédant un programme Boy Scout, comme l'Australie, la Nouvelle-Zélande et l'Afrique du Sud quelques années après. en 1909 en France à Nantes. Le Chili est le premier pays hors des dominions britanniques à posséder un mouvement scout reconnu. Le premier rally scout s'est tenu au Crystal Palace à Londres en 1910. Il attira 10 000 garçons ainsi que de nombreuses filles. En 1910, la Belgique, l'Inde, Singapour, la Suède, la Suisse, le Danemark, la France, la Russie, la Finlande, l'Allemagne, la Norvège, le Mexique, l'Argentine, la Grèce et les États-Unis avaient des Boy Scouts...
En 2007, le scoutisme célèbre ses 100 ans d'existence, avec plusieurs grands événements tel que le renouvellement de la promesse qui a eu lieu le 1er août partout dans le monde, le JAMbe (rassemblement de 95 000 scouts et guides en Belgique, ce qui constitue un record), ou encore le jamboree mondial à Chelmsford et sur l'île de Brownsea (Royaume-Uni).
En 2008, on compte plus de 28 millions de scouts et plus de 10 millions de guides dans le monde, répartis dans 216 pays.
Pays | Communauté | Date d'introduction du scoutisme | ... du guidisme |
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États-Unis | 9 500 000 | 1910 | 1912 |
Indonésie | 8 100 000 | 1912 | 1912 |
India | 3 700 000 | 1909 | 1911 |
Philippines | 2 550 000 | 1910 | 1918 |
Thailande | 1 400 000 | 1911 | 1957 |
Royaume Uni | 1 000 000 | 1907 | 1909 |
Bangladesh | 950 000 | 1920 | 1928 |
Pakistan | 575 000 | 1909 | 1911 |
Kenya | 420 000 | 1910 | 1920 |
Corée | 280 000 | 1922 | 1946 |
Allemagne | 260 000 | 1910 | 1912 |
Canada | 260 000 | 1908 | 1910 |
Japan | 240 000 | 1913 | 1919 |
Italie | 220 000 | 1910 | 1912 |
Uganda | 210 000 | 1915 | 1914 |
France | 190 000 | 1910 | 1911 |
Nigeria | 160 000 | 1915 | 1919 |
Pologne | 160 000 | 1910 | 1910 |
Belgique | 160 000 | 1911 | 1915 |
Hong Kong | 160 000 | 1914 | 1916 |