Metropolis (roman) - Définition

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Personnages principaux de l'œuvre

Les personnages qui suivent sont cités dans l'ordre alphabétique de leurs patronymes :

  • Desertus, moine à la tête de la secte des Gothiques ;
  • Freder Fredersen, personnage principal, fils de l'architecte de Metropolis ;
  • Futura, être artificiel d'aspect féminin créé en verre et en métal par l'inventeur Rotwang ;
  • Georgi ou 11811, ouvrier avec lequel Freder échange sa place dans la salle des machines ;
  • Grot, ouvrier et gardien de la grande machine au cœur de Metropolis ;
  • Joh Fredersen, architecte et créateur de Metropolis, père de Freder ;
  • Jan, compagnon de Freder dans le Club des fils qui tombera éperdument amoureux de Futura ;
  • Josaphat, ancien premier secrétaire de Joh Fredersen, ami de Freder ;
  • Maria, jeune femme de la classe ouvrière qui annonce l'arrivée d'un sauveur ;
  • Mère de Joh Fredersen, vieille femme paralysée qui s'est détournée de son fils ;
  • Rotwang, inventeur, premier amour de Hel avant qu'elle ne rejoigne Joh Fredersen ;
  • September, propriétaire du Yoshiwara, un estaminet où l'on fume le maohee, une drogue psychotrope asiatique ;

Adaptation cinématographique

Ce roman a servi de point de départ au scénario du film homonyme réalisé par Fritz Lang une année plus tard, en 1927. L'histoire racontée dans ce long métrage classé au patrimoine mondial de l'humanité présente quelques points de divergence avec le récit original, notamment par la linéarisation et la simplification du récit. De même, certains rebondissements et ressorts importants de l'intrigue ont été supprimés.

Les différences notables avec le film, dans la version fragmentaire qui est parvenue jusqu'à nous, sont les suivantes :

Roman de Thea von Harbou Film de Fritz Lang
Personnages secondaires : Desertus, Georgi, Grot, Jan, la mère de Joh Fredersen, September.

Personnages secondaires : Georgi, Grot.

Joh Fredersen joue un rôle actif dans la chute de Metropolis, il en est même l'instigateur.

Joh Fredersen, le maître de Metropolis, subit la révolte ouvrière.

Le personnage de Joh Fredersen évolue tout au long du roman et trouve finalement le chemin de ses propres sentiments et du cœur.

Le personnage de Joh Fredersen reste du début à la fin un être froid et calculateur.

Futura est une commande de Joh Fredersen à Rotwang et le prototype d'une nouvelle humanité, les hommes-machines.

Futura est un être artificiel créé par Rotwang pour redonner vie à son grand amour perdu, Hel.

Les personnages sont tous animés d'une puissante foi en Dieu.

La foi et la religion jouent un rôle plutôt secondaire.

La fin du roman est ouverte, Freder devra dans l'avenir reconstruire la ville.

La scène finale du film, conclusive, montre Joh Fredersen serrant la main de Grot sous les encouragements de Freder.

Freder et Grot, qui sont en conflit, sauvent les enfants et Maria de la ville ouvrière sous les eaux.

Freder et Josaphat, qui sont amis, sauvent Maria et les enfants.

Commentaires

Les dieux-machines

Tout au long du roman, Thea von Harbou insiste beaucoup sur les métaphores religieuses, comparant fréquemment les machines de Metropolis à de nouvelles divinités cruelles et affamées de chair humaine, tandis que les entrepôts seraient de nouveaux temples païens. Au gré de leurs formes et de leur aspect, les machines sont tantôt comparées à des divinités ancestrales comme Baal, Moloch, Dourgâ, Huitzilopochtli, Ganesha ou Juggernaut, tantôt à des lieux ou à des symboles culturels et religieux comme les croix de Golgotha ou le cimeterre de Mahomet.

La romancière montre l'inexorable montée en puissance et le proche avènement de ces nouveaux dieux qui aspirent eux-mêmes à une nouvelle génération d'adorateurs : les hommes-machines. Le seul et dernier rempart capable de contenir ou d'empêcher ce changement de paradigme culturel et religieux, c'est l'amour (caritas) et l'empathie prônée par la foi chrétienne avec l'ancienne cathédrale de Metropolis, que Joh Fredersen envisage de raser, la secte des Gothiques et le moine Desertus, qui font pénitence en attendant le Jour du Jugement dernier, et enfin la foi en Dieu inébranlable de Freder et de Maria qui les aidera à s'opposer à la toute-puissance de Joh Fredersen.

Les chemins du cœur

L'intrigue et la structure du récit reposent sur l'inter-relation entre les mains, outils privilégiés de l'action incarnés par les ouvriers, le cerveau, siège de la réflexion représentée par Joh Fredersen, et le cœur, lieu symbolique de l'affect, de l'émotion et de l'empathie, incarné par Maria et Freder. Ils seront les deux médiateurs qui auront pour tâche ultime de réconcilier les ouvriers et les concepteurs d'un projet aussi grandiose que celui de Metropolis.

Mais le cœur, dans toute sa symbolique biologique, affective et amoureuse, joue également un rôle déterminant à d'autres niveaux du récit. Ainsi, Joh Fredersen et Rotwang se sont dans le passé disputé le cœur de Hel, mais aucun des deux n'a jamais été certain de l'avoir réellement conquis. Joh Fredersen retrouvera, à la fin du roman, le chemin du cœur de sa mère et de son fils, redécouvrant ainsi les joies de l'amour filial. Futura, quant à elle, conquiert le cœur des jeunes hommes de la ville pour les brûler de son amour désincarné et glacial. Enfin, c'est en portant un coup fatal au cœur de la cité, la machine centrale surveillée par Grot, qu'une aube nouvelle deviendra possible pour l'avenir de Metropolis.

L'importance du visage

Le visage joue un rôle littéraire et philosophique important tout au long du roman.

Littéraire, parce qu'il sert de fil rouge aux différentes fils narratifs du récit : au début du roman, Freder est obsédé par le visage de Maria qu'il associe à celui de la Vierge Marie ; Futura, l'être artificiel de Rotwang, est terminée, mais il lui manque encore un visage ; et à la fin du roman, Joh Fredersen, mort de chagrin et d'inquiétude pour Freder, a l'impression de regarder pour la première fois le visage de son fils.

Philosophique, parce que le visage est directement associé à ce que l'être humain à de plus profond, de plus intime et de plus existentiel. Rotwang reproduit sur Futura le visage de Maria et pense ainsi lui avoir volé son âme, tandis que Joh Fredersen retrouve une relation filiale en redécouvrant la singularité de son visage. Cette thématique philosophique du visage pourrait être dans une certaine mesure rapprochée de ce qu'en fera quelques décennies plus tard, d'un point de vue plutôt éthique, un philosophe comme Emmanuel Levinas, dans Totalité et infini (1961).

La Tour de Babel et l'incompréhension des hommes

Dans son roman, Thea von Harbou, par l'intermédiaire de son personnage Maria, donne une interprétation originale de la diversité de langues qui fait suite à la construction de la Tour de Babel, au chapitre 11 de la Genèse. L'incompréhension entre les hommes, châtiment biblique de Dieu pour punir leur orgueil, ne proviendrait pas de la diversité des langues, mais relèverait d'un simple problème de sémiotique. Tandis que le mot « Tour » renvoie pour les architectes de Babel au rêve d'absolu et d'ascension vers la divinité, les ouvriers n'entendent derrière ce mot que le cauchemar des souffrances qu'ils subissent chaque jour de sa construction. Pour un seul et même signifiant, les signifiés et leurs connotations affectives divergent, le lien original entre signifiant et signifié se brise et dénonce symboliquement une fracture sociale entre le cerveau et les mains, entre les architectes et les ouvriers, entre les concepteurs et les exécutants.

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