Mouvement anti-tabac sous le Troisième Reich - Définition

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Recherches

Lorsque les Nazis arrivent au pouvoir, en janvier 1933, l'Allemagne est à la pointe des recherches et des études sur les effets du tabac sur la santé publique. Le lien entre le cancer du poumon et le tabac est établi, pour la première fois, en Allemagne dans les années trente contrairement à la croyance largement répandue qui attribue aux scientifiques américains et britanniques la paternité de cette découverte dans les années 1950. Le terme de « tabagisme passif » (Passivrauchen) est également créé en Allemagne à la même époque. Le régime nazi finance des études épidémiologiques sur les effets délétères de la consommation de tabac et de nombreuses recherches révèlent les effets désastreux du tabagisme sur la santé. Hitler accorde personnellement un support financier au Wissenschaftliches Institut zur Erforschung der Tabakgefahren (« Institut pour la Recherche sur les Dangers du Tabac ») de l'Université d'Iéna, principal institut anti-tabac d'Allemagne, fondé en 1941 et dirigé par Karl Astel.

Franz H. Müller en 1939 et E. Schairer en 1943 sont les premiers à utiliser des méthodes épidémiologiques dites de « cas-témoin » pour étudier le cancer du poumon chez les fumeurs. En 1939, Müller publie un rapport dans un journal sur le cancer, réputé en Allemagne, qui affirme que la prévalence du cancer du poumon était plus élevée chez les fumeurs. Müller, décrit comme « le père oublié de l'épidémiologie expérimentale », est un membre de la Nationalsozialistisches Kraftfahrkorps (NSKK) et du Parti Nazi. La publication de Müller de 1939 est la première étude épidémiologique contrôlée au monde qui établit le lien entre le tabac et le cancer du poumon. Outre le fait de mentionner l'incidence croissante du cancer du poumon et de nombreuses causes sous-jacentes, comme les poussières, les gaz d'échappement des véhicules, la tuberculose, les rayons X et les polluants des usines, le document de Müller souligne que « l'importance de la fumée de tabac a été poussée de plus en plus au premier plan ».

Les médecins du Troisième Reich sont conscients que la consommation de tabac est impliquée dans plusieurs complications cardiovasculaires. L'absorption de nicotine est parfois considérée comme responsable de l'augmentation des cas d'infarctus du myocarde dans le pays. Dans les dernières années de la Seconde Guerre mondiale, les chercheurs considèrent la nicotine comme un facteur provoquant les infarctus du myocarde subis par un nombre significatif de militaires sur le Front de l'Est. Un pathologiste de l'armée examine trente-trois jeunes soldats décédés d'un infarctus du myocarde sur le front et publie dans un rapport, en 1944, que tous sont des « fumeurs enthousiastes ». Il cite l'opinion du pathologiste Franz Buchner qui déclare que les cigarettes sont « un poison coronarien du premier ordre ».

Les motivations

L'attitude d'Hitler face au tabagisme

Gros fumeur durant sa jeunesse, consommant de 24 à 40 cigarettes par jour, Adolf Hitler réussit à s'arrêter en considérant que fumer constitue une importante perte d'argent. Après avoir arrêté, il considère le tabagisme comme « décadent » et comme le résultat de « la colère de l'homme rouge contre l'homme blanc, vengeant son don d'alcool fort ». Il se lamente que « tant d'excellents hommes ont été perdus par un empoisonnement au tabac ». Hitler est souvent considéré comme le premier chef d'état à prôner la lutte anti-tabac. Mécontent qu'Eva Braun et Martin Bormann soient tous deux fumeurs, il est également préoccupé par Hermann Göring qui fume continuellement dans les lieux publics et il se montre particulièrement ennuyé lorsqu'une statue représentant Göring fumant un cigare est commandée.

Hitler désapprouve la liberté de fumer des militaires ; durant la Seconde Guerre mondiale, il déclare le 2 mars 1942 : « c'était une erreur, imputable au commandement de l'armée à l'époque, au début de la guerre ». Il annonce également qu'il est « incorrect de dire qu'un soldat ne pouvait vivre sans fumer » et promet la fin de la consommation de tabac dans l'armée après la fin de la guerre. Hitler encourage personnellement ses amis proches à ne pas fumer et récompense ceux qui arrêtent. Cependant, son dégoût personnel pour le tabac n'est qu'une des nombreuses raisons à l'origine des campagnes anti-tabac sous le régime nazi.

Les politiques eugénistes

Les politiques eugénistes nazies constituent également un important facteur à l'origine des campagnes anti-tabac. Les femmes fumeuses sont considérées comme plus sujettes à un vieillissement prématuré et à une perte d'attractivité physique, et par là même inaptes à servir de femmes et mères dans les familles allemandes. Werner Huttig de l'Office des Politiques Raciales du Parti Nazi (Rassenpolitisches Amt) affirme que le lait maternel des fumeuses contient de la nicotine, un fait maintenant établi par la recherche. Martin Staemmler, médecin réputé du Troisième Reich, juge que la consommation de tabac chez la femme enceinte entraîne un taux plus important d'enfants mort-nés et de fausses couches. Cette opinion est partagée par Agnes Bluhm, hygiéniste raciale réputée, dans son livre publié en 1936. Les dirigeants nazis s'emparent de cette problématique, souhaitant eux aussi favoriser la fécondité des femmes allemandes. Un article publié dans un journal de gynécologie en 1943 affirme que les femmes fumant trois cigarettes ou plus par jour sont plus susceptibles de rester sans enfant comparativement aux non fumeuses.

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