Bien que les systèmes de P2P anonymes peuvent aider à la protection de propos impopulaires, ils peuvent aussi abriter des activités illégales ne pouvant revendiquer une quelconque liberté d'expression : la fraude, la diffamation, l'échange de photos ou de propos pornographiques illégaux, la copie d'œuvres protégées par copyright ou l'élaboration de différentes activités criminelles. Les détracteurs des réseaux anonymes estiment que les avantages offerts ne pèsent pas lourds face aux désavantages, sachant que d'autres canaux existent déjà et suffisent aux échanges impopulaires.
Certains développeurs de systèmes de P2P anonymes pensent que toute restriction de la liberté d'expression sert les intérêts des autorités. D'autres prétendent que l'information elle-même est éthiquement neutre, mais que les gens qui la travaillent la rendent bonne ou mauvaise. De même, la perception du bien et du mal peut aussi changer (voir panique morale) ; par exemple, si les réseaux peer-to-peer avaient existé dans les années 1950 ou 1960, ils auraient été soupçonnés de véhiculer des informations sur les droits civiques ou l'anarchie.
Certains voient dans les réseaux anonymes P2P une démocratisation des technologies de cryptage, permettant à tout un chacun d'accéder aux canaux de communications sécurisés utilisés par les gouvernements. Les adeptes de ce point de vue estiment que les techniques d'anti-surveillance contribuent à rétablir l'égalité entre le pouvoir et le peuple, ce qui est actuellement la raison de leur bannissement. Certains pensent que manipuler la population aide à contenir les menaces envers un "ordre établi consensuel", ou contre les structures et les privilèges du pouvoir.
Certains prétendent que la véritable liberté d'expression, en particulier sur des sujets controversés, est difficile, voire impossible à moins que chacun ne puisse s'exprimer de manière anonyme. Sans anonymat, des menaces ou des représailles peuvent s'exercer pour avoir fait état d'un point de vue différent de celui de la vox populi. C'est l'une des raisons qui fait que, dans la plupart des démocraties, les votes s'effectuent à bulletin secret. Des informations controversées que certains voudraient étouffer, telles que les affaires de corruption, sont souvent divulguées et publiées anonymement.
Les blogs sont la part la plus courante des réseaux anonymes.
Alors que créer un blog anonyme est possible sur l'internet classique - jusqu'à un certain point, un hébergeur peut être contraint de fournir l'adresse IP d'un bloggeur (voir le cas de Google). Pour cette raison, les réseaux anonymes fournissent un bien meilleur degré d'anonymat ; les flogs (contraction de Freenet blogs) de Freenet, Syndie de I2P ou Osiris SPS sont des exemples de blogs sous technologies anonymes.
L'un des arguments en faveur du blog anonyme est le contexte délicat du travail. Un bloggeur écrivant sous sa réelle identité doit faire un choix entre se taire (pratique de l'auto-censure) ou risquer de faire du tort à lui-même, à ses collègues ou à l'entreprise pour laquelle il travaille.
Le risque de poursuites judiciaires en est une autre raison ; des bloggeurs ont supporté des procès de plusieurs millions de dollars, procès qui ont, par la suite, été complètement abandonnés. Le blog anonyme prévient tout risque de ce type.
On trouvera dans Libertés sur Internet#Cas des blogs quelques exemples purement français.
Sur le Web, un nom de domaine du type "mon.site.com" est la clé d'une masse d'informations. Le cas du site Wikileaks montre que les noms de domaine sont extrêmement sensibles à la censure : certains registrars - bureaux d'enregistrement en français - ont suspendus les noms de domaine de leurs clients sans même l'avis d'une cour de justice.
Pour le client concerné, le blocage d'un nom de domaine est un problème autrement plus important que le refus du registrar à fournir un simple service : le registrar garde en fait le contrôle total sur toutes les adresses portant le nom en question. Citons pour exemple le cas d'une agence de voyages européenne qui s'est vue bloquée, sans autre forme de procès, sur plus de 80 de ses adresses .com, toujours contrôlées depuis lors par le registrar. L'agence a dû reconstruire tous ses sites sous le domaine de premier niveau .net.
En cela, les réseaux anonymes n'ont pas besoin d'avoir recours à un registre de noms de domaine. Freenet, par exemple, implémente des URLs basées sur une clé publique cryptée résistant à la censure : seule une personne possédant la clé privée correcte peut mettre l'URL à jour ou la détruire.
Le P2P anonyme trouve son intérêt dans les échanges quotidiens de toutes sortes. Dans la vie quotidienne, il revient à chacune des parties en présence de révéler ou non leur identité (ou tout autre détail personnel) ; bien souvent, ces informations sont parfaitement inutiles. Avec le P2P anonyme, il s'agit ni plus ni moins de recréer dans le monde virtuel un état de fait qui nous est familier dans la vie de tous les jours : nul n'est besoin de savoir le nom de la personne à qui l'on achète un kilo de pommes sur le marché ou de connaître les opinions politiques du serveur qui vous apporte une bière sur la terrasse d'un café. Ces informations, inutiles dans le cadre strict du service pour lequel vous leur avez fait appel, relèvent de la liberté de chacun à les divulguer ou non, et à qui. N'oublions pas que ces informations données sur la Toile sont la cause de bien des désagréments dont le spam n'est que le sommet de l'iceberg.
La surveillance en ligne, consistant à enregistrer et conserver des informations sur l'usage du Web et les échanges de courriels, peut avoir des conséquences néfastes sur des activités parfaitement légales : elles peuvent décourager les usagers d'accéder à des informations sensibles (politiques, sociales...) tout comme de communiquer à leur sujet, de peur d'être perçus comme suspects. En France, le récent système Hérisson en cours de développement, ou Echelon aux États-Unis.
Selon le professeur de droit Daniel J. Solove, de telles conséquences "nuisent à la société car, entre autres, elles réduisent à la fois les points de vue exprimés et le degré de liberté de chacun à s'engager dans une activité politique."
De nombreux pays interdisent ou censurent la parution de certains livres et films, tout comme certains types de contenus (citons par exemple, pour la France, le livre de Claude Guillon Suicide mode d'emploi ou les écrits sur le négationnisme). D'autres produits peuvent être possédés mais non distribués (les productions artistiques sous copyright, les logiciels - de jeux ou autres - sous licence, ...). Il apparaît difficile de renforcer ces lois anti-piratage sur les réseaux P2P anonymes où le téléchargement de warez ( = copies de produits sous copyright) reste fréquent (voir la Loi Création et Internet).
Avec l'argent anonyme, il devient possible de créer des marchés où chacun peut tout acheter de façon entièrement anonyme, en contournant, entre autres, le paiement des taxes. Toutefois, tout échange de marchandises ou de biens entre deux parties pourrait compromettre l'anonymat.
On prétend que l'argent liquide procure un semblable anonymat ; les lois existantes, adaptées au combat contre les délits comme l'évasion fiscale, seraient tout autant adaptées à combattre ceux découlant de l'argent anonyme, en ligne ou non.