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Coordonnées | |
Pays | Croatie |
Région** | Europe et Amérique du nord |
Type | Culturel |
Critères | (ii)(iii)(iv) |
Numéro d'identification | 97 |
Année d’inscription | 1979 |
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Le palais de Dioclétien (en croate, Dioklecijanova palača) est la résidence impériale fortifiée construite par l'empereur Dioclétien sur la côte dalmate pour s'y retirer après son abdication volontaire en 305. C'est l'un des édifices de l'Antiquité tardive les mieux conservés. Ces vestiges sont préservés dans le cœur historique de Split, en Croatie. Contrairement à une légende populaire, la ville - Spalatum en latin - doit son nom à celui de la cité grecque voisine d' Aspalathos - « buisson blanc » - et non au terme latin signifiant palais - palatium. L'empereur Dioclétien y vécut l'essentiel des dernières années de sa vie et, à sa mort, son corps fut déposé dans un sarcophage placé dans le mausolée qu'il y avait fait construire. Le palais est un témoignage exceptionnel de la mise en scène architecturale de l'idéologie tétrarchique qui ne survécut pas à son fondateur. Réunissant une résidence de prestige, un temple dynastique et un mausolée, c'est le prototype d'un modèle palatial tétrarchique qui connut deux autres itérations moins grandioses, à Romuliana pour Galère et à Šarkamen sans doute pour Maximin Daïa. Après la disparition de son commanditaire, le palais continua jusqu'au VIe siècle de servir de résidence officielle pour l'administration provinciale et de grands personnages en exil, mais elle abrita aussi une manufacture de textile. Après les invasions slaves, une petite ville se développa dans ses murs et succéda à Salone comme siège épiscopal et siège administratif des autorités byzantines. Elle finit par passer sous contrôle vénitien et demeura une place forte de la République jusqu'à la dissolution de cette dernière en 1797. Dès le XVIe siècle, les vestiges du palais attirèrent l'attention des architectes et érudits européens, et eurent une influence certaine sur le courant néoclassique.
Après deux décennies au sommet du pouvoir, une longévité à laquelle Rome n'est plus habituée depuis la fin du IIe siècle, l'empereur Dioclétien paraît fatigué et usé par les responsabilités : le 20 novembre 304, un an exactement après la célébration de ses vicennalia (novembre 303), il s'effondre à l'issue de la cérémonie d'inauguration du cirque de Nicomédie. Revenu malade de sa campagne sur le Danube contre les Carpes, sa condition a empiré, et il est très affaibli. Il reste confiné dans son palais pendant l'hiver suivant, au point que des rumeurs sur sa mort ne tardent pas à courir dans la ville. Lorsqu'il réapparaît finalement aux yeux du public le 1er mars 305, c'est comme un homme malade aux traits émaciés, à peine reconnaissable. Galère l'a alors rejoint et, selon Lactance, le presse de se retirer à son profit. La crédibilité de cette source n'étant pas exemplaire, il est tout aussi probable que c'est Dioclétien lui-même qui décide d'abdiquer et de mettre à exécution un projet qu'il a peut-être conçu dès 295 et dont il s'est entretenu avec le second Auguste, Maximien, lors de leur dernière entrevue en 303 : si la maladie dicte vraisemblablement le calendrier précis de sa mise en application, la décision elle-même correspond à un plan arrêté de longue date. Le 1er mai 305, sur une colline à quelques kilomètres de Nicomédie, à l'endroit même où il avait été proclamé empereur, Dioclétien s'adresse à ses soldats pour leur signifier son abdication et le transfert du pouvoir suprême aux nouveaux augustes Galère et Constance Chlore, assistés de deux nouveaux césars, Maximin Daïa et Flavius Valerius Severus. Le même jour, son collègue Maximien abdique à Milan et remet ses pouvoirs à Constance Chlore.
Cette abdication est un fait politique inouï qui frappe les contemporains : Dioclétien redevient un simple citoyen (même s'il garde la dignité d'Auguste) et se retire dans sa région natale où il avait fait construire une résidence pour sa retraite à Spalato. Âgé d'un peu plus de 60 ans, il y vit encore une dizaine d'années, suffisamment pour voir s'écrouler le système politique qu'il avait imaginé pour garantir le salut de l'empire. Il résiste néanmoins aux sollicitations de ceux qui le pressent de sortir de sa retraite pour mettre fin à la guerre civile qui oppose ses successeurs. En 308 seulement, il devient une nouvelle fois consul et accepte, à la demande de Galère, de se rendre à l'entrevue de Carnuntum le 11 novembre : là, il contraint Maximien à mettre fin à sa tentative de revenir au pouvoir, tandis que Licinius est nommé Auguste en remplacement de Severus tué par Maxence. Mais c'est sa dernière intervention dans les affaires politiques de l'empire : lorsqu'on lui demande de reprendre la pourpre pour mettre fin à l'usurpation de Maxence, il répond littéralement qu'il préfère cultiver ses choux dans sa retraite dalmatienne. Il ne quitte plus Spalato les années suivantes, même pour essayer de sauver sa femme Prisca et sa fille Galeria Valeria, que la mort de son mari, Galère, en 311, a mises à la merci de Maximin et Licinius : il se contente d'envoyer messages et émissaires auprès des deux empereurs en leur faveur. Cette retraite est si complète qu'on ne connaît pas avec certitude les causes ni la date exacte de sa mort — peut-être le 3 décembre 311.
Si Dioclétien réside donc à Spalato presque continûment de 305 à 311, la date de la construction du palais n'est pas connue avec certitude. Le fait qu'il existât déjà en 305 (mais rien ne dit qu'il était totalement achevé) est parfois considéré comme une preuve que l'abdication de Dioclétien fut planifiée dès le départ dans le projet politique tétrarchique, auquel cas la construction en aurait commencé vers 295. Il peut aussi être plus tardif. Une date possible pour la mise en chantier du palais est l'année 298, lorsque l'Empire connaît un bref répit militaire après plusieurs succès retentissants, notamment de Galère contre les Perses et de Dioclétien lui-même en Égypte : de l'automne 297 à l'été 298, Dioclétien mate en effet les rébellions des usurpateurs Lucius Domitius Domitianus, d'abord, et d'Aurelius Achilleus, en Thébaïde, dans le Fayoum. Il fonde en cette occasion de nouvelles cités, Diocletianopolis et Maximianopolis. Le séjour égyptien de Dioclétien dure ainsi près d'un an et demi, pendant lequel il s'occupe notamment de planifier des constructions à Rome comme les thermes qui portent son nom. Une lettre du procurateur de Thébaïde, Aurelius Isidorus, datée du 28 janvier 300, concerne ainsi le transport de Syène à Alexandrie de colonnes qui sont destinées à un monument de Dioclétien. Le palais de Split est justement remarquable par l'abondance de ses matériaux d'origine égyptienne : les douze statues des sphinx, les centaines de colonnes de granite rouge, rose ou gris, de porphyre, de certains marbres proviennent d'Égypte. Cette particularité peut être rapprochée du passage de l'empereur en Égypte, auquel cas la construction du palais ne serait pas antérieure à 298. Cela ne reste en tout état de cause qu'une hypothèse : aucune donnée archéologique ou littéraire ne permet de préciser la date de son édification ou de déterminer si sa construction était achevée en 305.