Cet article concerne le palais de Sanssouci en Allemagne. Pour le palais de Sans-souci (Haïti), voir Parc national historique - Citadelle, Sans-Souci, Ramiers
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Coordonnées | |
Pays | Allemagne |
Région** | Europe et Amérique du Nord |
Type | Culturel |
Critères | i, ii, iv |
Numéro d'identification | 532ter |
Année d’inscription | 1990 |
Année d’extension | 1999 |
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Le palais de Sanssouci ou Sans-Souci (Schloss Sanssouci en allemand) est l'ancien palais d'été du roi de Prusse Frédéric le Grand. Il est situé dans le Brandebourg près de la ville de Potsdam, à vingt-six kilomètres au sud-ouest de Berlin. On range souvent Sanssouci parmi les principaux rivaux du château de Versailles, bien que le palais ait été réalisé dans un style rococo plus intimiste et soit par ailleurs nettement plus petit que son homologue français. Le palais de Frédéric est renommé pour les nombreux temples ou autres extravagances du parc de Sans souci, attenant à l'édifice.
Réalisé par Georg Wenzeslaus von Knobelsdorff entre 1745 et 1747, Sans souci répondait au besoin qu'avait Frédéric II ,d'une résidence privée où se détendre, loin des solennités de la cour berlinoise. Le « palais », pour cette raison, s'apparente en réalité davantage à une grosse villa, et son véritable équivalent en France est le château de Marly. Le roi y réunissait ses proches — il y reçut Voltaire — et la conversation se faisait uniquement en français, pour des repas en petit nombre, des tabagies, ou des concerts quotidiens privés où le roi se mettait souvent à la flûte. Le bâtiment de dix pièces s'étend sur un seul niveau, au sommet d'une colline en terrasses et au centre du parc. Les goûts personnels du roi ont eu une telle influence sur la conception et la décoration du palais que l'on parle parfois de « rococo frédéricien ». Frédéric lui-même considérait l'endroit si lié à sa propre personne qu'il le voyait comme « un lieu qui mourrait avec lui ».
Au XIXe siècle, le palais devint la résidence du roi Frédéric-Guillaume IV. Ce dernier engagea l'architecte Ludwig Persius pour agrandir l'édifice, tandis que Ferdinand von Arnim fut chargé d'embellir les environs afin d'offrir un meilleur panorama depuis le palais. Après la Seconde Guerre mondiale, le palais devint une attraction touristique en République démocratique allemande. Le gouvernement est-allemand, sensible à la valeur historique du site, fit le choix de le garder en l'état et de l'entretenir. À la suite de la réunification allemande, la dernière volonté de Frédéric le Grand put enfin être accomplie : son corps revint en ce lieu tant aimé et y trouva une nouvelle tombe. Sanssouci et ses vastes jardins furent inscrits au patrimoine mondial de l'UNESCO en 1990. Les palais impériaux des alentours de Berlin sont aujourd'hui visités par plus de deux millions de personnes tous les ans.
L'emplacement et la disposition de Sanssouci au-dessus d'un coteau de vignes reflètent l'idéal pré-romantique d'harmonie entre l'homme et la nature dans un paysage ordonné par la main du jardinier. Frédéric II n'aimait pas les jardins à l'anglaise, préférant les jardins à la française. La viticulture, très vite, passe au second plan et cède la place aux jardins d'agrément. La colline sur laquelle Frédéric décide d'implanter son vignoble en terrasse devient l'axe central de son domaine, couronné par un château relativement modeste - mein Weinberghäuschen (« mon petit cellier »), comme Frédéric se plaît à l'appeler. Bénéficiant d'une vue panoramique sur les alentours, le roi désire résider ici « sans souci » et s'y livrer à ses passions artistiques ou personnelles. Le palais est réservé au roi et à ses proches pendant les mois d'été, de fin avril à début octobre.
Vingt ans après l'achèvement de Sanssouci, Frédéric construit également le Nouveau Palais (Neues Palais) à l’ouest du parc. Cette construction plus ambitieuse est en contraste total avec le projet intime de Sanssouci, il s'agit alors de montrer au monde la puissance et la force de la Prusse dans le plus pur style baroque. Le dessein est d'affirmer que le pays conserve intactes ses ressources en dépit de la quasi défaite prussienne lors de guerre de Sept Ans. Frédéric le Grand ne cache pas ses intentions et parle même, au sujet de cette nouvelle construction, d'une « fanfaronnade ».
Cette conception globale, fait comparer cet ensemble palatin au Château de Versailles, avec Sanssouci dans le rôle du Grand Trianon. Mais cette analogie s'arrête là. Contrairement aux Trianons, Sanssouci n'est pas conçu pour échapper aux pesanteurs du protocole et à l'omniprésence des courtisans puisqu'au moment de sa construction le « grand palais » n'existe tout simplement pas. Il est juste en revanche de concevoir ce palais comme une retraite dédiée aux menus plaisirs du souverain sans la lourdeur de l'étiquette royale et sans volonté d'apparat. Contrairement aux Trianons encore, Sanssouci est conçu comme un tout.