Pigeon photographe - Définition

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Introduction

Pigeon espion allemand muni d'une caméra, probablement lors de la Première Guerre mondiale.

Le pigeon photographe est une méthode de photographie aérienne inventée par l'apothicaire allemand Julius Neubronner. Un pigeon voyageur est équipé d'un harnais qui transfert le poids d'une petite caméra de la poitrine au dos. Quand le pigeon est libéré, il retourne au colombier sur un trajet et à une vitesse relativement prévisibles. Cela permet de contrôler à peu près les endroits où le déclencheur automatique prendra des photos aériennes.

Neubronner arrête ses expériences après la Première Guerre mondiale puisque l'armée allemande n'était plus intéressée. Un deuxième essai entrepris dans les années 1930 par l'horloger argovien Adrian Michel n'eut pas plus de succès. Néanmoins on peut penser que la méthode fut appliquée à petite échelle durant la Deuxième Guerre mondiale, non seulement du côté allemand mais aussi du côté français, ainsi que dans les années 1970 par la CIA.

Origines

Les premières photographies aériennes furent prises en 1858 par le ballonier Nadar ; la plus ancienne conservée a été prise en 1860 par James Wallace Black, du même ballon. À la fin du 19e siècle des progrès dans la technique photographique permirent son emploi dans des engins volants sans pilotes. Ainsi Arthur Batut expérimentait dans les années 1880 le photo cervolisme. Beaucoup d'autres suivirent, et, en 1896, William Abner Eddy prit de bonnes photos avec cette technique. En 1888, Amedee Deniss équipa une fusée avec une caméra et un parachute, et en 1897 Alfred Nobel pratiqua aussi la photographie par fusée.

Durant le 19e et 20e siècle les pigeons voyageurs furent beaucoup employés comme messagers civiles et messagers de guerre. Pendant la guerre franco-allemande de 1870/1871 la fameuse poste pigeonnière de Paris transportait jusqu'à 50 000 télégrammes microfilmés par vol de pigeon de Tours jusqu'à la capitale assiégée (au total 100 000 dépêches d'État et un million de messages privés).

Dans une expérience de la Société technique impériale russe de Saint-Pétersbourg, Alexandre de Kowanko, le chef du corps de ballon russe, fit en 1889 des photographies aériennes à partir d'un ballon et envoya les négatifs de collodion développés à la terre par moyen d'un pigeon voyageur.

Première Guerre mondiale

Dès le commencement, l'invention de Neubronner était motivée, au moins partiellement, du prospect d'applications militaires. À cette époque, la reconnaissance aérienne photographique était possible mais pénible, car elle impliquait l'emploi d'aérostats, de cerfs-volants ou de fusées. Le premier vol réussi des frères Wright en 1903 ouvrit la porte à de nouvelles options, qui furent optimisées durant la Première Guerre mondiale. Mais les pigeons photographes, avec toutes leurs difficultés techniques, promettaient de fournir des photos supplémentaires, plus détaillées et prises d'une altitude plus modérée.

Colombier et chambre noire mobile de Neubronner, présentés aux expéditions de 1909

Le ministère de guerre prussien était intéressé, mais le scepticisme des officiers devait être surmonté aux moyens d'une suite de démonstrations réussites. Les pigeons restaient relativement indifférents aux explosions, mais la principale difficulté dans les conditions d'une bataille restait le fait qu'après un déplacement du colombier – même s'il s'agit seulement de quelques mètres – un pigeon ne sait plus quoi faire. Il faut alors l'accoutumer à la nouvelle position dans un long processus qui n'est pas toujours réalisable lors d'une bataille. Le problème de faire accepter aux pigeons voyageurs, avec un effort minimal, un colombier décalé avait été attaqué avec quelque succès par l'armée italienne vers 1880 ; un capitaine de l'artillerie française, nommé Reynaud, l'avait résolu en élevant des pigeons jeunes dans un colombier vagabondant (aujourd'hui on sait que les pigeons ont tout un arsenal de méthodes d'orientation ; il faut leur faire choisir celles qui sont applicable dans cette situation). On ne sait pas si Neubronner avait eut connaissance de ces travaux, mais il savait qu'une solution devait exister puisqu'on lui avait parlé d'un forain colombophile qui voyageait avec un colombier dans sa roulotte. Aux expositions de Dresde et Francfort Neubronner présenta d'abord une petite voiture hippomobile qui combinait une chambre noire avec un colombier. Durant des mois de travail pénible il éleva des pigeons voyageurs adaptés à la vie itinérante.

En 1912, Neubronner termina la tâche fixée en 1909 de photographier le centre de distribution des eaux à Tegel en utilisant seulement son colombier mobile. La fin de presque dix ans de négociations était prévue pour août 1914, à l'occasion d'une manœuvre de Strasbourg, suivie par l'acquisition publique de l'invention. Ces plans furent contrariés par l'irruption de la guerre. Neubronner dut mettre tous ses pigeons et tout son équipement à la disposition de l'armée, qui les testèrent sur le front avec des résultats satisfaisants.

Pour finir, les pigeons photographes ne triompheront pas dans la surveillance aérienne. Par contre, avec les conditions nouvelles de la guerre des tranchées les pigeons voyageurs connurent une renaissance dans leur rôle de messagers. Le colombier mobile se retrouva à la bataille de Verdun, où on se satisfit qu'il fut introduit au préalable durant la bataille de la Somme. Après la guerre le ministère de la guerre avisa Neubronner qu'il n'existait pas de valeur militaire pour les pigeons photographes et que continuer ses expériences ne serait pas justifiées.

Le musée international de l'espionage (International Spy Museum) de Washington a dédié une petite salle aux pigeons photographes et leur mission dans la Première Guerre mondiale.

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