Le prieuré de Saint-Martin, situé à Laval dans la Mayenne est un prieuré fondé au XIe siècle, qui dépendait de l'abbaye de Marmoutier.
La date précise de la fondation du prieuré de Saint-Martin ne nous est pas connue. Généralement on l'attribue à Guy II de Laval ; Courvaisier et André René Le Paige l'attribuent à Guy III de Laval.
La fondation du prieuré de Saint-Martin est antérieure à l'année 1040. L'Art de vérifier les dates cite comme relatant cette fondation, trois chartes, l'une de cette année 1040, l'autre de 1046, la troisième de 1066. Ces deux dernières ne nous sont pas parvenues. Mais en 1840, Louis-Julien Morin de la Beauluère a découvert le chartrier de Saint-Martin, où se trouve une charte portant en marge et ajoutée d'une écriture plus récente la date en chiffres 1040.
Cette charte, est la même que celle de l'Art de vérifier les dates ; car toutes les deux sont suivies des noms des mêmes enfants de Guy, ce qui prouve en même temps, l'exactitude de la date 1040. Elle a été publiée.
Elle relate la fondation. Selon l'usage du temps, la donation primordiale avait, sans doute, été seulement verbale, et ce n'était qu'un peu plus tard qu'on avait pensé à l'appuyer par un titre écrit. Cette charte établit les droits réciproques de Guy et des moines, sur les marchés. On y voit que le seigneur s'était dépouillé de son droit de rendre la justice aux habitants de la terre concédée et que ce droit était passé aux moines. Guy y donne aussi le droit de prendre du bois dans ses forêts et affranchit les religieux de tout droit de péage. Moyennant ces concessions, l'abbé du Grand monastère s'engage à bâtir le prieuré et à l'administrer comme les autres obédiences.
L'abbé du Grand monastère , les moines du Grand monastère dont il sera bientôt question dans un autre acte authentique, sont l'abbé et les moines de l'abbaye de Marmoutier, en faveur desquels avait été faite la fondation. Ces moines étaient déjà depuis longtemps établis à Laval, au bourg Saint-Martin où ils avaient une chapelle ou chapellenie. Ils desservaient même aux environs plusieurs paroisses, comme celle de Saint-Berthevin, de Saint-Cyr et du Genest, dont ils ont été jusqu'à la Révolution française, curés primitifs.
Jean de Laval, un des fils de Guy II s'étant fait moine à Marmoutier, ce fut sans doute ce qui détermina son père à donner Saint-Martin aux religieux de cette abbaye. Cet acte de 1040 fut sans doute envoyé de l'abbaye-mère, à l'occasion d'une discussion qui s'éleva entre les religieux de Saint-Martin de Laval et les moines d'Auvers.
Rainaldus, abbé d'Évron soutenant la cause de ces derniers, prétendait que Guy, après leur avoir fait donation de quamdam terram ad portam Rhédonensem, voulait les en frustrer pour en gratifier les moines de Saint-Martin. Ceux-ci arguaient de leur possession et montraient un titre. La cause fut portée devant Guillaume le Conquérant, duc de Normandie et alors comte du Maine. Celui-ci convoqua les parties au château de Domfront, et de l'avis des évêques et barons de la province, maintint les moines de Saint-Martin dans leur possession. Cet arrêt souverain ; prononcé dans un temps ou les seigneurs rendaient par eux-mêmes la justice est assez précieux.
Transcription de l'extrait qu'en donne Charles Maucourt de Bourjolly : Post non longum tempus, cum comes teneret curiam suam apud Castellurn quod nomen babet Domnus de fronte, tenuit placitum de hâc ipsà re et cum videret monachos Sancti Petri de Culturà, neque litteras, neque lestom habere ullum qui diccret quod Guido non dederat rem illam neque monachis de Culturà, quando eis dedit ecclesiam de Hauvers, quod juramentum Guido afferens Rainaldo abbati, et ille nollet recipere, processit Cornes reddi monachis, majoris Monasterii res suas solutas et quietas.
Il serait assez difficile de déterminer aujourd'hui qu'elle était cette terre voisine de la porte Renaise. On ne peut que le conjecturer d'après un censif de 1589 et un aveu de 1749.
Le pouillé du diocèse fait connaître quelques-uns des revenus du prieuré. C'étaient des dîmes dans différentes paroisses, des rentes sur les moulins de Bootz, sur la cure de Saint-Berthevin, etc. Un domaine était aussi joint au prieuré qui possédait encore la métairie de la Morandière en Saint-Berthevin. Les moines avaient le droit de prendre chaque année dans la forêt de Concise 60 charretées de bois, et 48 seulement quand le prieur était absent.