25 novembre : Nicko, un des élèves de la classe, a disparu. Sara raconte :
« Grande émotion par les rues de tout Waldersbach, Belmont et Bellefosse : Nicko a disparu. Il s'est enfui de chez lui. Il n'est pas venu au poêle hier matin, jour de la Sainte Flora, où nous avons travaillé à faire des frises et des notations sur les herbiers. Je le croyais malade ou fatigué. Le soir, son père est venu heurter à la maison, pour demander quand Nicko était parti. J'ai dit que je ne l'avais pas vu de la journée. Alors, il s'est affligé, et a dû boire un coup de schnapps à la fiolatte. Il tremblait. J'ai dit que je savais qu'il avait été battu, et que ce n'était pas bien. Père était là, et je sais qu'il m'approuve. Il dit souvent que les violents sont mauvais, mauvais à eux-mêmes et aux autres. »
Le père de Nicko a battu son fils en raison de l'amitié de ce dernier avec Claude, qu'il juge excessive. Il « est reparti sous la neige, la tête triste, ne sachant que faire : accablé, il était seul dans le froid de la nuit, avec sa faute ; et personne pour la porter à sa place. »
Sara craint d'avoir parlé trop sévèrement : « Pardon mon Dieu si j'ai été sévère avec cet homme, c'est tout de même un père. »
Pendant plusieurs jours, les recherches sont vraines, et l'angoisse gagne la communauté en cet hiver vosgien. La situation s'aggrave même : Claude disparait à son tour le 1er décembre.
Les enfants sont retrouvés le 6 décembre, jour de la Saint Nicolas, en toute fin de journée :
« Merci à Dieu, merci à Dieu, on les a retrouvés, à la grotte de la forêt. Personne n'avait pensé qu'on devait aller chercher par la-haut. Ils étaient blottis au fond, contre la muraille de la roche, il y faisait moins froid que dehors. Ils avaient avec eux un reste de pain dur, des pommes de terre encore, le cahier de Nicko (là où il recopiait les versets des Psaumes, les poésies et les comptines) et la vieille couverture de calèche de son oncle. Ils étaient tout gelés, serrés l'un contre l'autre, et ils ne bougeaient plus. »
Le docteur de Fouday est appelé. Les enfants ne sont sauvés qu'avec difficultés. Le médecin menace le père de Nicko de prendre des mesures de police contre lui s'il continue à battre son fils. Oberlin réunit les paroissiens à l'église pour remercier Dieu.
Le 13 décembre, on décide de se rembourser avec intérêts de la Saint Nicolas manquée. C'est fête dans la petite classe de Sara : «Chacun a apporté un quelque chose pour leur faire un goûter digne d'un roi : une linzetorte à la confiture de brimbelles, des crêpes, de la crème, des confitures de mirabelles et de mures. La Rachel et le Jean-Pierre en étaient tous marmousés, et la Micheline était soûle de sucre comme une guêpe. Nicolatte a lancé : "C'est mieux que Noël, on est tous ensemble." Elle a eu la riotte et tous lui ont ri dessus." »
Le pasteur Oberlin vien faire un sermon dans la classe. La jeune institutrice craint à nouveau de se faire tancer pour sa sévérité à l'égard du père de Nicko, mais il n'en est rien.