Le coton de Sea Island est une variété de coton dont la qualité était prisée. Il s'agit du Gossypium barbadense. Il a joué un rôle majeur dans l'histoire de la culture du coton aux États-Unis.
Appelé aussi Géorgie long ou coton Géorgie longue-soie, le coton de "Sea island" (Gossypium barbadense) était encore considéré en 1845 par les industriels comme le "roi des cotons connus", tant "par sa longueur et sa finesse que par sa force, sa propreté et sa blancheur argentée, brillante".
En 1806, il se vendait 30 cents la livre contre 22 cents pour les autres variétés. Plus tard sur le marché français, certaines variétés de ce coton valèrent jusqu'à 8, 10, et même 14 livres le kilogramme, selon le dictionnaire des arts et manufactures de Charles Laboulaye (1845).
Il sera appelé aussi appelé par la suite "coton jumel", du nom de la partie de Saint-Domingue où est cultivé, avant l'insurrection de 1791, une variété avec laquelle il sera croisé. La longueur de ses fibres est adaptée aux machines inventées à cette époque en Angleterre, même si la plante elle n'est pas adaptée à tous les sols et les climats. Il sera ainsi implanté au 19ème siècle, en 1825, en Égypte, où est croisé avec le Jumel, puis en Inde après la guerre de Sécession, où il rencontre des difficultés d'adaptation et souffre de sa vulnérabilité à des maladies comme celle de la capsule.
C'est aux Bahamas que la nouvelle variété de coton a incubé. André IV Desveaux, issu d'une dynastie de planteurs d'indigo venus de Sait-Domingue épousa une loyaliste anglaise et dut partir après la guerre d'indépendance. Avec l'autorisation de Londres, il prit la tête d'une expédition d'anglais loyalistes qui envahissent les Bahamas, avec 6000 de leurs esclaves, faisant quadrupler la population noire de cet archipel et développant les nouvelles variétés de coton. Dès 1787, les Bahamas exportent 219 tonnes de coton "Sea Island", pour 27393 sterling, avant d'être contraint de revenir en Caroline, car le sol sableux des Bahamas s'épuise.
Leur retour fut précédé dès 1784 par celui du premier planteur de Sea Island cotton de Caroline du Sud, le colonel Roger Kelsal, mort en 1788, à qui a succédé son fils William Kelsal, mort en 1791 sur sa plantation de Little Exuma, aidé de son beau-frère Daniel de Saussure et de son associé Jean-Marc Verdier, appelé aussi John Mark Verdier. Le coton de Caroline s'est installé prioritairement sur les paroisses de Saint Helena et Saint Luke, dans l'archipel de Beaufort, où les Desveaux, dynastie de planteurs de Saint-Domingue avait développé auparavant l'indigo. A la frontière géorgienne toute proche, le planteur Alexandre Bissel plante du Sea Island cotton deux ans plus tard, dès 1786 et l'exporte en 1788. En 1790, en Caroline, William Eliott produit aussi cette variété de coton.
Cette variété de coton serait venue du Pérou ou d'Orient, selon les versions. Elle a pu être importée du Pérou en Orient, qui est jusqu'en 1740 la principale zone de culture du coton dans le monde.
Les innovations technologiques des premiers entrepreneurs du coton britannique incitent Kinsey Burden, planteur de coton en Caroline du Sud, à rechercher une machine permettant de trier les semences des fibres. Son "roller gin" mis au point en 1778, amélioré par les planteurs exilés aux Bahamas dans les années 1780, sera perfectionné en 1793 par le "cotton gin" d'Eli Whitney, mis au point sur une plantation de la rivière Savannah. Les planteurs recherchent alors des variétés de coton plus performantes, à poil plus long.
C'est après un succès-éclair aux Bahamas lors de la guerre d'indépendance américaine, que la Sea "Island cotton" a connu une très forte croissance, entre 1784 et 1800, lors de son acclimatation dans les dizaines d'îles qui ceinturent le littoral de Géorgie, au sud de la ville de Savannah, et de Caroline du Sud, au nord de cette ville. Dans les années 1790 et 1800 il est implanté le long de la rivière Savannah, qui sépare les deux États.
Les succès de la culture du coton ont déclenché à partir de 1785 en Géorgie les premiers épisodes spéculatifs du Scandale de Yazoo Land, une recherche effrénée de terres agricoles, qui prendra son ampleur dans les années 1790.