Soit A un anneau ; soit
une famille de A-modules, N un A-module ; soit
une famille d'applications linéaires.
Alors il existe une unique application
A-linéaire telle que :
,
avec
l'injection canonique.
Par analyse synthèse :
Supposons qu'un tel φ existe. Soit
; on a :
avec δik symbole de Kronecker ; on a :
et, pour
, φ((xn + xm) = φ((xn,0) + (0,xm)) = fn(xn) + fm(xm) par A-linéarité, donc
ce qui assure l'unicité de φ
Posons donc
; les fi étant linéaires, φ est linéaire.
Soit
, on a :
; ainsi nous avons bien
, donc φ existe bien.
Somme directe externe et produit cartésien
Lorsque deux sous-espaces F1, F2 d'un espace vectorielE sont en somme directe, l'application suivante est bijective :
Il existe dans ce cas une unique structure d'espace vectoriel sur le produit cartésien
telle que cette application soit un isomorphisme d'espaces vectoriels ; la loi interne et la loi externe sont définies respectivement par les relations :
et
,
où u1, v1 sont dans F1, u2, v2 sont dans F2, et α est dans K.
Ceci incite, si E1 et E2 sont deux espaces vectoriels quelconques sur le même corps K, à définir leur somme directe, dite alors externe.
Somme directe externe de deux K-espaces vectoriels
La somme directe externe de deux K-espaces vectoriels E1 et E2 est le produit cartésien
sur lequel on définit
Muni de ces deux lois de composition, l'ensemble est un espace vectoriel sur K.
Dès lors,
et
sont deux sous-espaces de
, respectivement isomorphes à E1 et E2 (on a "plongé" E1, E2 dans le produit cartésien) ; la relation
justifie l'appellation de somme directe externe.
Lorsque E1 et E2 sont de dimensions finies, il en est de même de leur somme directe externe, et :
(car
est somme directe des deux sous-espaces
et
, qui ont même dimension que
,
respectivement).
Somme directe externe de plusieurs K-espaces vectoriels
On définit de même la somme directe externe
de k espaces vectoriels
sur le même corps K.
Lorsque
sont de dimensions finies, il en est de même de leur somme directe externe, et :
.
Somme directe externe d'une famille infinie de K-espaces vectoriels
Pour un nombre fini d'espace vectoriels la somme directe externe et le produit direct coïncident. Il n'en est pas de même lorsque la famille est infinie.
En effet, soit
une famille (éventuellement infinie) de K-espaces vectoriels. La somme directe externe
est le sous-espace vectoriel du produit direct
constitué des familles à support fini. La propriété universelle ci-dessous est la raison de ce choix.
On peut, avec cette notion, élégamment définir la somme directe d'une famille infinie de sous-espaces : Une famille de sous-espace de E est en somme directe si et seulement si le morphisme somme qui va de la somme directe externe de ces sous-espaces dans E qui à une famille de vecteurs associe leur somme est injectif.
Remarque à propos d'autres structures algébriques
On définit de manière analogue la somme directe externe d'un nombre fini de groupes additifs, ou d'anneaux, ou de A-modules sur le même anneau A.
Par exemple, si A1 et A2 sont deux anneaux, on définit sur
deux lois de composition interne :
une addition :
une multiplication :
Muni de ces deux lois de composition, l'ensemble
est un anneau. Même si A1 et A2 sont intègres, leur produit cartésien ne l'est pas : a1, a2 étant deux éléments non nuls de A1, A2 respectivement, on a :
.