En mathématiques, et plus précisément en algèbre, le terme de somme directe désigne des ensembles munis de certaines structures, construits à partir de la réunion d'autres ensembles du même type.
Soient F1 et F2 deux sous-espaces vectoriels de l’espace vectoriel E. On dit que F1 et F2 sont en somme directe si et seulement si pour tout élément u de F1 + F2, il existe un unique couple de tel que u = u1 + u2.
On dit aussi dans ce cas que la somme F1 + F2 est directe.
En d'autres termes, la somme de deux sous-espaces vectoriels F1 et F2 est directe si la décomposition de tout élément de F1 + F2 en somme d'un élément de F1 et d'un élément de F2 est unique.
La somme sera alors notée : .
On dispose des caractérisations usuelles suivantes :
Cas de la dimension finie : lorsque F1 et F2 sont de dimensions finies, la somme F1 + F2 est directe si et seulement si .
Sous-espaces supplémentaires : deux sous-espaces F1 et F2 de E sont dits supplémentaires lorsque . Cela signifie que pour tout élément u de E, il existe un unique couple de tel que .
On peut généraliser la notion de somme directe à une famille finie de sous-espaces vectoriels de E.
On dit qu'une famille de sous-espaces vectoriels de E est en somme directe si et seulement si, pour tout élément u de la somme , il existe un k-uplet unique de tel que .
On dit aussi dans ce cas que la somme F des sous-espaces est directe.
En d'autres termes, la somme est directe si la décomposition de tout élément de en somme d'éléments des est unique.
Pour désigner une somme directe, on se sert des notations ou .
Comme dans le cas de 2 sous-espaces vectoriels, on peut caractériser les sommes directes par l'unicité de la décomposition du vecteur nul :
Remarque : dès que la famille comprend au moins 3 sous-espaces, il ne suffit pas pour que la somme soit directe que leurs intersections deux à deux soient réduites à
, c'est-à-dire que :
On s’en convaincra en regardant dans les sous-espaces vectoriels :
Leurs intersections deux à deux sont réduites à {(0 ; 0)}, mais leur somme (égale à ) n'est pas directe.
En effet, les 3 vecteurs appartiennent respectivement à ; ils sont non nuls, et tels que : la décomposition du vecteur nul n'est pas unique.
En revanche, on montre que les sous-espaces de la famille des sont en somme directe dans si et seulement si :
Lorsque les sous-espaces vectoriels sont de dimensions finies, on a encore l'équivalence des assertions suivantes :
Exemple : soient E un espace vectoriel sur K de dimension finie, et f un endomorphisme de E ayant exactement p valeurs propres (distinctes) appelées
. On désigne par
l'endomorphisme identique de E.
Pour tout entier i tel que 1 ≤ i ≤ p,
est le sous-espace propre de f associé à la valeur propre
.
Les deux propriétés suivantes sont classiques :
On désigne ici par E un espace préhilbertien réel ou complexe (espace vectoriel réel ou complexe muni d'un produit scalaire). Soit une famille de sous-espaces vectoriels de E. S'ils sont deux à deux orthogonaux, leur somme est directe. Elle est alors appelée somme directe orthogonale.
Un exemple très simple est l'espace constitué des vecteurs orthogonaux à tous les vecteurs d'un sous-espace vectoriel F : il est en somme directe avec F. L'égalité n'est pas toujours vérifiée lorsque la dimension est infinie. Par contre, elle l'est dès que E est de dimension finie.
Deux espaces qui sont à la fois supplémentaires et orthogonaux sont dits supplémentaires orthogonaux. Un sous-espace vectoriel F de E, même s'il a des supplémentaires, n'en a pas nécessairement un qui lui soit orthogonal. Une condition suffisante est que l'espace F soit complet (ce qui est réalisé en particulier s'il est de dimension finie). Cette question est liée à la possibilité d'effectuer une projection orthogonale.
Lorsque les sous-espaces vectoriels sont de dimensions finies, on a l'équivalence des assertions suivantes :