Théorème d'inversion locale - Définition

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Démonstration

Étude d'un cas

Le théorème du point fixe permet de montrer l'inversion locale.

Pour comprendre le principe de la démonstration, illustrons là sur la fonction f de C dans C, qui à z associe z2. L'objectif est de l'inverser au voisinage du point 1/2(1 + i). On peut considérer cette application comme étant celle de R2 dans lui même, qui à (xy) associe (x2 - y2, 2.x.y). Cette application est partout différentiable, et en particulier autour du point z0 de coordonnées (1/2, 1/2). Le calcul de ma matrice jacobienne Jz donne :

J_z = \begin{pmatrix} 2x & -2y \\ 2y & 2x \end{pmatrix},\; J_{z_0} = \begin{pmatrix} 1 & -1 \\ 1 & 1 \end{pmatrix},\;\text{et } J_{z_0}^{-1} = \frac 12 \begin{pmatrix} 1 & 1 \\ -1 & 1\end{pmatrix}

Sa différentielle est inversible au point z0 et l'on note λ sa réciproque. L'objectif est de déterminer l'existence d'une application réciproque de f sur, par exemple le disque D de centre z0 et de rayon 1/5. Cette zone est illustrée en bleu sur la figure de droite et son image en vert. Pour cela, il faut montrer qu'un point quelconque z1 de la zone verte, possède un unique antécédent par f dans la zone bleue. Dans l'exemple on a choisi z1 de coordonnées (0,1, 0,6), illustré en rouge. Cette question est relativement classique, une méthode pour y parvenir est d'utiliser le théorème du point fixe. Trois hypothèses doivent pour cela être vérifiées : l'ensemble considéré doit être complet, l'application gy doit être d'un ensemble E dans lui même et elle doit être k-lipschitzienne avec k strictement plus petit que 1. L'espace C est complet, il ne reste plus qu'à construire la bonne fonction g. On la définit de D dans D par :

\forall z \in D\quad g(z) = \lambda(z_1) + z - \lambda\circ f (z) \;

Au point z0, comme λ désigne l'inverse de la différentielle de f en z0, la différentielle de g est nulle. Il existe un voisinage sur lequel la différentielle de g est inférieure à 1/2, car g est continument différentiable. Le disque D est dans cette zone. Comme D est dans la zone contractante de g, cet ensemble est stable par g. L'image du disque D par g correspond à la zone jaune, une nouvelle itération donne une figure symbolisée par un point que la petitesse rend presque invisible sur la figure. En réitérant le processus, on obtient bien un point fixe et le théorème associé indique que ce point est unique. Si ce point fixe est noté ζ, il vérifie :

g(\zeta) = \zeta = \lambda(z_1) + \zeta - \lambda \circ f(\zeta) \quad \text {et}\quad \lambda (z_1) = \lambda \circ f(\zeta) \quad\text{donc}\quad f(\zeta) = z_1

Dire que ζ est un point fixe de g revient exactement à dire qu'il est antécédent de z1 par f, ce qui montre à la fois son existence et son unicité.

Existence d'une réciproque locale

L'approche précédente possède un avantage : nulle part il n'est fait usage de la dimension de l'espace vectoriel E contenant l'ouvert U, domaine de définition de f. En conséquence, la démonstration est naturellement valable sur un espace vectoriel normé complet quelconque, c'est-à-dire un espace de Banach. On utilise les mêmes notations que précédemment, f est une fonction de U dans un espace vectoriel normé F. Pour simplifier l'exposé, on cherche uniquement à montrer que f est inversible au point 0 et l'on suppose que f(0) = 0. Une fois ce cas traité, une simple translation permet de se ramener au cas général. La fonction f est supposée de classe Cp avec p strictement positif et la différentielle de f au point 0 est un isomorphisme continu dont la réciproque, notée λ, est aussi continue. On peut remarquer que l'on n'a pas supposé que F est un espace de Banach, mais comme les hypothèses supposent l'existence d'un isomorphisme bicontinu de E dans F, F est nécessairement un espace de Banach.

Soit φ l'application de U dans F, qui à x associe x - λ.f(x). En 0, l'application φ possède une différentielle nulle et, comme cette différentielle est continue, il existe un réel strictement positif r tel que la boule ouverte Br de centre 0 et de rayon r soit incluse dans U et tel que la norme de la différentielle de g soit toujours strictement inférieure à 1/2 sur cette boule.

L'objectif est de montrer que f est injective sur la boule de rayon ν et de centre 0 et notée Bν. L'application λ est continue, soit m sa norme, on définit ν comme étant un réel strictement positif et plus petit que r/(2.m). Si y est un point de Bν, λ.y est de norme strictement inférieure à r/2. On construit la fonction φy de Br dans elle même, où y est un point de Bν :

\forall x \in \mathcal B_r \quad \varphi_y(x) = \lambda \cdot y + \varphi(x)\;

L'application φy est bien à valeur dans Br car la norme de λ.y est inférieure à r/2, tout comme celle de φ(x). L'inégalité des accroissements finis montre que φ est 1/2-lipschitzienne et par voie de conséquence φy aussi car φy est une translation de φ. Le théorème du point fixe montre l'existence et l'unicité d'un point fixe de φy sur Br, ce qui est équivalent à dire que f est bijective de Bν dans son image.

Régularité de la réciproque

Il s'agit maintenant de montrer que la réciproque de f est de classe Cp. On note V l'image de Bν par f. Soit y1 et y2 deux points quelconques de V et x1, x2 leurs antécédents. La continuité s'obtient à en remarquant que φ est 1/2 lipschitzien et :

\|x_1 - x_2\| = \|\varphi(x_1) + \lambda\cdot f(x_1) - \varphi(x_2) - \lambda\cdot f(x_2)\| \le \frac 12 ||x_1 - x_2\|+  \|\lambda\| \|y_1 -y_2\|

Ce qui s'écrit encore :

\|f^{-1}(y_1) - f^{-1}(y_2)\| \le 2\|\lambda\|\|y_1 -y_2\|

Montrons que la réciproque de f est différentiable sur V. Soit y un point de V et k un vecteur de F tel que y + k soit aussi élément de V. On note x + h l'image de y + k par la réciproque de f :

\|f^{-1}(y+k) - f^{-1}(y) - (Df_x)^{-1}\cdot k\| = \|h - (Df_x)^{-1}\cdot (f(x+h) - f(x))\|

On remarque que la différentielle est supposée ici inversible non plus uniquement en x0 mais sur un voisinage de x0. L'ensemble des isomorphismes inversibles continus forment un ouvert. Pour s'en rendre compte, il suffit de remarquer que si β est un morphisme de petite norme et si α est un isomorphisme bicontinu, α + β s'écrit encore α(Id + α-1β) qui est le produit de deux isomorphismes bicontinus. Pour le deuxième, il suffit d'utiliser un développement en série entière pour s'en rendre compte. La série est convergente si la norme de β est strictement plus petite que celle de l'inverse de α :

(1 + \alpha^{-1}\beta)^{-1} = \sum_{i=0}^{\infty} (-1)^i(\alpha^{-1}\beta)^i

Un développement limité de la fonction f montre que :

f(x+h) = f(x) + Df_x(h) + o(h)\quad\text{et}\quad \|f^{-1}(y+k) - f^{-1}(y) - (Df_x)^{-1}\cdot k\| = o(h) = o(k)\quad \text{car } \|k\|\le M\|h\|

M est un majorant de la norme de la différentielle de f sur Bν. Un tel majorant existe car φ est contractante sur Bν et f(x) = λ-1.(x - φ(x)).

Il reste encore à montrer que la réciproque de f est de classe Cp. La différentielle de la réciproque de f est la composée de la fonction f -1 par l'inverse de la différentielle de f. La fonction inverse est infiniment différentiable, f est de classe Cp et la réciproque de f est continue, on en déduit que la réciproque de f est de classe C1. De proche en proche, on vérifie que la réciproque de f est de classe Cp.

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