L'église abbatiale est un des très rares spécimens de l'art préroman en France, caractérisé ici, par l'arc en fer à cheval wisigothique d'origine orientale, qu'on peut voir dans la partie du transept dégagée des constructions postérieures. La voûte de la nef centrale, primitivement en simple charpente, a été restaurée selon les plans des arcs en ogive édifiés au XIVe siècle.
Le chœur de l'église principale est notamment orné d'un christ en bois sculpté et de stalles en bois. On observe dans une des absidioles romanes, une vierge à l'enfant polychrome du XIIIe siècle.
C'est à l'abbé Oliba qu'on doit attribuer la construction des deux clochers jumeaux, de style lombard, élevés aux extrémités des bras du transept. Le clocher nord, qui portait les cloches et l'horloge, s'est écroulé pendant l'hiver 1838-1839, abattu par une tempête. Dans sa chute il entraîna l'extrémité nord du transept sur laquelle il était bâti.
Il ne subsiste plus aujourd'hui que le clocher méridional. Il s'agit d'une tour haute de 33 mètres, décorée de bandes lombardes; ses quatre étages sont percés de baies jumelées surmontées d'oculi. La tour est couronnée par un crénelage, qui n'est pas d'origine. On lui rapporta un contrefort à la base vers le XVe siècle pour contrebalancer son inclinaison, qui aurait pu causer son effondrement.
![]() Clocher méridional (façade est) | ![]() Clocher méridional (façade ouest) |
Construit dans la décennie 1130-1140, le cloître, roman, est l'un des plus grands des Pyrénées. Il est séparé en deux parties, une remontée in situ et l'autre à New York. Les galeries sud et est sont couvertes d'une charpente de bois, la galerie sud est la seule à avoir été complètement reconstituée, les autres ne l'ont été qu'en partie. Si les chapiteaux et les colonnes sont authentiques, les linteaux et les arcs ont été taillés au fur et à mesure des dernières restaurations. Les chapiteaux en marbre rose du Conflent sont essentiellement décorés de thèmes profanes (feuillages, animaux), parfois aux inspirations orientales, et il serait vain d'y chercher le moindre motif religieux. Il ne faut pas non plus donner à cette décoration une quelconque interprétation symbolique. Les sculpteurs semblent n'avoir pris en compte que l'aspect purement décoratif des figures représentées; ils se sont sans doute inspirés des manuscrits vus dans la bibliothèque de l'abbaye, l'une des plus riches des Xe et XIe siècles. L'un des chapiteaux par exemple représente Gilgamesh, issu de la mythologie sumérienne. On observe tout de même un Christ bénissant et un Christ entouré d'anges, avec saint Pierre à ses pieds. Le cloître était agrémenté d'une fontaine qui fournissait aux moines fraîcheur et eau courante; elle est aujourd'hui exposée, salle 204, au Museum of Art de Philadelphie.
On a pu regrouper sur place les arcades et chapiteaux qui se trouvaient à Prades ou chez différents particuliers. Les arcades de la galerie occidentale et l'amorce de la galerie orientale ont été remontées, reconstituant près de la moitié du cloître. D'autres éléments seront remis en place au fur et à mesure de leur récupération.