Abbaye de Chevetogne | |
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Latitude Longitude | |
Pays | Belgique |
Région | Région wallonne |
Département | Province de Namur |
Ville | Ciney |
Culte | Catholique oriental |
Type | Abbaye |
Rattaché à | Ordre bénédictin |
Début de la construction | XIXe siècle |
Fin des travaux | 1988 |
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L'abbaye de Chevetogne est une abbaye bénédictine située à Chevetogne, village appartenant à la ville de Ciney, dans la province de Namur en Belgique.
Le monastère présente la particularité de comporter deux églises : une église de rite latin, dédiée au Saint Sauveur, et un église de rite byzantin, dédiée à l'Exaltation de la Sainte Croix. Ce monastère unique a été voulu placé sous le signe de l'œcuménisme par son fondateur, Lambert Beauduin, même si la communauté est uniquement composée de moines catholiques rattachés directement (extra congregationes) à la Confédération bénédictine.
L'abbaye se situe à 11 km au sud du centre-ville de Ciney, à 20 km à l'est de Dinant et à 40 km au sud-est de Namur.
La vocation œcuménique de l'abbaye se traduit au quotidien dans le déroulement des célébrations. Les moines se répartissent en deux groupes liturgiques, l'un célébrant selon la tradition de l'Occident, l'autre selon la tradition de l'Orient byzantin. La spécificité du projet monastique de Chevetogne tient à ce que les deux rites ont été adoptés en vue de la réconciliation de l'Orient et de l'Occident chrétiens, par delà les ruptures confessionnelles, pour donner corps ainsi à la primauté de la prière. L'office byzantin est célébré en slavon tandis que l'eucharistie est parfois célébrée en grec.
La communauté a, bien évidemment, des relations soutenues avec les églises anciennes orientales. Elle a aussi développé des liens très forts avec les autres églises chrétiennes : la Communion anglicane et les églises issues de la Réforme.
Le corps du monastère était à l'origine un château construit au XIXe siècle par le bourgmestre de Chevetogne, Charles Delvaux de Fenffe.
Sa vocation monastique date de 1901 quand les moines bénédictins de l'abbaye Saint-Martin de Ligugé viennent trouver refuge en Belgique, après avoir été chassés de France suite à la loi du 1er juillet 1901 relative au contrat d'association qui entraîne la dissolution de centaines de congrégations religieuses. Ils acquièrent le bâtiment occupent les lieux jusqu'en 1923. Le château fut ensuite loué à des particuliers puis il servit de refuge à des jésuites espagnols qui avaient quitté leur pays en raison de la séparation de l'Église et de l'État voulue par la Seconde République espagnole.
C’est en juin 1939 que la communauté fondée par Dom Lambert Beauduin à Amay (province de Liège) s’y installe.
À chaque extrémité des bâtiments, s'élève actuellement une église : au sud, l'église byzantine, et au nord, l'église latine :
Le monastère héberge une bibliothèque œcuménique, riche d'environ 150 000 volumes. Elle est spécialisée dans les domaines de l'Orient chrétien et de l'Œcuménisme. Des fonds particulièrement riches concernent le Mont Athos, l'iconographie et l'histoire de l'Église russe.
En 1909, Dom Lambert Beauduin (1873-1960), alors moine de l'abbaye du Mont César de Louvain, initie le Mouvement liturgique qui lance le renouveau liturgique en Belgique, notamment à travers la revue Les Questions Liturgiques et Paroissiales, dont la publication commence en 1910. La rencontre de l'Orient chrétien a rendu Lambert Beauduin conscient de la division des Églises et a inspiré son projet de fonder un monastère dédié à l'unité des chrétiens. En 1924, le pape Pie XI adresse la lettre Equidem Verba à l'Abbé primat de l'Ordre bénédictin afin d’attirer son attention sur la question de l'unité ; cette lettre est le déclencheur qui conduit Dom Beauduin à réaliser ce projet. C'est en 1926 qu'est fondé le « prieuré pour l'Unité des Églises » à Amay (diocèse de Liège). Lambert Beauduin en est le premier prieur. C'est de là que paraît en 1926 le premier numéro de la revue Irénikon qui est toujours éditée par le monastère.
La communauté déménage à Chevetogne (diocèse de Namur) en 1939. Mais Dom Beauduin n'en est déjà plus le prieur. En effet, dès 1928 avec la publication par Pie XI de l'encyclique Mortalium Animos particulièrement critique sur le développement de l'œcuménisme, des affrontements se font jour quant à la vocation de la communauté. Alors que Lambert Beauduin veut l'affirmer comme un essai de véritable communion, les autorités épiscopales, dont Mgr d'Herbigny, souhaitent avancer dans un sens plus prosélyte, et constituer un monastère uniate. Cette vision ne correspond pas à celle de Beauduin, réputé pour son caractère bien trempé, ce qui l'amène à être exclu de l’abbaye en 1932. Il commence alors un exil de près de 20 ans pendant lesquels il deviendra le véritable pionnier de la cause œcuménique. Ce n’est qu’en 1951 qu’il réintègre sa communauté, avec le statut d'hôte. Dom Thomas Becquet, un de ses anciens élèves, en est alors le prieur.
La renommée du prieuré s'est cependant fortement développée, grâce à des contacts avec des personnalités des différentes Églises chrétiennes (orthodoxie, anglicanisme, protestantisme), à travers l’accueil des hôtes, la célébration liturgique selon les traditions liturgiques byzantine et latine et, surtout, l'organisation de colloques théologiques depuis 1942. La communauté de Chevetogne fait ainsi figure de pionnier dans l'unité des chrétiens. Elle a contribué à faire évoluer l'attitude de l'Église catholique en faveur de l'œcuménisme (recherche de l’unité entre les Églises par un dialogue sur pied d'égalité), qui deviendra sa doctrine officielle lors du IIe concile œcuménique du Vatican (Concile Vatican II), ouvert par le Bienheureux Jean XXIII en 1962.
Le 11 décembre 1990, le prieuré de Chevetogne a été élevé au rang d'abbaye, en reconnaissance du rôle éminent joué par les moines sur le plan œcuménique. Dom Michel Van Parys (né en 1943), prieur depuis 1971, en devient le premier Père Abbé. Il occupera cette fonction jusqu'à sa démission le 12 juillet 1997. C'est depuis le TRP. Abbé Dom Philippe Vanderheyden qui lui succède.
Un de ses moines, le P. Nicolas Egender, est élu abbé de la Dormition de Jérusalem en 1979.