Accessibilité du Web - Définition

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Déploiement, évaluation et suivi

Les méthodes d'application

Les directives WCAG ne sont cependant pas immédiatement opérationnelles dans le cadre des projets Web : la mise en œuvre de WCAG1.0, dont le contenu a été fixé en 1999, nécessite des adaptations à l'évolution des technologies (sont en particulier concernés 5 points de contrôle initialement définis en réponse à des défauts temporaires d'implémentation de la part des agents utilisateurs). WCAG2.0 renforce ce besoin de par son caractère générique. La prise en compte de ces directives nécessite donc d'adopter une méthode d'évaluation et de déploiement.

Ces méthodes peuvent être définies à l'échelle nationale ou à une échelle géographique plus large, par des organismes privés ou publics. Par exemple :

  • Accessiweb (France) et Anysurfer (Belgique) sont des méthodes produites par des organismes de labellisation privés, inspirées des WCAG2.0 ;
  • le référentiel général d'accessibilité pour les administrations (RGAA) (France) est un référentiel public de déploiement des WCAG2.0 ;
  • la « méthodologie unifiée d'évaluation de l'accessibilité du Web » (UWEM) est une méthode européenne permettant une évaluation de l'application de WCAG1.0 aux niveaux A et AA.

Les directives ATAG peuvent s'appuyer partiellement sur les méthodes d'application de WCAG. Une méthode d'application ATAG1.0 a été développée en France au sein d'Accessiweb. Concernant ATAG2.0, des techniques d'implémentation sont en cours de rédaction.

Une démarche globale

Les recommandations du WAI, de portée internationale, proposent un ensemble de solutions pour permettre la réalisation de sites Web accessibles. Elles supposent cependant une prise en compte à chaque étape de la conception : l'accessibilité des contenus n'est pas une surcouche technique spécifique, mais une démarche intégrée tout au long du cycle de vie d'un site Web.

En amont des contenus

La prise en compte de l'accessibilité du contenu gagne à être faite dès les premiers stades de conception d'un projet Web : « Une réponse fréquentes des développeurs après réception d'une évaluation d'accessibilité est qu'il aurait été beaucoup plus facile d'incorporer les changements demandés au début du cycle de vie du site [...] Intégrer l'accessibilité le plus tôt possible lors de la conception d'un site est une économie de temps et d'argent, par comparaison à des corrections après-coup. ».

Ceci peut concerner notamment l'utilisation des bases documentaires, le choix d'un système de gestion de contenus et d'une charte graphique, la définition des cahiers des charges et le choix des prestataires, la politique de formation interneetc.

En cours de création ou de refonte

Lors de la réalisation du projet, des évaluations d'accessibilité peuvent intervenir en particulier aux étapes de conception de la charte graphique, des gabarits de page Web, ou du recyclage de contenus antérieurs :

La charte graphique a un impact immédiat sur l'accessibilité finale du contenu à travers l'utilisation de la couleur et des éléments graphiques comme véhicule de l'information, mais aussi en raison des contraintes d'intégration qu'elle peut induire dans le choix des formats de publication (HTML, Flash) et dans leur utilisation. Son intégration générique à travers des gabarits de page a un rôle clé en particulier à travers ses choix de technologies (AJAX, Flash, JavaScript), et en déterminant la structure sémantique du contenu, l'accessibilité des éléments de navigation et la mise en place des alternatives aux éléments programmables ou graphiques.

En aval, suivi et maintenance

L'accessibilité du contenu n'est pas un état figé assuré d'être conservé une fois atteint : chaque nouveau contenu ou service apporté au site nécessite d'être inclus dans une démarche de suivi et d'évaluation.

Les rédacteurs de contenu ont un impact majeur sur l'accessibilité, à travers :

  • le choix des illustrations graphiques et la pertinence des alternatives aux éléments non-textuels ;
  • la mise en ligne de textes clairs et compréhensibles pour les internautes, mais aussi utilisables par les technologies d'asssistance grâce à la qualité de leur structure HTML ;
  • plus généralement leur utilisation de la solution de publication et de l'assistance qu'elle leur apporte pour la production de contenu accessibles.

L'évaluation

Les outils automatiques

Un certain nombre des points de contrôle des WCAG étant automatisables, de nombreux outils ont été mis au point afin de faciliter le développement, ou la validation, de sites web accessibles.

L'automatisation est partiellement applicable :

  • a priori, aux outils de production de contenu comme les éditeurs HTML ou les CMS. Au cours de la saisie du contenu, des contrôles peuvent être réalisés en temps réel, et des contraintes établies, afin de faciliter la production de contenu accessible (imposer la structure logique du document, séparer la présentation du contenu, forcer la saisie d'alternatives textuelles, etc.) ;
  • a posteriori, à l'aide des outils de vérification de l'accessibilité. Ceux-ci sont le plus souvent des services en ligne. Certains fournissent un retour sous forme d'icônes ajoutées à la page évaluée (par exemple, WAVE), tandis que d'autres fournissent un rapport textuel (OCAWA, développé en collaboration avec France Télécom). L'évaluation, le plus souvent limitée en nombre de pages, est davantage destinée à des audits d'échantillon qu'au suivi des contenus. Cependant, quelques solutions comme IBM Rational Policy Tester permettent une évaluation systématique et continue des contenus de l'ensemble d'un site ou d'un parc de sites.

Dans les deux cas d'automatisation néanmoins, la plupart des points de contrôle comme la pertinence des intitulés de lien ou des alternatives textuelles, les changements de langue, la dégradation harmonieuse de la présentation et des contenus selon le dispositif de rendu... ne sont pas automatisables, ou ne le sont que partiellement sous forme d'assistance à la validation humaine. Le nombre d'alertes de principe sur les points nécessitant une vérification peut être très élevé, et rendre difficile l'exploitation des résultats en masquant les signalements d'erreurs les plus pertinents.

Ces outils automatiques ne peuvent donc être à eux seuls des garants de l'accessibilité ; en revanche, ils constituent une aide précieuse lors d'une phase d'évaluation ou d'audit, en dégageant l'évaluateur humain de tâches fastidieuses et lui permettant de se consacrer aux points de contrôle d'un abord plus délicat. Ils permettent également de mettre en place des indicateurs globaux : ainsi l'EIAO (European Internet Accessibility Observatory) a pu mener en 2008 une étude sur l'accessibilité de 2 317 sites Web européens grâce à un moteur d'évaluations automatisées sur la base de 26 tests issus de WCAG1.0 (indicateur WAM ou Web Accessibility Metric). L'intérêt et les limites de ce processus automatisé sont ainsi résumées :

« Un processus entièrement automatisé d'évaluation de l'accessibilité a plusieurs avantages évidents sur les évaluations purement manuelles. L'EIAO a pu traiter et évaluer un bien plus grand nombre de sites que n'aurait pu le faire un expert. En outre, les évaluations sont répétables, ce qui autorise la comparaison d'un mois sur l'autre. Enfin, contrairement au travail de l'expert, les résultats ne sont pas influencés par des facteurs humains tels que du site l'expérience du site acquise par l'expert. En revanche, l'EIAO a ses désavantages. Principalement, il ne peut apporter le même niveau de détail qu'un expert. Ensuite, le robot ne peut évaluer des pages protégées par un mot de passe. Enfin, l'évaluation des contenus Web nécessitant une interaction utilisateur (Flash, Javascript) n'est pas supportée. »

Les tests utilisateurs

Le recours à des tests d'accessibilité d'un site impliquant des personnes handicapés peut apporter plusieurs bénéfices, dont en particulier :

  • permettre aux développeurs d'outils de production et aux rédacteurs de découvrir comment ces personnes interagissent avec le site, quelles difficultés anticipent-elles et quelles sont leurs stratégies et leurs démarches pour les résoudre ;
  • motiver développeurs, rédacteurs et responsables de sites en mettant en évidence les conséquences concrètes de leur investissement dans l'accessibilité.

Ces tests utilisateurs sont au cœur de certaines procédures de labellisation, telles que celle du label suisse « Accès pour Tous ». Cependant, de tels tests utilisateurs ne peuvent déterminer à eux seuls le niveau d'accessibilité effectif d'un site : cette estimation requiert en effet une évaluation systématique aux regards des directives WCAG.

L'évaluation experte

Évaluer le degré d'accessibilité d'un site Web nécessite davantage que ne peut fournir un outil automatisé. L'évaluation exige en effet une compréhension approfondie des techniques Web, des outils de validation, des directives d'accessibilité, des technologies d'assistance et des agents utilisateurs, ainsi que des stratégies auxquelles recourent les personnes handicapées dans leur usage du Web.

Compte tenu des capacités limitées de l'évaluation automatisée et du coût croissant que représenterait l'évaluation experte menée à grande échelle, le passage à l'industrialisation du Web exige le recours à une approche mixte, tirant parti de la rapidité des outils automatisés et de la pertinence du jugement humain : une approche semi-automatisée de l'évaluation d'accessibilité autoriserait ce compromis entre coût et efficacité.

Politiques d'accessibilité, suivi et gestion du risque

Définition d'une politique d'accessibilité selon la WAI

Selon la WAI, une politique d'accessibilité se définit par :

  • un niveau de conformité A, AA ou AAA attendu pour les contenus d'une part, et pour les outils de conception des contenus d'autre part ;
  • un champ d'application dans ces contenus (pages déjà existantes, nouvelles pages, contenus produits par l'entité, contenus fournis par un tiers, etc.) ;
  • un calendrier de déploiement, qui peut être unique (le site est conforme au niveau A à telle date), progressif (passages successifs par les niveau A puis AA et éventuellement AAA) ou sélectif (priorité accordée à certaines parties du site). Il peut également s'appliquer à l'intégration de l'accessibilité dans les outils de conception et à la mise en place de ressources internes de formation et de contrôle ;
  • un processus de contrôle, de réclamation sur la conformité et de suivi du niveau d'accessibilité requis ;
  • des mécanismes de révision et de mise à jour de la politique d'accessibilité en fonction de l'évolution des normes de référence.

Cette approche est centrée sur une obligation de résultat strictement définie par le respect d'un niveau d'accessibilité donné. Elle était justifiée à une époque où :

  • d'une part la production de contenu était encore largement dominée par un modèle artisanal alors qu'elle est maintenant passée à un stade (pré-)industriel ;
  • d'autre part la démocratisation massive de l'accès à la production de contenu s'accompagnait de l'arrivée de nombreux développeurs débutants sans connaissance en accessibilité auprès desquels il était nécessaire de faire passer des notions de base, et qu'il fallait sensibiliser par des messages mettant clairement en évidence les lacunes de leurs productions.

Elle rencontre cependant aujourd'hui ses limites en termes de difficultés de mise en œuvre et d'absence de gestion du risque dans le cadre d'une démarche qualité à l'échelle d'importants parcs de sites.

Les déclarations de conformité

La politique d'accessibilité définie par la WAI repose sur une auto-déclaration de conformité optionnelle. Celle-ci est datée et porte sur une page ou un ensemble de pages, et non globalement sur le site. Son contenu minimal est défini par le standard WCAG2.0 et comporte en particulier :

  • la référence précise aux règles WCAG concernées et à leur version ;
  • la liste ou le descriptif des pages évaluées ;
  • la liste des technologies dont dépend l'utilisation des contenus et dont l'utilisation doit être compatible avec l'accessibilité ;
  • le niveau de conformité atteint (A, AA ou AAA).

Cette démarche est reprise par plusieurs politiques publiques d'accessibilité. Ainsi, en France, l'attestation de conformité RGAA est également une auto-déclaration faite par les responsables du site. Elle reprend l'essentiel des éléments précédents, et y ajoute la liste des agents utilisateurs et technologies d'assistance utilisées pour vérifier l'accessibilité des contenus ainsi que la justification des éventuelles dérogations

Les certifications d'accessibilité

Des certifications d'accessibilité d'un site, ou labels, accordées par un tiers de confiance, existent dans plusieurs pays. Étant en dehors des processus de certification normalisés usuels, elles reposent sur :

  • un référentiel qui peut être le standard WCAG2.0 lui-même (par exemple le label suisse Accès pour tous) ou une méthode d'application de celui-ci (par exemple le label français Accessiweb) ;
  • l'organisme certificateur chargé de contrôler l'application du référentiel et de délivrer le certificat. Sa réputation et sa crédibilité jouent un rôle majeur dans la valeur du label.

Ces certifications sont établies à partir d'un audit initial des contenus. Accordées pour une durée de deux ans en général, elles comportent des visites de contrôles et exigent le plus souvent la mise en place d'un canal de plainte. Elles n'imposent pas d'obligation de moyens et ne valident que le résultat en ligne.

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