David Bunnell, rédacteur en chef de Computer Notes, comprend la position de Gates et écrit, en septembre 1975, qu’« une partie des clients de MITS ont volé leurs logiciels ».
« Maintenant, posez-vous ces questions : est-ce qu’un musicien est en droit d’encaisser une partie des recettes de la vente de son enregistrement ? Est-ce qu’un écrivain peut recevoir une partie de la recette des ventes de son livre ? Est-ce que les personnes qui copient un logiciel sont différentes de celles qui copient un album ou un livre? »
— David Bunnell, Computer Notes n°4
Dans sa lettre ouverte, Gates poursuit la même idée que Bunell en septembre, et que Roberts en octobre : « Comme la majorité des hobbyists devraient le savoir, la plupart d'entre-vous volent leurs logiciels. Le matériel doit être acheté, mais les logiciels sont un chose que l'on partage. Qui se soucis de savoir si les personnes qui ont travaillé dessus seront payées ? ».
Une copie de la lettre de Gates est envoyé au Homebrew Computer Club, la cible principale. La lettre apparaît aussi dans Computer Notes et Dave Bunnell l’envoie par service exprès aux principales parutions en informatique du pays.
La lettre connait de nombreuses réactions : certains pensent que les logiciels devraient être inclus avec la machine et donc que la méthode de distribution utilisée par Gates n’est pas adaptée ; d’autres posent des questions sur le coût réel de développement.
Microsoft avait déjà publié le prix de ses licences : MITS payait un montant fixe de 31 200 $ pour une exploitation sans exclusivité du BASIC pour 6800. Les contrats pour les versions de BASIC pour Commodore PET, Apple II et RadioShack TRS-80, entre autres, avaient eux-aussi un prix fixé par contrat.
Les logiciels de Microsoft sont alors développés sur un mainframe DEC PDP-10. Paul Allen créé un programme qui peut simuler le fonctionnement de n’importe quel processeur, permettant ainsi d’écrire et de débugger des logiciels avant que la machine ne soit construite. La location du mainframe est facturée à l’heure et à la quantité de ressources utilisées. Le développement du BASIC 6800, fini bien avant la sortie du Altair 680B qui avait pris du retard, est facturé 40 000 $ en temps-machine.
Hal Singer, dans sa newsletter Micro-8, publie une lettre ouverte à Ed Roberts où il remarque que MITS annonce pouvoir fournir un ordinateur pour 395 $ alors qu’en réalité, le prix pour avoir un ordinateur fonctionnel chez eux est de 1 000 $. Il suggère d’initier une class action ou de demander une investigation à la Federal Trade Commission pour publicité mensongère. Il rapporte aussi une rumeur selon laquelle Bill Gates développait BASIC sur les ordinateurs de l’université de Harvard et donc, avec des fonds publics ; BASIC aurait donc dût être gratuit.
En fait, Bill Gates, Paul Allen, et Monte Davidoff utilisaient bien un PDP-10 du Aiken Computer Center de Harvard, financé par le DARPA (département de la défense américaine). La machine avait été livrée en 1969 pendant la nuit pour éviter les manifestations contre la guerre au Viet-Nâm (en). Le professeur Thomas Cheatham, responsable de la machine, n’avait pas réglementé son usage mais les officiels d’Harvard n’aimaient pas trop que Gates et Allen (qui n’était pas un étudiant) utilisent le PDP pour développer un produit commercial. Harvard finit par imposer des restrictions et Microsoft dût acheter son temps-machine jusqu’à ce que MITS leur fournisse un accès au PDP-10 d’Albuquerque.
« Il existe une alternative viable au problème soulevé par Bill Gates dans sa lettre vindicative contre les « computer hobbyists » : si un logiciel est gratuit ou si bon marché que l’acheter est bien plus facile que de le dupliquer, alors ce n’est pas du vol. » »
— Jim Warren, juillet 1976
En juillet 1976, Jim Warren (en), membre du Homebrew Computer Club et rédacteur du Dr. Dobb's Journal (en), rapporte le succès du projet Tiny BASIC (en) sur la newsletter de programmation de l’Association for Computing Machinery. Le but du projet, initié en 1975, est de créer un interpréteur BASIC pour les ordinateurs utilisant des microprocesseurs. La lettre de Gates motive de nombreux hobbiysts à travers le pays et le monde à participer au projet : en peu de temps, les interpréteurs Intel 8080, Motorola 6800 et MOS Technology 6502 sont prêts. Leur code-source est publié et la licence vendue 5$ ou 10$.
Microsoft avait commencé à développer un interpréteur APL, un langage alors populaire parmi les hobbyists. APL utilise des caractères issus de l’alphabet grec comme instruction ; mais la plupart des terminaux de l’époque ne pouvaient afficher ces caractères. Paul Allen abandonne le projet faute de marché.