Antiphon, en grec ancien Ἀντιφῶν / Antiphôn (Rhamnos, Attique v.-480–Athènes -410), est l'un des dix grands orateurs attiques.
La question de savoir si Antiphon de Rhamnonte (de l'oligarchie des Quatre-Cents) et Antiphon d'Athènes sont un seul et même personnage historique, d'une part, et si les textes de l'orateur (selon la tradition initiée par Caecilius de Calé Acté), du politique, du logographe, du rhéteur (auteur des Tétralogies) et du sophiste (auteur des fragments sur papyrus de De la concorde et De la vérité), d'autre part, sont du même ou de plusieurs auteurs fait l'objet de débats toujours d'actualité.
Enfin d'autres Antiphon ont été connus en Grèce antique, comme le poète tragique auquel Aristote fait référence dans La Rhétorique (VI, 27).
Né dans le dème attique de Rhamnos, Antiphon est le fils de Sophilus, un aristocrate athénien et sophiste. Son grand-père est un fervent soutien des Pisistratides. Antiphon apprend l'art oratoire de son père et entame une carrière de logographe et de sophiste, enseignant à son tour la rhétorique.
Après avoir été le maître de Thucydide, qui le défend ensuite avec chaleur dans ses écrits, il s'engage en politique sur la fin de sa vie : il participe à la révolution oligarchique des Quatre-Cents en -411. À la chute du régime, en -410, il est jugé pour trahison, et malgré un discours passionné de défense, dont Thucydide dit qu'il est « le plus parfait qu'on ait jamais entendu dans une affaire capitale », il est condamné à boire la ciguë cette même année.
Les sources principales concernant Antiphon sont, outre ses propres discours, Thucydide (VIII, 68) et le pseudo-Plutarque, dans la Vie des dix orateurs.
Pour des commentateurs contemporains, Antiphon le sophiste est distinct d'Antiphon le logographe. Cependant plusieurs spécialistes argumentent, aussi d'après des découvertes papyrologiques récentes, que le sophiste et l'orateur ne font qu'un.
Antiphon était aussi un bon mathématicien. Antiphon, aux côtés de son compagnon Bryson, a été le premier à donner une borne inférieure et supérieure de pi grâce au calcul de l'aire de polygones inscrits et circonsrits au cercle. Il a essayé d'appliquer cette méthode pour résoudre la quadrature du cercle, problème dont on a depuis démontré qu'il n'avait pas de solution.
Si la tradition attribue 60 discours à Antiphon, nous n'en conservons que six en entier, ainsi que des fragments de vingt autres. Le premier discours que nous ayons remonte à 430 av. J.-C.
La tradition fait de lui le fondateur de l'éloquence judiciaire, l'un des trois types d'éloquence grecque — il est d'ailleurs le premier orateur dont les discours aient été publiés. C'est un logographe, trois des discours que nous conservons concernent des affaires d'homicide. Il est également l'auteur des Tétralogies, des exercices rhétoriques mettant en regard deux discours (le premier et le second exigés par la procédure athénienne) de l'accusation et deux discours (idem) de la défense, également pour des affaires d'homicide.
Antiphon enseigne, et démontre dans ses œuvres, des procédés techniques pour faire un bon discours. D'abord, il préconise une disposition en cinq parties, puis il donne une liste d'arguments-type, les τόποι / topoi utilisables dans toutes les plaidoiries. C'est également lui qui, selon la tradition, introduit la technique du vraisemblable, éliminant tour à tour les hypothèses invraisemblables pour prouver l'innocence ou la culpabilité de l'accusé.