Mais c'est surtout à partir des années soixante que des investigations systématiques ont été conduites, à l’initiative de la Société Philomatique Vosgienne, d’abord par une équipe d'amateurs au sein de laquelle a émergé l'assiduité de Georges Tronquart, professeur de lettres classiques au lycée Jules-Ferry de Saint-Dié-des-Vosges. Georges Trimouille, son président, également féru d'archéologie, a favorisé la poursuite des travaux. Le bibliothécaire Albert Ronsin, longtemps responsable du musée de la Société, a suivi les fouilles avec enthousiasme.
Le bibliophile a endossé au cours de voyages professionnels l'habit de représentant des fouilleurs et la charge de conférencier faisant part des découvertes et de l'avancée des travaux. Devenu conservateur d'un nouveau Musée municipal en 1977, il a englobé les collections apportées par la fouille philomate dans la nouvelle section archéologique. Devenu président de l'association, après la disparition subite de Georges Trimouille, Albert Ronsin a soutenu les chantiers. Malheureusement, les autorités de l'archéologie après 1986 déniaient aux bénévoles toute conduite de fouilles et de prospection. Le climat allait jusqu'au dénigrement systématique. Ainsi, les responsables de l'archéologie d'État ont déclaré vouloir interner le responsable bénévole des fouilles !
Le camp équipé d'une voie de portage et d'une cabane de chantier retourna à l'abandon. La société philomatique vosgienne a longtemps payé l'assurance de la cabane de La Bure. La tempête de 1999 le dévasta déracinant maints grands arbres, mais épargna la robuste baraque. Des fouilleurs clandestins, utilisant des poêles à frire, ont profité de la forêt dévastée. Les autorités locales ont réagi en affirmant pérenniser le site avec une instance de concertation. Le camp a été nettoyé et les visites ont repris, animée par le président de la société philomatque vosgienne en personne. Les visites bénévoles n'ont jamais été considérées par l'office de tourisme. Cet organisme n'a jamais voulu former de guide suppléant, formation gratuite selon les vœux de la société. En 2006, la société philomatique vosgienne a été déclarée persona non grata.
En 2007, une association a même touché des subventions pour y consacrer des animations auprès d'un jeune public, animations destructrices de zones jamais fouillées. Elle a laissé délibérément polluer le site par des sculptures d'inspiration celtique ou des répandages de pièces céramiques récentes enterrées délibérément pour un jeu. Mais il est aussi vrai que la direction régionale de l'archéologie, consciente de l'état de l'archéologie locale depuis 2004, est attentive à la préservation d'un des sites de hauteur parmi les mieux connus des Vosges.
La population du camp à son apogée n’est pas connue. Certains modèles l’estiment à une centaine de personnes en temps de paix, et l’élevent à plusieurs centaines en cas de menace. Les habitants permanents auraient vécu dans des maisons en bois, couvertes de toit de chaume et fermant à clé.
L’archéologue, scientifique prudent, se limite à l’activité d’un atelier de forge gallo-romain, c’est-à-dire à la famille du maître de forge, sa maison ou salla, ses dépendances agricoles ou cortis, bâtiment, four, pressoir, potager, arboretum et au-delà ses terres agricoles. La forge accueillait une clientèle habituelle ou de passage. En cas d’insécurité banale, le forgeron et ses aides n’avaient à déplacer l’équipement lourd. L’enceinte accueillait des réfugiés apeurés des collines et de la plaine voisine. Le maître de forge pouvait les équiper en outils, restaurer leurs armes et les rassurer.
En tout cas, une intense activité métallurgique est attestée par divers outils : couteaux, marteaux, gouges, pinces, haches, burins, et même deux enclumes parmi les plus lourdes du monde antique (11 et 23,5 kg) qui semblent avoir été cachés ou dérobés, puis oubliés, ainsi qu’une série de clous parfois incroyablement préservés entre les racines des arbres malgré l’acidité du sol.
La variété des objets retrouvées, vaisselle, faisselles, fusaïoles en céramique, des jeux et des pièces en bronze, des clarines pour les bêtes, des monnaies et de rares bijoux en or et en argent, et la représentation des personnages sur les stèles nous laissent imaginer un quotidien rustique, non dépourvu d’un certain raffinement. Les céramiques sont toutefois grossières et banales : l'inventaire récent des échantillons terreux opaques qui ont sali les mains des manipulateurs montrent des factures locales tout au long de la période d'occupation du site. Des paquets de fibules, non dégoupillées attestent la présence d'entrepôt temporaire d'objets métalliques. Voilà une preuve des échanges auxquels pourraient s'ajouter de dons cultuels dans des fosses sacrées, car un nombre important de monnaies soit 1 269, dont 346 gauloises contre 923 romaines, ont été mis au jour. À noter la part significative des potins leuques.