Il existerait des sanctuaires vouées à différentes divinités, selon Georges Tronquart, qui admet un véritable syncrétisme des habitants du lieu, supposé en état d'isolement ou d'éloignement de centres romanisés.
En forme d'équerre (7), l'un de ces bassins cultuels serait consacré, selon Georges Tronquart, à Taranis/Jupiter, le dieu du ciel. Il peut constituer aussi une réserve d'eau, permettant en outre de laver le minerai. Les archéologues aujourd'hui sceptiques devant ces charmeuses interprétations considèrent ces formes rectangulaires comme provenant de l'extraction de la pierre, à partir de technique romaine privilégiant les formes en équerre. Les trous aujourd'hui inondés n'auraient eu aucune fonction de divination, mais aurait pu constituer de simples caves profondes sous une habitation haute !
Deux cavaliers à l'anguipède en grès rose (IIIe siècle), dont une tête remarquable par la finesse de ses traits, ont été retrouvés à proximité, aux côtés de vestiges de monnaies gauloises et étalons en plomb d'époque romaine. Les archéologues du service de la DRAC ont judicieusement proposé une grande statue balise orientant la voie des Saulniers au nord. Les sculptures auraient ainsi trônés sur un socle de colonne, quelques menus restes pierreux pourraient être des débris des colonnes effondrés.
L'autre bassin (8), celui dédié selon Georges Tronquart aux Déesses-mères/Dianes, est rectangulaire (6,60 m sur 5,10 m). Il est creusé dans la roche jusqu'à 65 cm de profondeur et entouré de deux marches. Un fragment de stèle votive portant l'inscription « Dianis » a été découvert près du bassin : une trouvaille assez rare, car le pluriel de la déesse Diane n'apparaît quasi-jamais durant l'Antiquité. Les meilleurs spécialistes de la période moderne identifient le terme dianis à des réunions de femmes sur les roches de hauteur, encore communes au milieu du seizième siècle. Les femmes se réunissaient, partageaient le savoir de sage-femme et célébraient cette assemblée par des pratiques protectrices de magie blanche. L'église et l'autorité locale, méfiante vis à vis de ces anciennes pratiques assimilées à de la magie noire, ont interdit ces rituels et exorcisé de tel lieu en utilisant ce terme dianis qui signifie sorcières !
L'hypothèse d'une cave accessible sous une structure construite tient également. Dans cet autre modèle moins religieux, qui considère la montagne vosgienne au cœur d'une romanité gauloise tardive avant la vigoureuse, mais éphémère restauration au second empire, on remarque que les bâtiments aujourd'hui enlevés au site par des générations de paysans sont bâtis sur une ancienne carrière. Les fermes des Trois Villes ou d'Hurbache contiennent dans leurs murs sans doute de la pierre de la Bure, qui a pu être incorporée dans un rempart et reprise dans une structure d'habitation dans le camp ou inversement, avant d'être enlevée au site.
Témoignant du vieux monde gaulois et de la civilisation romaine, le castellum de la Bure n'a pas encore livré tous ses secrets. Des zones d'ombre subsistent, et les jeunes amateurs d'archéologie auront à prendre la relève des amateurs bénévoles de la Société Philomatique Vosgienne. Contrairement à des critiques acerbes, ces derniers n'ont pas démérité, ils ont bien souvent accompli une œuvre de longue haleine avec des moyens ridicules et l'aide généreuse et inopinée de personnes dévouées, souvent les plus humbles.