Site de hauteur installé sur un promontoire en grès, le camp celtique de la Bure, appelé « camp des Romains » par les populations paysannes d'autrefois, est un lieu d'observation remarquable des environs ou un point éminemment visible s'il est dénudé de couverture végétale. Il dominait la via salinatorum, ou voie des Saulniers, qui passait au nord en ligne droite d'Étival à Saales. Une statue d'un Jupiter à l'anguipède, sur un socle monumental, pouvait constituer une balise symbolique ou un phare allumé pour orienter le voyageur.
Le plateau aujourd'hui forestier est partagé entre la commune de Saint-Dié-des-Vosges et celle d'Hurbache. Les fouilles attestent l'habitation de ce site fortifié, occupé avant l’Antiquité jusqu'à l'aube de l'époque mérovingienne signalée par des traces de labour, entouré d'une muraille et en particulier sur sa face orientale d'un splendide murus gallicus. La découverte des deux plus grosses enclumes connues à l'époque en Europe et de nombreuses scories de forge attestent la présence d'une civilisation raffinée du fer au milieu du cadre verdoyant de la vallée de la Meurthe. Aussi des aficionados n'ont pas manqué d'imaginer le modeste castellum gallo-romain en une belle et prospère « cité des Leuques ».
De belles stèles ainsi qu'une sélection parmi la multitude d'objets exhumés pendant plus de vingt années de fouilles archéologiques, menées par les équipes de la section archéologique de la Société Philomatique Vosgienne, sont exposées dans la salle Georges et Marcelle Tronquart au musée de Saint-Dié. On peut y découvrir une maquette de l’ensemble du site.
Le camp celtique fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques depuis le 6 août 1982. le périmètre des versants et abords nord-est, aux lieuxdits Tête du Villé et Rein de Champ Cote, fait l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques depuis le 5 avril 1993.
Le camp se situe au nord-ouest de Saint-Dié-des-Vosges, à 8 km environ du centre. Si plusieurs parcours permettent d’y accéder, l’automobiliste choisit souvent la route forestière qui mène d’abord au col de la Crenée. De là, un sentier au départ abrupt, puis épousant une ligne de crête plus facile, conduit le promeneur-amateur d'archéologie jusqu’au bout du plateau en une vingtaine de minutes.
Entouré de rebords plus ou moins escarpés, le petit plateau aux formes molles s’étend sur 350 mètres de long et 120 mètres de large, à une altitude maximale de 583 m. Devant un panorama d’une telle ampleur, une table d’orientation en fonte érigée en 1992 facilite la mise en perspective de la vallée de la Meurthe, ainsi que l’identification des villages et sommets uniquement à l'occident.
Ces vestiges n'étaient pas inconnus des populations locales qui se réfugiaient autrefois en périodes d'insécurité dans ce lieu forestier. Elles pouvaient amasser leurs biens, observer de nouveaux arrivants, sécuriser les passes étroites et se défendre au besoin. Même si, sur le plateau, il n'y a jamais eu d'eau, les bûcherons continuaient de le nommer le camp des Romains. Des prospections judicieuses avaient été menées au XIXe siècle par Edouard Ferry (parent de Jules Ferry) qui voulaient prouver une antériorité - aujourd'hui évidente - d'occupation humaine avant la formation des grands bans, il était accompagné de Gaston Save, artiste dessinateur à la faconde créativité et l'imagination fertile. Le patient et prudent archéologue-amateur Paul Evrat, fils du maire de Saint-Dié, a aussi prospecté le site repéré déjà parmi la dizaine de sites de hauteurs remarquables du secteur au cours des années trente. Cette densité extraordinaire ne lui avait pas échappé !