Les pointes de flèche, grattoirs, lames et burins aujourd’hui déposés au Musée constituent autant d'indices d’une vie humaine éparse sur cet éperon rocheux dès la fin du néolithique. En revanche, on ne trouve aucune trace de l’âge du bronze.
Il est hautement probable que le plateau ait servi de vaste carrière de taille. La forme général du plateau sécurisé provient d'un tel labeur de découpe rectangulaire, après avoir décapé la terre végétale. C'est avec ces pierres taillées que les bâtiments ont pu être appareillés à l'époque gallo-romaine, à l’aube du Ier millénaire. Les objets inhérents à cet habitat ont laissé une foule d'indices probants de présence continue.
On connaît au moins trois élaborations de remparts successifs. Le plus anciens est un murus gallicus gaulois. L'ensemble du rempart dont une partie était une palissade en bois a été ensuite agrandi et surélevé. Enfin, il a été déplacé et renforcé en de nombreux points en catastrophe avec des pierres de remblais provenant de stèles de sépulture. Les inscriptions ou postures révélatrices des stèles ainsi préservées du pillage, réalisées pendant cette deuxième période ou période gallo-romaine, dévoilent une population partiellement romanisée superficiellement. Les noms, telle Contessa, encore connu au dix-huitième siècle sont du gaulois romanisé et la langue gauloise, dont les derniers étymons sont repérés par les linguistes jusqu'au IXe siècle, semblent porter la culture des forgerons du lieu.
En dehors de la carrière, un intense travail de forge, signalé par d'abondantes scories, y a été réalisé. C’est ainsi qu’au IIe siècle, à la fin du règne de Marc-Aurèle, des enclumes massives et des outils précieux auraient été dissimulés à proximité du camp.
L'interprétation des fouilles est très délicate car le sol acide et lessivé ne permet aucune interprétation stratigraphique. Il n'empêche qu'une masse cumulée de petit objets métalliques, en cuivre, en bronze ou en fer, a été retrouvée. Parmi ces objets, des fibules non dégoupillées attestent un probable dépôt d'objets marchands fabriqués ailleurs, des clous de charpentiers de toute forme attestent au moins la réparation d'ouvrages en bois, de chariots et la construction de modestes baraques ou structures en bois. L'analyse des monnaies retrouvées permet de dater l'époque de l'activité optimale du camp gallo-romain.
Georges Tronquart a postulé que l'arrivée subite des Alamans au milieu du IVe siècle a mis fin à la vie du camp. Mais sa fonction de refuge en cas d'aléas n'a jamais cessé ! La découverte d’un soc et de nombreuses rainures de charrue rappellent la présence de champs encore très proches au XIXe siècle. Seul le dôme de la Bure formait un chapeau forestier.
Les fouilles menées jusqu’ici n’ont pas permis d’établir une présence humaine suffisamment dense et permanente sur le site entre le Ve et le XVIIIe siècle, époque où on y érigea une croix. Un épieu de chasse et des éléments de haches ont été retrouvés, ainsi que des restes de harnachements mérovingiens. Le pillage en période de paix des pierres les plus aisées à manipuler ou bien taillées s'est poursuivi. Les paysans des Trois Villes y avaient coutume d'aller chercher en forêt leurs pierres de construction. Le camp de Romains constituait une solution de facilité.
Par contre, ce qui avait été pris à tort pour un Viereckenschanzen ou petit temple à la fin des dernières fouilles en 1986 trouve une signification dans les événements de 1914-1918. Il s'agit, après observation, d'une installation de l'ancêtre d'un mortier français.