Il est périlleux de trancher cette querelle vis-à-vis de ceux qui pensent que les différents bâtons de marche ne sont pas des cannes et vice versa. La canne est historiquement un bâton que l'on a dénommé canne en effet tardivement (seconde moitié du Moyen Âge). Est-ce à dire que la canne ne serait qu'une variété de bâton, voire une divergence devant être distinguée à part ?
En toutes hypothèses, bien que des bâtons soient aussi commercialisés par les marchands de cannes, trois arguments sont avancés pour contester l'assimilation du bâton à la canne, quant à leur usage, à leur structure et leur forme respectifs.
Toutefois, l'argument silhouette, ci-dessus évoqué, met l'accent sur l'image sportive et terrienne à laquelle renvoie la randonnée, fort éloignée de l'image la plus commune de la canne contemporaine, avec une crosse recourbée, auxiliaire urbain de la vieillesse. Ceci, additionné de la dimension nature déjà évoquée, semble expliquer que la canne retrouve son appellation originelle de « bâton » dans ce cas (bien que l'on parlait jadis aussi de bâton de vieillesse et que l'on parle tout autant aujourd'hui de canne de randonnée). À cela s'ajoute parfois une dimension traditionnelle et symbolique. Par exemple, on reçoit la makhila, qualifiée aussi de bâton de marche, comme on reçoit un bâton de vie, avec une certaine solennité. Là encore la comparaison avec l'image habituelle de la canne semblerait vulgaire.
Tout ne serait donc finalement qu'une question d'image et d'identité, voire de tradition, en notant que cela se dissout parfois en pratique : par exemple, on parle plutôt du « bâton » de berger pour qualifier cet objet champêtre utilitaire, mais si l'on doit le distinguer de son homonyme qui est un saucisson, il sera naturel de qualifier le premier de canne et le second d'aliment (ou de charcuterie). On ajoutera que la dénomination des cannes est aussi une question d'époque et d'inspiration. À l'âge d'or de la canne on disait du dandy qu'il se promenait la badine (ou la baguette) à la main. Le bâton était réservé aux rustres.
Ainsi la canne serait un terme générique qui ne préjudicie en rien à ses usages et dénominations spécifiques, chacun avec ses caractéristiques et ses traditions propres, liées à une origine commune qui se perd parfois dans la nuit des temps : au tout début, sans doute une branche tombée de l'arbre qui une fois dépouillée fit un bâton qui servit à l'homme à se défendre, à s'appuyer, sans doute à fouiller, et à bien d'autres usages encore, que l'on peut se plaire, ou non, à distinguer aujourd'hui dans des utilisations et des dénominations entremêlées.