Canne (marche) - Définition

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Canne ou bâton ?

Il est périlleux de trancher cette querelle vis-à-vis de ceux qui pensent que les différents bâtons de marche ne sont pas des cannes et vice versa. La canne est historiquement un bâton que l'on a dénommé canne en effet tardivement (seconde moitié du Moyen Âge). Est-ce à dire que la canne ne serait qu'une variété de bâton, voire une divergence devant être distinguée à part ?

Discussion de trois arguments contre l'assimilation bâton/canne

En toutes hypothèses, bien que des bâtons soient aussi commercialisés par les marchands de cannes, trois arguments sont avancés pour contester l'assimilation du bâton à la canne, quant à leur usage, à leur structure et leur forme respectifs.

  • On objecte d'abord que la canne est réservée à la marche et au soutien. Pourtant, auparavant, comme par la suite, la canne a toujours eu de multiples usages (défensif, utilitaire, de soutien, et symbolique), de sorte qu'il semble erroné de cantonner respectivement la canne et le bâton dans un champ particulier et de les distinguer de ce point de vue. D'ailleurs, le sport dénommé « canne de combat » ne vise ni le soutien, ni la marche et les cannes de prestige ne servent presque jamais à la marche. À l'inverse, un bâton de randonnée sert bien à la marche et même au soutien (par exemple lors d'un franchissement), ainsi qu'à l'impulsion, comme une canne classique, mais dans des circonstances de terrain différentes. C'est l'intensité et la proportion de chaque fonction qui diffère. Ceci accentue effectivement certaines particularités que l'on retrouve peu ou pas sur les cannes ordinaires. Mais les différences sont aussi flagrantes entre une canne classique, une canne de prestige, une canne médicale et une canne à système. Cependant, le mot « bâton » sonne bien à l'air du temps, celui du retour à la nature, colle parfaitement avec son usage non urbain et semble renouer avec ses lointaines origines. Un concept de canne « verte » en somme.
  • On a avancé que la canne était essentiellement ouvragée et constituée de plusieurs morceaux distincts (dont la crosse) au contraire du bâton qui, en outre, n'aurait pas de poignée. On pourrait objecter dans ce cas qu'il s'agit bien d'une canne mais réduite à son bâton. Mais de nos jours, une canne à crosse d'un seul tenant peut aussi être nommée bâton pour souligner sa rusticité, tandis que les bâtons de randonnée ou de marche actuels sont à la fois sophistiqués, usinés et assemblés de plusieurs parties, dont une poignée généralement en caoutchouc.
  • Enfin, un dernier argument consiste à souligner que le bâton aurait certes une poignée mais faisant corps avec lui. C'est ici la silhouette de l'objet qui est en cause. C'est même ce qui justifie que de rares négociants distinguent les cannes de randonnée, des bâtons de randonnée, quand bien même ils ont strictement les mêmes usages et qualités ! Pourtant les cannes à pommeau et certaines cannes blanches sont aussi profilées comme des bâtons et nombre de bâtons de marche modernes ont une poignée derby, comme une canne classique.
Sans doute plus une question d'image qu'une réelle distinction

Toutefois, l'argument silhouette, ci-dessus évoqué, met l'accent sur l'image sportive et terrienne à laquelle renvoie la randonnée, fort éloignée de l'image la plus commune de la canne contemporaine, avec une crosse recourbée, auxiliaire urbain de la vieillesse. Ceci, additionné de la dimension nature déjà évoquée, semble expliquer que la canne retrouve son appellation originelle de « bâton » dans ce cas (bien que l'on parlait jadis aussi de bâton de vieillesse et que l'on parle tout autant aujourd'hui de canne de randonnée). À cela s'ajoute parfois une dimension traditionnelle et symbolique. Par exemple, on reçoit la makhila, qualifiée aussi de bâton de marche, comme on reçoit un bâton de vie, avec une certaine solennité. Là encore la comparaison avec l'image habituelle de la canne semblerait vulgaire.

Tout ne serait donc finalement qu'une question d'image et d'identité, voire de tradition, en notant que cela se dissout parfois en pratique : par exemple, on parle plutôt du « bâton » de berger pour qualifier cet objet champêtre utilitaire, mais si l'on doit le distinguer de son homonyme qui est un saucisson, il sera naturel de qualifier le premier de canne et le second d'aliment (ou de charcuterie). On ajoutera que la dénomination des cannes est aussi une question d'époque et d'inspiration. À l'âge d'or de la canne on disait du dandy qu'il se promenait la badine (ou la baguette) à la main. Le bâton était réservé aux rustres.

Ainsi la canne serait un terme générique qui ne préjudicie en rien à ses usages et dénominations spécifiques, chacun avec ses caractéristiques et ses traditions propres, liées à une origine commune qui se perd parfois dans la nuit des temps : au tout début, sans doute une branche tombée de l'arbre qui une fois dépouillée fit un bâton qui servit à l'homme à se défendre, à s'appuyer, sans doute à fouiller, et à bien d'autres usages encore, que l'on peut se plaire, ou non, à distinguer aujourd'hui dans des utilisations et des dénominations entremêlées.

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