Château des Vaux | |||
---|---|---|---|
| |||
| |||
Période ou style | Louis XV | ||
Propriétaire initial | Charles de Roussin | ||
Propriétaire actuel | Fondation d'Auteuil | ||
| |||
Latitude Longitude | |||
Pays | France | ||
Région historique | Perche | ||
Région | Centre | ||
Département | Eure-et-Loir (28) | ||
Commune française | Saint-Maurice-Saint-Germain Pontgouin | ||
| |||
modifier |
Le château des Vaux est un château implanté sur les communes de Saint-Maurice-Saint-Germain et de Pontgouin, en Eure-et-Loir.
Il a appartenu aux marquis d'Aligre. Depuis le mois d'octobre 1946, il accueille les Orphelins Apprentis d'Auteuil.
Au XVIIe siècle, le château des Vaux appartenait à Charles de Roussin. Ses proportions, beaucoup plus modestes qu'aujourd'hui, se réduisaient à un seul corps de bâtiment. Une dizaine d'années avant la Révolution il fut achevé par un certain Desvaux, dans le but d'en faire une ferme. Mais faute de moyens financiers, celui-ci ne put le garder et le vendit à un dénommé Louis Dussieux, peu avant 1789. Après la mort de ce dernier, ses enfants le vendirent au marquis Étienne d'Aligre, seigneur de Boislandry, en 1804.
Le septième marquis de Pomereu d'Aligre, propriétaire des lieux en entreprit l'agrandissement , vers le milieu du XIXe siècle. Presque rien ne fut conservé du bâtiment primitif qui fut considérablement agrandi. Deux ailes vinrent s'y adjoindre ainsi que de vaste communs. Le cours de l' Eure fut détourné, les vues du parc furent dégagées, de magnifiques jardins à la Française furent dessinés, les appartement de réception furent décorés ainsi que la chapelle.
Le château des Vaux devient alors le rendez-vous de grandes chasses à courre dans la région très giboyeuse du Perche. Le cerf érigé face à la cour d'honneur célébra le millième cerf tué dans le domaine. Le château vivait alors au rythme des chasses, qui se terminaient dans la grande salle à manger éclairée de lustres formés de cors de chasse. Tout, dans les trumeaux, les frises décoratives, la porcelaine de Sèvres, évoquait la chasse. Le marquis d'Aligre mourut en 1889 sans aucune descendance. Sa veuve conserva le domaine jusqu'en 1926. Les fermes furent dispersées au hasard des enchères et le château et son parc furent achetés par une société hôtelière. Toutes sortes de bruits circulèrent alors, on parla même d'y implanter un Casino, avec une gare de la Ligne Paris - Brest à proximité. À la mort du propriétaire, la société hôtelière fut obligée de vendre le château des Vaux à un Lillois qui conserva jusqu'en 1934 l'ensemble du mobilier, il y resta longtemps à n'occuper qu'une petite partie.
La famille d'Aligre descendait d'un tanneur chartrain, nommé Haligre. Un des descendants, ayant obtenu du Roi la gestion du magasin à sel, commença la fortune de la famille.
En 1587, un Étienne Haligre était président du Présidial de Chartres et intendant de Charles de Bourbon, Comte de Soissons, qui professait pour lui une estime particulière, puisqu'il le nomma tuteur honoraire de son fils. Henri IV le désigna pour la présidence du Parlement de Bretagne, mais Louis XIII l'appela au Conseil d'État avant qu'il n'eut pris possession de ce poste. Peu de temps après, une des fréquentes révolutions ministérielles de cette époque lui donnait les sceaux (janvier 1624) enlevés au vieux Chancelier de Sillery. Celui-ci étant mort dans le courant de cette même année 1624, Étienne Haligre fut nommé chancelier. Pour récompenser son chancelier de tous ses services, le Roi l'anoblit. Désormais, le nom s'écrivit Aligre. Il prit pour blason: En chef, trois soleils d'or sur champ d'azur, burelé de cinq bandes d'or et d'azur, et pour devise: Non uno gens splendida sole (Ma famille ne brille pas d'un seul éclat).
Il ne resta pas longtemps au pouvoir. Il fut disgracié deux ans plus tard par l'arrivée de Richelieu et exilé dans sa terre de la Rivière du Perche, où il mourut en 1635, à l'âge de 76 ans. Le motif de cette disgrâce fut, disent les mémorialistes du temps, l'emprisonnement du Maréchal d'Ornano, gouverneur du Duc Gaston d'Orléans, et la timidité dont le chancelier fit preuve en cette occasion, n'osant pas dire la vérité au duc qui lui demandait qui avait conseillé l'arrestation. Il prétendit, en effet, qu'il ne se trouvait pas au conseil à ce moment-là. Richelieu prit prétexte de cette pusillanimité du chancelier pour l'éloigner.
Le Étienne II d'Aligre, deuxième Marquis d'Aligre, naquit à Chartres, le 31 juillet 1592 et mourut à Versailles le 25 octobre 1677. Sa carrière fut encore plus brillante que celle de son père et il n'éprouva pas les mêmes revers. D'abord intendant en Languedoc et en Normandie, il fut nommé ambassadeur à Venise, puis Directeur des Finances, doyen des conseillers d'Etat et finalement garde des sceaux en 1672. Deux ans après, il y joignait encore la dignité de Chancelier de France et en jouissait jusqu'à sa mort.
Le troisième Marquis d'Aligre naquit en 1617 et mourut le 12 août 1654, il était capitaine du Régiment de Normandie en 1643.Il assista au siège de Rosas (1645), à la prise de Porte-Longone (1646), au siège de Crémone (1647), à la prise de l'île de Procida (1648). Pendant les années 1649 et 1650, il resta en Italie où les armées françaises gardaient la défensive. Il fut nommé "mestre de camp"" le 7 juillet 1650. A la suite d'une victoire remportée en octobre, il fut créé maréchal de camp, le 18 novembre 1650. En 1651, il prit part à la défense de Barcelone. Nommé le 12 septembre 1651 commandant de la cavalerie de l'Armée d'Italie, il y resta jusqu'à sa mort.
Son frère, François, né le 24 décembre 1620, mourut le 21 janvier 1712. Il fut chanoine de l'ordre de Saint-Augustin le 27 décembre 1636; il reçut, le 12 février 1643, l' abbaye de Saint-Jacques de Provins que lui céda son frère Michel. En 1668, il fut promu à l'évêché d'Avranches, mais il crut devir refuser cette haute position. Lorsque qu'Étienne d'Aligre eut été nommé Garde des sceaux en 1672, il quitta son abbaye et vint mettre au service de son père ses réels talents. Il l'assista jusqu'en 1677 et retourna à Provins où il mourut.
Le quatrième Marquis d'Aligre n'a pas fait parler de lui.
Étienne François d'Aligre, cinquième Marquis d'Aligre, naquit à Paris 17 juillet 1727 et mourut à Brunswick en 1789. En 1768, il était simple président à mortier et n'avait encore attiré en rien l'attention de ses contemporains, lorsque Laverdy le proposa au Roi pour la place de premier président du Parlement de Paris, le Roi fut très étonné du choix d'un homme si jeune pour une fonction si importante. Il la lui donna cependant. D'Aligre la conserva jusqu'en 1788 et eut plusieurs fois l'occasion de se montrer magistrat intègre et ferme. Il ne craignit pas, en effet, de censurer les mesures et les impôts arbitraires du gouvernement. Il fit notamment une vive opposition à Necker et s'efforça d'empêcher la convocation des Etats-Généraux, ne croyant pas ses conseils écoutés du Roi, il donna sa démission. L'ancien président faillit périr le 14 juillet 1789, jour de la prise de la Bastille, en même temps que Berthier et Foulon. Il se hâta de rassembler une partie de son immense fortune et se retira d'abord à Bruxelles, puis en Angleterre et enfin à Brunswick. Il ne s'occupait plus, alors que de spéculations financières qui firent de lui un des hommes les plus riches de l'époque.
Étienne Jean François d'Aligre, sixième Marquis d'Aligre, naquit à Paris le 21 février 1770 et mourut le 11 mai 1847. Chambellan de P. Bonaparte, il n'en fut pas moins nommé Pair de France par Louis XVIII, le 17 août 1815. Ce fut lui qui acheta le Château des Vaux, en 1804, aux enfants Dussieux et le fit remettre en état. Sa fortune était immense: il possédait 21000 hectares de terre, jusque dans le Bordelais. Il ne laissa qu'une fille de son premier mariage, avec Mademoiselle Marie de Godefroy de Senneville. Pour que le nom d'Aligre ne s'éteignit pas, une ordonnance du 21 décembre 1825 décida qu'il serait transmis au fils né du mariage de la fille du Marquis d'Aligre avec le Marquis de Pommereu.
C'est le septième Marquis d'Aligre qui, voulant faire de son château le plus beau de la région, fit d'abord agrandir la partie centrale, puis fit construire les deux ailes et les dépendances. Pour y arrive, on dut détourner le cours de l'Eure.
Ce septième Marquis d'Aligre mourut en 1889 sans aucune descendance. La Marquise demeura quelques années au château, puis le vendit ainsi que toutes les terres.