Claude-Jean Allègre, né le 31 mars 1937 à Paris, est un géochimiste et un homme politique français. Ses travaux scientifiques et sa carrière de chercheur ont notamment été récompensés par le Prix Crafoord en 1986 et la Médaille d'or du CNRS en 1994. Il est membre de l'Académie des sciences française. Il a été ministre de l'Éducation nationale, de la Recherche et de la Technologie dans le gouvernement Lionel Jospin de 1997 à 2000.
Il a publié de nombreux ouvrages de vulgarisation scientifique et pris des positions publiques sur les thèmes de l'université française et de la recherche. Il a parfois pris le contre-pied de certaines considérations de l’écologie politique, suscitant des controverses médiatiques. Ses positions sur l'origine et l'évolution du réchauffement climatique, ainsi que sur le développement durable sont très contestées dans les milieux scientifiques. « Sorti du monde de la recherche depuis les années 1990 », son « scepticisme » n'est fondé « sur aucun travail scientifique propre » et « ses livres grands publics lui évitent de se confronter à un examen par ses pairs ».
La famille Allègre est originaire du village de Prades-le-Lez dans l'Hérault. Claude Allègre est le fils d'une institutrice et d'un professeur de sciences naturelles. À l'adolescence il se lie avec Lionel Jospin, au côté duquel il réside à la cité universitaire Jean Zay d’Antony. Il est resté depuis lors ami fidèle et soutien politique de ce dernier.
À l'issue de ses études universitaires, il obtient un doctorat en sciences physiques.
En devenant Président du BRGM en 1992, Allègre hérite de fonctions économiques du fait de l'existence de mines gérées par ce bureau.
En 1994, bien que ses pouvoirs soient limités, il laisse échoir, avec son directeur général, Jean-Pierre Hugon, le droit de préemption de la France sur les 24,7% d'actifs possédés par le BRGM dans la mine de Yanacocha au Pérou (les plus grandes réserves d'or d'Amérique du Sud). Une polémique est née en parallèle à ces pertes, révélant que Allègre se serait servi de ses fonctions économiques notamment pour se faire payer par le BRGM un train de vie élevé. Sa piètre défense dans ce dossier lui aurait valu de perdre sa fonction en 1997.
Les travaux de chercheur de Claude Allègre ont essentiellement porté sur des questions de géochimie à partir de l'étude des éléments trace et des isotopes. Ses contributions ont facilité par la suite la compréhension de la constitution de la croûte et du manteau terrestres et aussi de l'interaction entre ces deux couches de la Terre. Allègre a également conçu des modèles sophistiqués d'un certain nombre de processus géologiques comme le volcanisme, l'évolution de l'atmosphère terrestre et la formation des nébuleuses planétaires. Parallèlement à l'Américain G.J.Wasserburg, il a développé un certain nombre de techniques de datation isotopique, et notamment la méthode de datation par le système Samarium-Neodyme.
Ce sont ces recherches qui lui ont permis d'obtenir en 1986, en compagnie de Wasserburg, le prix Crafoord dans cette discipline. Claude Allègre a également reçu la médaille d'or du CNRS, la plus haute distinction scientifique française, en 1994, et la médaille Wollaston en 1987. Il est membre de l'Académie des sciences française et de la National Academy of Sciences, l'académie des sciences américaine. Il est également membre de l'IUF.
Il dirige une équipe de géochimie dans les années 1960. En 1968, l'équipe qu'il dirige, installée depuis un an dans les locaux d’une usine de Saint-Maur-des-Fossés, est rattachée à l'Institut de physique du globe de Paris (IPGP) et emménage dans le nouveau campus de Jussieu. Claude Allègre devient ensuite directeur de l'IPGP. En 1992, il succède à Maurice Allègre (aucun lien de parenté) à la présidence du Bureau de recherches géologiques et minières.
En 1976, après être devenu directeur de l'IPGP, il est amené à préconiser, lors du réveil du volcan la Soufrière en Guadeloupe, le maintien de l'évacuation d'urgence de la population décidée par le préfet par crainte d'une éruption avec nuées ardentes. Cette affaire provoqua une polémique durable avec le volcanologue Haroun Tazieff qui avait diagnostiqué une éruption phréatique. Une violente polémique opposa Haroun Tazieff à Michel Feuillard, directeur de l'observatoire volcanologique de la Guadeloupe, et à Claude Allègre, alors son supérieur à l'Institut de physique du globe de Paris. Feuillard, Allègre (et le professeur Brousse, sur place) se fondant sur des analyses alarmantes montrant de la présence de magma frais dans les laves et cendres recueillis après les éruptions du volcan, conseillaient l'évacuation de 70 000 habitants proches, tandis que Tazieff, de retour d'un déplacement en Équateur, et se fondant sur son expérience de terrain après une visite sur le site (où il faillit être tué par un jet de gaz) affirmait que le volcan n'avait pas de magma frais, et que, cette fois, il allait donc se calmer sans aucun risque de nuées ardentes. Des mots peu aimables furent échangés, mais dans le doute les pouvoirs publics préférèrent évacuer. Finalement, il s'avéra que les analyses montrant la présence de magma frais étaient erronées, et la Soufrière n'explosa pas, confirmant l'expertise de Tazieff, et se calma sans provoquer de dégâts.