Clément Adrien Vincendon-Dumoulin, né le 4 mars 1811 au chateau de Foras à Chatte (Isère) et mort le 12 mai 1858 au chateau Vincendon à Chevrières (Isère) est un ingénieur hydrographe de la Marine. Il participa à l'expédition Dumont d'Urville en Antarctique.
Originaire du Dauphiné, il entre à l’École polytechnique en 1831, il en sort 33e sur 113, ce qui lui permet de choisir le corps des ingénieurs hydrographes de la Marine où il est nommé le 6 octobre 1833.
De 1834 à 1836, les périodes de travaux en mer alternent avec les séjours à Paris ; il est à cette époque affecté au relevé régulier des côtes occidentales de France.
Au retour de l’expédition en France le 6 novembre 1840, il entreprend de réviser et de compléter les cartes dressées au cours de l’expédition. Ce travail formera un ensemble de 57 cartes, achevé en 1847, auquel il faut ajouter les dix cartes publiées dans le recueil d’illustration qui porte le titre d’Atlas pittoresque. Parallèlement, il travaille avec Dumont d’Urville et son état-major à la publication du Voyage au Pôle Sud et dans l’Océanie, tâche répartie suivant les spécialités : il s’occupe des volumes traitant de la physique et de l’hydrographie. Charles-François Beautemps-Beaupré fut le rapporteur des travaux d'hydrographie au cours de la séance du 2 novembre 1841. Il fit l'éloge des cartes dressées par son ancien élève et approuva les méthodes de levé sous voiles qu'il a perfectionnées.
Les trois premiers volumes de l’histoire du voyage, rédigés par Dumont d’Urville, viennent d'être publiés, ainsi que le premier volume d’hydrographie par Vincendon-Dumoulin, quand survient le décès accidentel de Dumont d’Urville en 1842.
Adrien Vincendon-Dumoulin sera désigné pour conduire le deuil et pour prononcer un éloge funèbre au nom de tous ses compagnons de L’Astrolabe et de la Zélée. Il a aussi la lourde charge de poursuivre à la place du disparu la publication de Voyage au Pôle Sud et dans l’Océanie. Le capitaine de vaisseau Charles Hector Jacquinot qui fut commandant de la Zélée revendique l'honneur de "la direction supérieure" de l'ouvrage mais la cheville ouvrière sera Vincendon-Dumoulin auquel on adjoint bientôt Desgraz, le secrétaire de L’Astrolabe. La contribution de ce dernier est précieuse pour déchiffrer les manuscrits laissés par Dumont d'Urville: Illisibles de nos jours, ils devaient déjà poser quelques problèmes à l'époque. La rédaction des volumes du Voyage au Pôle Sud et dans l'Océanie est terminée ainsi que le deuxième volume d'Hydrographie dont la sortie sera retardée jusqu’en 1851. La gravure des cartes de l'atlas est achevée.
En 1837, sur proposition de l'amiral Ferdinand Hamelin qui le recommande comme « un homme sage et laborieux qui nous fera du bon ouvrage », il est nommé pour embarquer comme hydrographe sur L'Astrolabe de Dumont d'Urville qui s’apprête à repartir pour la 3e fois en Nouvelle-Zélande avec deux navires, L'Astrolabe et La Zélée. C'est au cours de cette navigation de plus de 3 ans (juillet 1837 - novembre 1840) que sera découverte la Terre Adélie (Antarctique) (janvier 1840) ; il sera d’ailleurs le premier Français à l’apercevoir, hissé dans la mâture où il n’avait pas craint de monter.
Sa principale mission est alors de dresser les cartes des côtes mal connues qui seront longées par les deux navires de l'expédition.
Il s’attaquera à un problème spécifique des voyages de découverte : faire le dessin d’une côte sans qu’on y dispose de points préalablement déterminés et sans qu’on puisse y débarquer : le lever sous voiles.
Sa méthode de lever sous voiles est très clairement exposée dans le tome 1 du volume consacré à l’hydrographie dans la publication du voyage, et sera concrétisée par une cartographie aussi abondante que précise ; les constructions graphiques qu’elle propose n’ont pas été remplacées par d’autres plus ingénieuses mais la nécessité de dessiner ainsi une côte rapidement à partir de la mer ne se rencontre plus.
Dumont d'Urville lui témoignera sa satisfaction en nommant cinq îles proches de la terre Louis-Philippe les « Îles Dumoulin », puis d’autres au large de la terre Adélie (66 degrés de latitude sud).
Son professionnalisme sera également reconnu par Jules Verne qui fera dire au personnage du Capitaine Nemo dans le chapitre XX du roman Vingt mille lieues sous les mers « les excellentes cartes du détroit de Torrès levées et dressées par l’ingénieur hydrographe Vincendon-Dumoulin et l'enseigne de vaisseau Coupvent-Desbois. »