La Coupe Deutsch de la Meurthe fut une compétition internationale aéronautique de vitesse pure créée le 25 août 1909 par Henry Deutsch de la Meurthe. Elle fut remise en jeu à trois reprises à l'initiative de l'Aéro-Club de France puis de Suzanne Deutsch de la Meurthe.
Dans sa version initiale elle s’adressait à tout engin aérien automobile capable de couvrir les 190 km d’un circuit partant de la terrasse du château de Saint-Germain-en-Laye et passant par Senlis, Meaux et Melun. Si le sens importait peu, l’épreuve devait être disputée annuellement entre le 1er mars et le 31 octobre, une performance ne pouvant être homologuée que si le record précédent était battu de 10% au moins. Une prime de 20 000 francs était attribuée annuellement à la meilleure performance restée invaincue durant huit mois et la Coupe, un objet d’art d’une valeur de 10 000 francs, devait revenir définitivement au premier constructeur ayant remporté trois épreuves consécutives.
Malgré l’importance de la dotation on dut attendre six ans avant que les premiers candidats ne se manifestent. Le 27 avril 1912 Maurice Tabuteau, pilotant un monoplan Morane-Saulnier à moteur Gnôme de 50 ch couvre le circuit en 1h 47 min 48 sec malgré une brume tenace qui rend difficile l’orientation du pilote. Le 1er mai le parisien Emmanuel Hélen, sur monoplan Nieuport à moteur Gnôme de 70 ch, porte le record à 119,532 km/h. Aucun autre pilote n’améliorant cette performance de plus de 10% avant le 31 octobre 1912, Hélen devint donc le premier détenteur de la Coupe.
Le 27 octobre 1913 Eugène Gilbert se classe premier de la seconde édition, couvrant le circuit à 154,380 km/h de moyenne sur un Deperdussin Corsa à moteur Gnôme de 160 ch.
Interrompue par la Première Guerre mondiale, la compétition reprend le 13 octobre 1919 sur un parcours inchangé mais avec un règlement légèrement modifié : La compétition est ouverte toute l’année et la Coupe sera conservée définitivement par le premier participant dont le record tiendra durant huit mois consécutifs.
Quatre appareils sont engagés, un monoplan Gourdou-Leseurre à moteur Hispano-Suiza de 180 ch piloté par Rost, un biplan SPAD-Herbemont à moteur Hispano-Suiza de 300 ch piloté par Sadi-Lecointe, un biplan Nieuport à moteur Hispano-Suiza de 300 ch piloté par Bernard Barny de Romanet et un monoplan Nieuport à moteur Lr Rhône de 180 ch dessiné par l’ingénieur Mary, qui est confié à un pilote danois, Leth Jensen. Décollant le 13 octobre, Jensen couvre le circuit à 200,001 km/h de moyenne (57 minutes). Le lendemain Rost réalise une moyenne de 210 km/h et de Romanet tombe en panne. Le 15 octobre Sadi-Lecointe effectue une première boucle à 223 km/h puis une seconde à 246,900 km/h, devenant le tenant du titre. Le 21 octobre de Romanet réalise une moyenne de 268,600 km/h, insuffisante pour être homologuée puisque la progression est inférieure à 10% à la performance réalisée par Sadi-Lecointe . Le mauvais temps interrompt alors la compétition, qui ne reprit que trois mois plus tard : Le 3 janvier 1920 Sadi-Lecointe, , qui avait quitté entre temps Blériot-SPAD pour Nieuport, atteignait 266,310 km/h sur Nieuport NiD.29V. Le 3 août 1920 il devenait détenteur de la Coupe Deutsch de la Meurthe, sa performance n’ayant pas été battue.
En 1931 Suzanne Deutsch de la Meurthe relancera la Coupe, dont une nouvelle édition fut disputée pour la première fois le 29 mai 1933. L’épreuve devait se disputer en deux étapes de 1 000 km séparées par une escale de ravitaillement de 90 minutes et était réservée à des avions de moins de huit litres de cylindrée, le départ étant toujours donné à Étampes. Suzanne Deutsch de la Meurthe dotait l’épreuve d’un million de Francs, le Ministère de l'Air apportait trois millions supplémentaires.
Le 23 mai Le capitaine Ludovic Arrachart percutait à Maisons, près de Chartes, avec son Caudron C.360 (No 11 de course) alors qu’il se préparait pour la compétition. L’épreuve fut remportée par Georges Détré à 322,81 km/h avec un Potez 53 à moteur Potez 9B en étoile développant 310 ch à pleine puissance, devant Raymond Delmotte sur Caudron C.362 (No 6 de course) à 291,12 km/h et le seul concurrent étranger, Nick Comper sur le Comper Swift (239,58 km/h). Confié au pilote d’essais Lemoine, le dernier concurrent français, également sur Potez 53, avait dû abandonner.
Disputée le 27 mai, elle se résume à un duel entre pilotes de l’écurie Caudron, qui présente quatre bolides dessinés par Marcel Riffard: Maurice Arnoux l’emporte à 388,97 km/h sur C.450 devant Louis Masotte (360,72 km/h) sur C.366 et Albert Monville sur C.460 (341,04 km/h).
Ce fut probablement l'édition la plus palpitante et consacra les bolides Caudron-Renault. Huit pilotes étaient engagés mais le Nennig C3 (No 4)de Guy Bart n’était pas prêt, et le Régnier Martinet, en fait le Caudron C.366 modifié et inscrit avec le No 2 fut accidenté durant ses essais. Deux Caudron C.560 étaient également engagés (No 1 et 3) mais n'étaient pas prêts. Ils furent donc remplacés par des C.430 et C.450 avec les mêmes numéros de course.
Premier à décoller, Charles Franco (Caudron C.430 No 1) abandonna au quatrième tour. Il fut suivi des Caudron C.460 d'Yves Lacombe (No 5), de Raymond Delmotte (No 8) et Maurice Arnoux (No 6), qui abandonna au sixième tour. Le Caudron C.450 d'Albert Monville (No 3) fut le dernier à décoller. Trois appareils seulement participèrent à la seconde manche, disputée sous les averses. Raymond Delmotte l'emporta devant Yves Lacombe et Maurice Arnoux, à qui Albert Monville a cédé son appareil.