1920 ayant vu l’attribution définitive de la Coupe Gordon-Bennett, l’Aéro-Club de France décida d’organiser une nouvelle compétition pour la remplacer. Elle fut cependant baptisée Coupe Deutsch de la Meurthe, tant pour honorer la mémoire de Henry Deutsch de la Meurthe, décédé le 24 novembre 1919, qu’en raison du soutien financier apporté à l’épreuve par sa famille.
Il s’agissait à nouveau d’une épreuve de vitesse pure, mais courue à date fixe. Elle devait se disputer sur un circuit de 100 km à couvrir trois fois, le départ étant donné d’Étampes, avec virage à la ferme de la Marmogne, à Gidy. Ouverte sur trois ans, elle était internationale, un pays ne pouvant aligner que trois concurrents. Un prix de 60 000 francs devait être attribué chaque année à la meilleure performance et une coupe d’une valeur de 20 000 francs remise au dernier vainqueur.
Sept concurrents étaient inscrits pour la première édition, disputée le 1er octobre 1921, mais il ne fut pas nécessaire de procéder à des éliminatoires pour départager les cinq pilotes français inscrits : Barny de Romanet trouva la mort le 27 septembre, la voilure de son monoplan Lumière-De Monge s’étant désentoilée sous l’effet de la vitesse durant les essais préliminaires et Hanriot retira au dernier moment de la compétition un monoplan entièrement métallique à train escamotable spécialement construit pour la compétition qui devait être piloté par Rost. Nieuport alignait deux Nieuport NiD.29V, pilotés par Sadi-Lecointe et Fernand Lasne, et un Sesquiplan confié à Georges Kirsch. Un biplan Fiat à moteur Fiat de 700 ch défendait les couleurs italiennes avec le pilote Francesco Brach Papa, et le britannique Herbert James se présentait avec un Gloucestershire Bamel Mars à moteur Napier Lion de 450 ch.
Victime d’une rupture d’hélice, Sadi-Lecointe dut se poser dans un champ de betteraves à Cernonville, se blessant à un œil et aux jambes. James abandonna, victime lui aussi d’un désentoilage qui l’obligea à son tour à se poser en rase campagne. Brach Papa établit un nouveau record de vitesse italien avec 299 km/h mais son moteur explosa avant l’arrivée. Seuls deux pilotes Nieuport terminèrent donc la course, Georges Kirsch l’emportant à 282,750 km/h (Nouveau record du monde de vitesse sur 300 km) devant Fernand Lasne, crédité de 259,030 km/h.
Le parcours de 1921 étant reconduit en 1922, Nieuport-Astra aligna un Nieuport NiD.29V piloté par Lasne, et le Sesquiplan piloté par Sadi-Lecointe, Jean Casale s’aligna avec le Blériot-SPAD S.58 dérivé du chasseur S.41, Fiat et Gloucestershire alignaient les mêmes appareils et les mêmes pilotes que l’année précédente. Confié à un nouveau venu dans la compétition, le pilote d’usine Berthelin, le NiD.41 fut retiré au dernier moment, l’avion sans queue Simplex que devait piloter Georges Madon fut victime d’un accident durant ses essais et Charles Nungesser ne présenta pas.
Sur son Nieuport Sesquiplan baptisé Eugène Gilbert Sadi-Lecointe, (No 5 de course) couvrit les 100 premiers kilomètres à 325 km/h de moyenne (Nouveau record de vitesse en circuit fermé), mais une bougie quitta son cylindre et transperça le capot moteur alors qu’il effectuait son virage autour du pylône situé sur l’aérodrome. S’ensuivit un atterrissage d’urgence au cours duquel l’appareil traversa une rigole et passa sur le dos sans blesser le pilote. Le SPAD S.58 (No 3 de course) Louis Blériot de Jean Casale, victime d’une fuite de radiateur, se posa à Étampes sans terminer l’épreuve, tout comme le Fiat R.700 de Brach Papa (No 2 de course), victime d’une panne de la pompe de carburant. Le pilote italien effectua un premier parcours à 288 km/h qui ne fut pas homologué, son avion étant passé derrière les chronométreurs au départ. Fernand Lasne (No 4 de course) remporta l’épreuve, disputée le 30 septembre 1922, avec une moyenne de seulement 289,90 km/h.