En mathématiques, et plus précisément en géométrie projective, la courbe duale d'une courbe plane donnée est une courbe associée à la première par dualité. On peut la considérer de manière informelle comme l'ensemble des tangentes à la première courbe, ou plus précisément comme une courbe du plan projectif dual décrivant la position de ces tangentes.
Si C est algébrique, la courbe duale l'est aussi ; le degré de cette nouvelle courbe est appelé la classe de la courbe initiale.
Une construction explicite de la courbe duale peut se faire à l'aide de la transformation par polaires réciproques, qui transforme chaque tangente à la courbe initiale en un point de la nouvelle courbe.
Soit P un plan projectif, C une conique (non dégénérée) de ce plan, et A un point de P. On appelle polaire de A par rapport à C la droite joignant les points de contact des tangentes à cette conique passant par A. Pour les calculs et les constructions qui vont suivre, on se place dans le cas où P est un plan euclidien réel R2 prolongé par la droite de l'infini, et on choisit comme conique le cercle unité x2 + y2 = 1, de centre O et de rayon 1. Dans ce cas, la polaire de A est la droite D orthogonale à OA et passant par l'inverse de A, c'est-à-dire par le point B de la demi-droite OA tel que OA×OB = 1. Réciproquement, on dit que la droite D a pour pôle le point A. Enfin, on prolonge cette construction en prenant pour polaire de O la droite de l'infini, et pour pôle d'une droite passant par O le point à l'infini de la direction orthogonale à cette droite.
On peut alors définir très simplement la courbe duale d'une courbe régulière quelconque : c'est la réunion des pôles des tangentes à la courbe, ou, ce qui est équivalent, l'enveloppe des polaires des points de la courbe ; l'inversion étant une transformation involutive, on vérifie aisément que le dual de la courbe duale n'est autre que la courbe initiale, d'où le nom de transformation par polaires réciproques donnée à cette transformation.
En coordonnées cartésiennes, le point (a,b) a pour polaire la droite d'équation aX+bY=1, et la droite d'équation aX+bY+c=0 a pour pôle le point (-a/c, -b/c).
Si X est une courbe algébrique lisse de degré d, le dual de X est une courbe (non régulière en général) de degré d(d − 1).
Si d > 2, alors d−1 > 1 et d(d − 1) > d, et donc la courbe duale doit être singulière, sinon, le bidual aurait un degré plus grand que celui de la courbe initiale.
Si d = 2, le degré du dual est aussi 2 : le dual d'une conique est une conique.
Enfin, le dual d'une droite (une courbe de degré 1) est un point, dont le dual est la droite initiale.
Dans le cas général d'une courbe X de degré d possédant des singularités, le degré de la courbe duale est d(d − 1) − δ, où δ est le nombre de singularités de X, comptées avec multiplicité (les points doubles ordinaires, par exemple, devant être compté avec multiplicité 2 ; pour plus de détails, voir la première formule de Plücker.
On déduit des formules précédentes la représentation paramétrique de la courbe duale : si la courbe C est définie paramétriquement par , la courbe duale possède le système d'équations paramétriques
ou, en coordonnées projectives, pour une courbe donnée par , la forme plus symétrique :
Le dual d'un point d'inflexion est un point de rebroussement, et deux points ayant une tangente commune correspondent à un point double de la courbe duale.
Les équations paramétriques précédentes se généralisent aux courbes algébriques rationnelles d'un plan projectif défini sur un corps quelconque, à condition d'utiliser la dérivée formelle.