Les croix monumentales sont des croix chrétiennes isolées ou qui font partie d'un calvaire. Développées vers le XIe siècle avec l'émergence de l'art roman, elles atteignet leur apogée aux XVIe, à l'exception des croix de chemins et surtout des calvaires qui s'érigent surtout au XIXe siècle. Particulièrement à cette période, ces structures deviennent des lieux de rassemblements pour prier lors des fêtes religieuses (comme la Fête-Dieu, le mois de Marie ou le Vendredi saint) ou pour solliciter la grâce de Dieu contre les fléaux de tous genres (guerres, épidémies, incendies, sècheresses).
Selon des récits en partie légendaires, qui apparaissent à partir des années 370, soit une trentaine d'années après la mort de Constantin Ier converti au christianisme en 337, c'est sainte Hélène, la mère de l'empereur, qui aurait découvert la Croix de Jésus sur le Golgotha lors d’un pèlerinage en Palestine entrepris en 326. Constantin fit alors construire la première croix monumentale, une croix en or sur le mont Golgotha. Saint Jean Chrysostome déclare que la croix, jadis suplice infamant, est devenu le plus saint des emblèmes. Elle peut dès lors se développer dans le monde chrétien, d'abord sous forme de Croix triomphale : le Christ n'est pas sculpté dessus, la représentation de la Crucifixion offensant encore la sensibilité chrétienne.
Ce sont les moines irlandais qui, au VIIe siècle, sont les premiers à faire de la croix un vrai monument sous la forme de stèles gravées, puis de croix grecque cerclée au VIIIe siècle et de la Crucifixion au IXe siècle. On assiste à une multiplication des croix à partir de 1095, date à laquelle le Concile de Clermont établit que le droit d’asile est étendu aux croix de chemins qui ont alors un double rôle de guide et de protection.
Le vandalisme (notamment avec les guerres de religion et la Révolution), les intempéries et l’usure du temps sont responsables de la forte diminution de leur nombre actuel. De plus, malgré le grand essor de cet art au XIXe siècle, il n’est plus d’actualité puisque les derniers ateliers ont cessé leur production au début du XXe siècle. Cependant, certaines croix monumentales sont proclamées trésor national.
De formes, de tailles et de matières variées (bois, granite ; fonte, fer forgé ou en ciment depuis le XIXe siècle), elles sont constituées de :
Les croix de fer forgé, réalisées le plus souvent par le forgeron et le maréchal-ferrant du village, constituent de véritables oeuvres d'art populaire. Leur ornementation souvent très sobre agrémentée de volutes, losanges, trèfles, coeur, piques, larmes, lancettes ou fleurs de lys pouvait varier selon l'inspiration de l'artisan.
Les croix de granit sont très variées : le type le plus largement représenté en France est la croix latine simple, avec ou sans iconographie, monolithe ou portée par un socle. On trouve également des croix grecques, à extrémités fleurdelisées (dites aussi florencées). Les croix fleuronnées, avec ou sans nimbe, affectent des formes plus ou moins bourgeonnantes. Les croix pattées ont les bras des croisillons élargis aux extrémités.