Desman des Pyrénées - Définition

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Avenir et protection de l'espèce

En 1811, Étienne Geoffroy Saint-Hilaire écrivait à propos de sa découverte que cet étrange animal ne se trouvait jamais au-dessus de 1000 mètres d’altitude. Aujourd’hui, on aperçoit des desmans à plus de 2000 mètres d’altitude au niveau des lacs d'Ayous. Cette évolution alarmante nous montre que le desman se réfugie de plus en plus haut pour se préserver des différentes pollutions ; il est donc essentiel de protéger très activement ce petit animal.

L’avenir du desman, espèce emblématique des Pyrénées, tant en France que dans la péninsule ibérique, repose à l’évidence essentiellement sur la conservation et/ou la restauration de son habitat.

Les populations de desmans semblent s’être stabilisées depuis plusieurs années ; l’espèce semble en danger latent (livre rouge des espèces menacées, Beaufort, 1983).

Une campagne d’information semble s’imposer notamment auprès des pisciculteurs. Des brochures sur le desman pourront être données à chaque exploitation aquacole, de façon à ce que les professionnels de l’élevage aquatique innocentent d’eux-mêmes l’animal. Ces brochures pourront, dans certaines zones où la cohabitation homme/desman semble très tendue, inciter les pisciculteurs à protéger leur bassin avec une clôture en rondin de bois de vingt centimètres de hauteur. Cette clôture empêchera tout desman de s’approcher trop prés du bassin, l’élevage sera donc entièrement protégé. L’homme est le pire prédateur du desman. Les pisciculteurs tuent, du fait des croyances populaires, des centaines de desmans chaque année. Il doit donc s’investir dans la sauvegarde d’un animal inoffensif ;

Un autre danger, issu également de l’explosion technologique de ces dernières décennies, menace le desman : ce sont les retenues d’eau. Ces retenues, en effet, font varier le débit du cours d’eau, ce qui entraîne une modification du niveau, donc par conséquent, une modification brutale de la température. Les pollutions, par des décharges sauvages, influencent également l’écosystème aquatique.

Les variations du courant, de la profondeur, de l’acidité et de la teneur en oxygène tuent irrémédiablement les larves de trichoptères et d’éphéméroptères, qui constituent principalement l’alimentation du desman. Ce dernier est donc condamné à périr de faim.

Les retenues d’eau

La loi du 29 juin 1984 impose le maintien d’un débit minimum au niveau des retenues d’eau. Mais ce débit minimum est-il suffisant? Les scientifiques portugais, espagnols et français ne sont actuellement pas en mesure de pouvoir répondre à cette question.

Cependant, pour vérifier si les barrages et autres installations sur cours d’eau provoquent un danger réel pour le desman des Pyrénées, des analyses biotiques de l’eau ont été effectuées en amont et en aval du barrage de Bious-Artigues dans les Pyrénées occidentales, ainsi qu’en amont et en aval de la papeterie de Saint-Girons en Ariège, source très polluante du Salat.

Après l’analyse au microscope optique, on observe qu’il y a autant de microparticules essentielles à l’alimentation des trichoptères et autres larves appartenant au régime alimentaire du desman en amont qu’en aval du barrage. L’analyse de la DBO5 ne révèle aucun changement entre amont et aval du barrage. Les retenues d’eau ne présentent donc pas de danger pour l’alimentation du desman. En revanche, l'aménagement de sites industriels puisant l’eau d’une rivière, telles que des papeteries, provoque un réel bouleversement dans l’écosystème aquatique, au point même que le traitement effectué des eaux usées ne suffise plus à rétablir l’équilibre originel favorable au desman. Ces installations industrielles doivent remettre en cause l’utilisation qu’elles font de l’eau sous peine de réduire inexorablement l’aire de répartition du desman.

De plus, les changements brutaux (courant, température, acidité, teneur en oxygène) qu’exécutent les retenues peuvent lui être fatal. Une montée des eaux inonde son terrier et le noie, et une baisse flagrante l’éloigne de sa source d’alimentation : le lac. L’aménagement d’un lac artificiel diminue souvent fortement les possibilités de refuge au niveau des berges. Par exemple, en février 2001, La société de gestion du barrage avait vidé une très grande partie de la réserve d’eau du lac de Bious-Artigues, le remplaçant temporairement par un ruisseau. Or le desman des Pyrénées est présent sur les rives de ce lac (relevé de féces, nombreux témoignages...), cette perturbation majeure de son environnement a pu tuer plusieurs individus.

Il ne faut en rien perturber l'écosystème qu'intègre le desman. Cet écosystème se compose d'éléments dits « producteurs » (phytoplancton...), de « consommateurs primaires » (larves, zooplancton), de « consommateurs secondaires » (desman, loutre) et de décomposeurs. On comprend donc qu’une seule perturbation à n’importe quel endroit de ce cycle écologique menace l'espèce. La protection d’un animal tel que le desman doit commencer par un respect de son biotope.

Pour de nombreux sites, l’économie industrielle (notamment hydroélectrique) prime sur la protection de l’environnement et des espèces animales endémiques. Pourtant, quelques mesures simples pourraient protéger le desman et ainsi générer une harmonie entre industries et nature. Ainsi, plutôt que de vidanger les barrages en une seule fois, il serait plus utile de libérer, quand le besoin s’impose, de petites quantités d’eau (par exemple un dixième du contenu du lac), ce qui laisserait au desman, ainsi qu’au larves aquatiques, une période d’adaptation suffisante pour survivre.

L’enrochement des berges

Une étude publiée en 1998 dans la revue du Parc National des Pyrénées montre l’évolution des populations de desmans avant et après l’enrochement des berges du gave d'Aspe dans la vallée d'Ossau. La modification des berges de ce cours d’eau avec en l’occurrence la pratique de l’enrochement a réduit les possibilités de zones de refuges pour l’espèce. Ainsi, sur 25 endroits où les berges ont été modifiées et où historiquement le desman était présent, seuls 6 sont encore occupés en 1998.

Le desman des Pyrénées utilise pour son terrier des cavités formées par des murs effondrés, les racines d’un arbre, etc. Mais l’enrochement des berges effectué de façon artificielle réduit considérablement les possibilités de refuge. Actuellement, cette pratique d’embellissement des rivages s'avère s'imposer dans les communes pyrénéennes et étant donné l’impossibilité de stopper ces actes nuisibles au desman, il est alors proposé la répartition, sur les cours d’eau à faible accès des berges, de terriers artificiels en bois, de trente centimètres de long et d’une vingtaine de centimètres de largeur, tapissés à l’intérieur de mousse naturelle et d’une litière de feuilles mortes, le tout fait pour un respect total de l’environnement (emploi d’aucun produit industriel polluant, d’aucune peinture...). Cet abri résistant est placé dans des lieux faciles d’accès, très proche de l’eau. Il a été conçu à partir d’études de véritables terriers de desman. En effet, si l’on sait que le desman utilise des cavités déjà formées pour construire son nid, il effectue tout de même un grand nombre de modifications, telles que la diminution du diamètre de l’entrée avec des branchages, l’aménagement d’une chambre avec des feuilles mortes…

Assurer la protection du desman dans les Pyrénées et dans la péninsule ibérique permet d’assurer la conservation de l’espèce, dont la précarité a été reconnue par les scientifiques. Les réflexions menées par des équipes espagnoles, portugaises et françaises durant ces dernières années abondent dans ce sens.

N’oublions pas que chaque jour, son dernier habitat mondial se réduit. Nous devons nous-mêmes agir en individu responsable pour assurer sa protection car il ne nous a pas révélé tous ses secrets.

Il semble donc qu’un agrandissement du Parc National des Pyrénées, tant du côté espagnol que français soit nécessaire pour cela, et la réglementation protégeant les animaux en voie de disparition doit être plus stricte. La création d’une « zone sanctuaire », ultime refuge où aucun être humain ne pourra pénétrer a été proposée.

Protéger son environnement naturel, c’est assurer sa sauvegarde. Mais le desman est aussi le témoin d’une nature saine et non polluée nécessaire à l’homme et à la survie de notre planète. Il nous incite à réfléchir sur une gestion globale des eaux pyrénéennes, européennes, mondiales.

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